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En télétravail, elle est renvoyée parce que ses enfants font trop de bruit

En télétravail pendant la pandémie avec deux enfants en bas âge, cette mère américaine s'est fait virer de son travail dans la finance.
Le 2 juin, Dris Wallace, maman de deux jeunes enfants, s'est fait renvoyer car ses employeurs ne supportaient pas qu'elle doive s'occuper d'eux tout en télétravaillant.
Capture Instagram, Dris Wallace @moderncalimom
Le 2 juin, Dris Wallace, maman de deux jeunes enfants, s'est fait renvoyer car ses employeurs ne supportaient pas qu'elle doive s'occuper d'eux tout en télétravaillant.

Devoir s’occuper de ses enfants tout en assurant les réunions de travail. Nombre de parents se reconnaissent dans cette situation. Et si les entreprises doivent accommoder les adultes en garde d’enfants en télétravail, toutes ne sont pas conciliantes.

Dris Wallace, maman californienne, a été renvoyée de son poste de chargée de comptes dans la finance le mois dernier, à cause du “bruit causé par ses enfants lors des appels professionnels”. La jeune mère de Dani, 3 ans, et Dylan, 1 an, influenceuse et blogueuse, s’est confiée sur Instagram, puis dans un message plus long sur le site scarymommy.com, où elle raconte son histoire.

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| 28 days ago I finally had enough of the 𝗱𝗶𝘀𝗰𝗿𝗶𝗺𝗶𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 that my boss was giving me for him not being okay with hearing my kids in the background on calls.|😭😡😖💔 . He wanted me to figure out a way to keep the kids quiet 😣. I went to Human Resources with proof of what was going for the last 3 months and 7 days later AFTER that 𝗜 𝗴𝗼𝘁 𝗳𝗶𝗿𝗲𝗱!!!! 😭 They told me that I should be happy that the outcome to my career there could have been worse. I’m crying as I type this...😭 I was told I had a bright future. That I was doing very well in my position! 💔💔💔😭💔😭 . The last 3 months I have worked around the clock from home while watching my two toddlers😭. I have met all the deadlines they have asked me for, even the unrealistic ones. The situation that I had endured the last 3 months is beyond stressful😭. How does a company that says that they understand and will work around the schedule of parents do the complete opposite with their actions? 😭 I’m devastated. I have poured hours, tears, sweats, delayed giving my child a snack when he wanted one because my boss needed me to do something right away. And what did I get in return? 𝗙𝗜𝗥𝗘𝗗!!! 😭😭😭😭😭 😭😭😭😭😭😭😭😭😭😭😭 . They can keep the 𝗵𝘂𝘀𝗵 money they offered to not bring this up🚫🛑✋! No working mother should be discriminated against , especially during these times for not being able to keep my 𝟭 𝘆𝗲𝗮𝗿 𝗼𝗹𝗱 𝗾𝘂𝗶𝗲𝘁 for a business call 😡For not being able to turn something around in 5 minutes when my baby wants a snack😡. We are in tough times right now. This situation would have been temporary. None of my clients had issues with my kids in the background. 𝗜'𝗺 𝗴𝗼𝗶𝗻𝗴 𝘁𝗼 𝗳𝗶𝗴𝗵𝘁 𝗳𝗼𝗿 𝗲𝘃𝗲𝗿𝘆 𝗺𝗼𝗺 𝘁𝗵𝗮𝘁 𝗵𝗮𝘀 𝗴𝗼𝗻𝗲 𝘁𝗵𝗿𝗼𝘂𝗴𝗵 𝘁𝗵𝗶𝘀 ! 𝗜𝘁'𝘀 𝗻𝗼𝘁 𝗼𝗸𝗮𝘆!!!💪. IT’S NOT OKAY to have to feel that your boss is making you pick your work over your kids during these times!!!𝗜𝘁'𝘀 𝗡𝗢𝗧 𝗢𝗞𝗔𝗬!!! #justice

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Confinée chez elle depuis la mi-mars comme la majorité des Américains en raison de la pandémie de COVID-19, Dris Wallace a dû adapter ses journées de télétravail, jonglant entre la garde d’enfants et les réunions professionnelles.

Rapidement, son employeur lui impose des délais compliqués à tenir, mais la jeune femme tient bon. “Les premières semaines ont été très stressantes, avec de nombreux appels, emails et des attentes impossibles. La pression exercée par mon patron créait beaucoup de stress. Mes enfants m’interrompaient constamment, mon bébé réclamait que je l’allaite tout le temps. Ils devaient à chaque fois attendre que j’aie fini mes tâches pour que je m’occupe d’eux.”

