La pédago-à-gogo que dénonce le professeur Réjean Bergeron dans Le Devoir puis dans le Huffington Post nous démontre bien cette facilité à critiquer sans rien apporter de nouveau ou de prometteur. Démonter fallacieusement des arguments pour, en fin de compte, éviter de contribuer concrètement au débat autrement que par le c'était dont mieux avant est simpliste est pathétique. Douce nostalgie, quand tu nous tiens...
En éducation, il n'y a pas de blanc ou de noir, mais des millions de nuances de gris. Il faut faire preuve d'ouverture, de flexibilité et d'adaptation. Cela dit, les vertus du regimbement sont claires et stratégiques. En manifestant haut et fort notre désaccord envers une situation, on se donne le loisir de dire, ultimement, je vous l'avais dit lorsqu'une situation devient un échec. Le problème est que ces mêmes critiques, par leur opposition, contribuent à l'échec de cette même situation. Le regimbement c'est le langage de l'insécurité du professionnel contemporain. Et comme nous le savons, le négatif se propage bien mieux que ce qui est constructif et positif. Mais au-delà de ces critiques qui empêchent le monde de l'éducation d'avancer pour rattraper son retard et assumer un rôle de leadership social, il y est de mise de tabler sur les initiatives qui font de l'éducation québécoise un milieu en néanmoins en mouvement.
Cet article, mon dernier avant l'automne, retracera les grandes initiatives qui permettent aux enseignants de faire évoluer leur pratique professionnelle à travers une démarche réflexive. Je ne souhaite pas me lancer dans un dialogue de sourds avec les éternels détracteurs du Renouveau pédagogique, de l'intégration des TIC ou des autres initiatives éducatives; je souhaite plutôt mettre l'accent sur le positif rendant le milieu de l'éducation de plus en plus effervescent.
De belles initiatives
La Sortie de classe et le Grand tableau et Moi, je partage! sont trois initiatives de ChallengeU, une entreprise qui offre un portail pédagogique facilitant le partage d'activités pédagogiques entre les enseignants et permettant aux élèves de consulter ces mêmes activités afin de consolider leur apprentissage. La Sortie de classe diffuse une quinzaine de témoignages d'enseignants allumés et novateurs alors que le Grand Tableau, auquel j'ai le plaisir de participer, est un panel de professionnel de l'éducation qui véhicule une nouvelle vision de divers thèmes en éducation. Enfin, Moi, je partage! rassemble des enseignants de toutes les spécialités et leur permet de réseauter et partager leurs approches pédagogiques. Elle met en valeur l'importance d'éclater les silos dans lesquels les enseignants se cantonnent pour promouvoir la collaboration professionnelle.
La pédagogie 3.0 est une approche hybride des nomenclatures pédagogiques permettant de mesurer la progression des élèves à travers diverses activités mettant en valeur la saine compétition entre les élèves. J'ai rédigé un article pour l'École branchée à cet égard. Justement, à propos de l'École branchée, il s'agit d'une mine d'or foisonnante de ressources actuelles et variées en éducation. C'est un incontournable de l'éducation québécoise.
Le réseau d'apprentissage personnel
Pris dans l'urgence du milieu et soumis au dictat de l'austérité budgétaire en éducation, il devient difficile pour les enseignants de sortir de leur milieu pour assister à des conférences inspirantes ou pour participer à des colloques qui, par leur existence, redéfinissent les carrières de bons nombres d'enseignants québécois. Parmi ceux-ci, trois sont incontournables. Celui de la petite municipalité de Clair, au Nouveau-Brunswick, est tout simplement génial. Il se tient dans une petite école envahie par environ 200 professionnels de l'éducation provenant de la francophonie. Le tout, pendant un jour d'école, ce qui permet de voir les élèves et les enseignants en action. Clair est définitivement un joyau de l'innovation pédagogique. L'AQUOPS diffère de Clair par sa taille alors qu'environ 700 congressistes explorent les perspectives des ressources technologiques pour l'éducation.
C'est l'événement central de la planète technopédagogique québécoise depuis des lustres. Enfin, le Sommet du iPad est intéressant aussi malgré qu'il soit essentiellement tourné vers l'intégration de la tablette de la pomme à pédagogique. Néanmoins, les ateliers sont diversifiés et les conférences sont inspirantes. Ce n'est pas tous les jours que nous pouvons rassembler Nancy Brousseau, Jacques Cool, François Guité, Thierry Karsenti et Ron Canuel sous le même toit !
Pour les épicuriens, les Soupers pédagogiques presque parfaits permettent de joindre l'utile à l'agréable en rassemblant quelques dizaines d'éducateurs qui échangent des idées tout en partageant un bon repas. C'est l'art de joindre l'utile à l'agréable et d'élargir son réseau de contacts.
Pour ceux qui peinent à pouvoir sortir de leur école pour assister à ces conférences, le virtuel arrive à la rescousse ! Des dizaines des pages Facebook existent et permettent aux enseignants de partager leur expérience et en faisant circuler une pléthore de ressources. Parmi celles-ci, Les TIC en éducation, Éducation, Innovation en éducation, Pédagogie et cie et La Classe inversée sont des forums privilégiés pour échanger sur les nouvelles approches pédagogiques. Évidemment, Twitter est un incontournable du développement professionnel de l'enseignant. C'est l'endroit où les idées circulent librement et où les ressources se propagent à un rythme effarant. Twitter est en quelque sorte un fleuve continu d'informations pertinentes où l'enseignant peut s'abreuver au moment de son choix. Les mots-clics incontournables de l'éducation au Québec sont les suivants : #eduqc, #edqc, #eduprim, #edusec et j'en passe !
En parlant d'incontournables, je me suis joint à deux collègues pour élaborer une quinzaine de listes des éducateurs à suivre dans ce réseau social. Ces listes, publiées sur Carrefour-Éducation proposent un petit procédurier pour bien démarrer sur Twitter.
Le Manifeste pour une pédagogie renouvelée, active et contemporaine s'intègre dans ce mouvement de fond mettant en relief diverses initiatives pour moderniser l'éducation québécoise en faisant la promotion d'une pédagogie axée sur l'apprenant. D'ailleurs, il faudra bien surveiller une nouvelle initiative qui sera vraisemblablement publicisée à la rentrée scolaire prochaine. En effet, Cadre 21 sera un concept unique et prometteur dans l'éducation québécoise et probablement même dans la francophonie dans son entièreté.
De nouveaux horizons
Qu'on l'accepte ou non, à travers les rencontres que j'ai faites ces dernières années, je suis à même de constater qu'il y a un mouvement impossible à arrêter où de nouveaux enseignants réalisent les vertus d'une pédagogie contemporaine centrée sur l'élève. En parallèle les attentes des élèves et des parents évoluent. Ce mouvement finira par venir à bout des enseignants qui s'accrochent tant bien que mal à des principes souvent désuets. Ces derniers craignant d'être dépassés ou pire, remplacés par la technologie, finiront par être submergés par tous ces changements. Il est impératif qu'ils s'acclimatent, à leur rythme, pour éviter d'être décalés irrémédiablement. À défaut d'avoir peur d'être dépassé, il faut prendre les mesures pour éviter que cela ne se produise au lieu d'œuvrer inconsciemment à la réalisation de cette éventuelle catastrophe professionnelle.
Bonnes vacances estivales à tous ! Prenez ce rare moment de repos pour recharger vos piles et, ultérieurement, aiguiser et cultiver votre curiosité. Pour ce faire, voici quelques suggestions de lecture :
•David Usher, Laissez courir les éléphants
•Marc-André Girard, Le changement en milieu scolaire québécois
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