Accusée de manque de professionnalisme

La maman se sent coupable, mais se refuse à les mettre devant la télévision toute la journée. Elle achète des fournitures comme des crayons de couleur pour qu’ils puissent s’amuser le plus possible seuls. “Mon cœur s’est brisé. Je me sentais mal car ils ne comprenaient pas que leur mère devait travailler.”

En parallèle, son patron lui fait de plus en plus de remarques vis-à-vis de ses enfants. ”Ça n’est pas professionnel d’entendre vos enfants lors des réunions avec les clients. Trouvez un moyen de les faire taire”, lui assène-t-il à plusieurs reprises. Alors même que lesdits clients ne sont pas dérangés par les bruits des bébés.

Mais Dris Wallace prend sur elle, et s’arrange pour décaler la sieste de son bébé pour recevoir les appels des clients entre 13h et 16h, en espérant qu’il ne se réveille pas au milieu des conférences. “Mais mon patron a ignoré mes demandes, et a continué de prévoir des appels pendant mon heure de dîner, quand mes deux enfants avaient faim et étaient donc impatients.”

La situation continue de s’envenimer jusqu’en mai, même si la jeune femme continue à faire de son mieux. “Je n’ai jamais travaillé aussi dur de toute ma carrière. On m’avait dit que je performais à mon poste!”

“Débrouillez-vous.”

Mais un jour, son patron l’appelle. “On ne peut plus continuer avec votre emploi du temps aménagé. On ne peut pas être professionnel avec les clients avec des enfants ou du bruit en fond. Aucun autre chargé de comptes de votre équipe n’a ces difficultés. Votre rôle, c’est d’être présente pour le client. Vous devez faire en sorte de régler le problème.”

Dris Wallace est effarée. “Vous voulez que je les enferme dans une pièce ou quelque chose dans le genre? Je ne peux pas faire ça.” La réponse du patron? “Débrouillez-vous.”

La jeune femme, en larmes au téléphone, se retrouve dans l’obligation de suivre une formation de gestion du temps de travail. À cette occasion, un autre gestionnaire l’informe qu’il sont “‘fatigués de devoir m’accommoder’, eux qui ont tous des enfants adolescents et des femmes au foyer”.

Fin mai, épuisée, Dris Wallace joint les ressources humaines et leur explique la situation dans laquelle elle se trouve. “On m’a répondu qu’il y avait toujours deux versions à chaque histoire, et qu’elle devait prendre un autre appel.”

Le lundi 2 juin, une semaine après les avoir contactés, elle a un rendez-vous téléphonique avec le service des ressources humaines. “Je pensais qu’ils avaient trouvé une solution. Au lieu de quoi on m’a dit de but en blanc que je n’étais clairement pas heureuse de la situation et que la meilleure chose à faire c’était de continuer ma route de mon côté.” La cause de ce renvoi selon eux, la baisse de revenus due au coronavirus. Or, l’entreprise a continué d’embaucher après le renvoi de la jeune femme.

Poursuivre en justice

Alors même que “la direction s’était engagée à ne virer personne pendant la pandémie, et qu’ils feraient en sorte de s’arranger avec les horaires des parents en télétravail”.

Écœurée, Dris Wallace, après avoir partagé son histoire avec ses quelque 61 000 abonnés sur Instagram, a décidé de poursuivre l’affaire en justice, “pour me battre pour toutes mamans qui ont dû subir ça”. D’autant plus que l’entreprise lui aurait proposé une certaine somme d’argent en échange de son silence.

La jeune femme a engagé une avocate, également mère, Daphne Delvaux. Sur Instagram, cette dernière a listé sept réclamations déposées contre l’ancien employeur de Dris, parmi lesquelles figurent la discrimination en fonction du sexe, les représailles contre sa dénonciation de la discrimination dont elle était victime et l’infliction intentionnelle de détresse émotionnelle.

“Durant la pandémie, j’ai reçu un nombre incalculable de messages et d’appels de la part de mères qui me demandaient de l’aide. Elles avaient des enfants à charge à la maison et leurs patrons ne voulaient pas modifier leurs horaires pour les accommoder, raconte celle qui se fait appeler “themamattorney” (comprenez la mère-avocate). Soyez rassurés de savoir que la loi est de notre côté. Justice sera rendue.”

De son côté, Dris Wallace a reçu de nombreux messages de soutien sur son post Instagram. “Je suis sûre que vous les traînerez en justice. Sachez que vous avez notre soutien!”, peut-on lire par exemple, ou encore “C’est tout à fait inacceptable. Dites-nous comment nous pouvons vous aider.”

Ce texte a été publié originalement sur le HuffPost France.

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