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J’ai rencontré mon mari alors que je vivais le plus gros deuil de ma vie

Le 24 février 2016, j’ai acheté - un peu sur un coup de tête - un billet d’avion aller-retour pour La Nouvelle-Orléans, la «Big Easy»; cette décision un peu banale et spontanée allait véritablement changer ma vie.
Amélie et son conjoint Dan
Amélie Hubert-Rouleau
Amélie et son conjoint Dan

Je suis débarquée à La Nouvelle-Orléans le 25 avril 2016, cinq mois après le décès subit de ma mère. Ce que je ne savais pas encore, c’est qu’à ma grande surprise, j’y rencontrerais la personne avec qui j’allais vouloir passer le reste de mes jours, mon Dan.

Ça me fait un peu drôle de raconter notre rencontre, parce que j’ai l’impression qu’il a toujours fait partie de ma vie; ou plutôt, c’est difficile de me rappeler de l’époque où il n’y était pas encore (même si ça fait seulement quelques années).

En tant que grande mélomane, je voulais partir à l’étranger pour y vivre l’expérience d’un festival de musique, et avoir un petit break de mon quotidien, qui était plutôt éprouvant à ce moment-là.

Ma mère venait de mourir, et j’avais dû bien sûr organiser les funérailles, m’occuper de ses finances, penser à trouver un agent immobilier pour vendre la maison...des choses qu’on fait par devoir, un peu en mode survie.

Le 24 février 2016, j’ai donc acheté - un peu sur un coup de tête - un billet d’avion aller-retour pour La Nouvelle-Orléans, la «Big Easy»; cette décision un peu banale et spontanée allait véritablement changer ma vie.

Comme tout le monde, j’avais entendu parler de La Nouvelle-Orléans en 2005 à cause du terrible ouragan Katrina - même si, à ce moment-là, je pensais que c’était un État, et pas une ville (!) - mais aussi à cause de sa scène blues et jazz, florissante. Après quelques recherches sur les festivals de musique ayant lieu aux États-Unis, mon choix s’est donc arrêté sur le New Orleans Jazz & Heritage Festival.

En louant un logement, mon hôte avait offert que son ami vienne me chercher à l’aéroport pour la modique somme de 20 dollars américains (plutôt que 35 à 40 en taxi). Vous me voyez venir; son ami, c’était mon Dan, qui louait également une chambre dans le même logement. Vers 15 heures ce jour-là, je suis donc sortie et je l’ai attendu patiemment, sans me douter de ce qui m’attendait.

“On a discuté comme si on était de vieux amis qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps; c’était si facile et naturel de lui parler de tout et de rien!”

Après un léger délai et quelques difficultés à se repérer mutuellement (moi et ma grande connaissance des marques d’automobiles!) je suis montée dans sa voiture. Tout de suite, j’ai eu un petit feeling, quelque chose comme une grande aise à discuter avec lui. On a discuté comme si on était de vieux amis qui ne s’étaient pas vus depuis longtemps; c’était si facile et naturel de lui parler de tout et de rien! Et surtout, un petit quelque chose qui émanait de lui m’a tout de suite attirée; ses yeux pers et mystérieux, son sourire communicatif, son calme.

Mes amies devaient me rejoindre quelques jours plus tard pour le festival, donc le lendemain de mon arrivée, je suis allée prendre un verre au bar où Dan travaillait, question d’avoir un peu de compagnie. Les heures se sont écoulées et mine de rien, je suis restée accoudée au bar toute la soirée, rigolant avec lui et ses collègues.

Le lendemain, on est allé bruncher avec son coloc (l’hôte du logement). À cause de pluies diluviennes - dignes de la fin du monde - on est restés «coincés» à l’intérieur du diner pendant un certain temps, ce qui nous a permis d’apprendre à nous connaître davantage.

“Sans comprendre pourquoi, je me sentais en sécurité de toutes les manières possibles avec lui.”

Deux jours plus tard, plutôt tard dans la nuit, après une folle journée arrosée - dans tous les sens - au festival, j’ai envoyé un texto à Dan. J’étais dans une partie de la ville que je ne connaissais pas, je ne savais pas trop comment rentrer et je n’avais presque plus de batterie dans mon téléphone. J’avais peur de ne pas avoir le temps de me commander un taxi, alors sans attendre, il est venu me chercher.

Sans comprendre pourquoi, je me sentais en sécurité de toutes les manières possibles avec lui. Ce qui était déjà en quelque sorte embryonnaire est venu se confirmer ce soir-là; j’ai réalisé que j’avais un gros «coup de coeur» pour Dan. Pour toutes les choses que je ne pouvais même pas encore voir, mais que je sentais au fond de lui. Dès le moment où je l’ai rencontré, j’ai eu l’impression que nous pouvions être de bons amis, à cause de la facilité avec laquelle nous avions discuté. J’ai pu constater comment il agissait avec les autres et j’ai beaucoup aimé sa douceur, sa gentillesse, son ouverture.

Les jours suivants, plus on a fait connaissance, plus j’ai remarqué à quel point nos visions du monde semblaient compatibles. Je me suis surprise à réaliser à quel point on pouvait se comprendre instinctivement, considérant mes compétences de base en anglais.

Dan et moi à la réserve naturelle de Barataria
Dan et moi à la réserve naturelle de Barataria

La veille de mon départ, on est allé faire de la randonnée dans un endroit magique, la réserve naturelle de Barataria. C’est là, au bout du sentier au sein des marécages, que quelque chose a cliqué: je vivais quelque chose de vraiment unique avec cette personne, quelque chose que je n’avais jamais expérimenté avant. Ce que je ne savais pas, c’est que mon Dan allait me demander en mariage au bout de ce même sentier, moins d’un an plus tard...

On savait par contre que notre temps passé ensemble arrivait à sa fin… Je suis donc repartie à Montréal le coeur gros, me demandant si cette rencontre si unique allait traverser l’épreuve du temps. Envers et contre tout, ce lien invisible qui nous unissait a persisté, et je dirais qu’il s’est même intensifié avec la distance.

Durant les mois qui ont suivi, on a communiqué par l’entremise de FaceTime, de textos et de conversations téléphoniques à chaque jour. Je me sentais comme une adolescente, et mon coeur battait la chamade chaque fois que je voyais apparaître son nom sur l’écran de mon téléphone. Au fil du temps, on a décidé qu’on devait se revoir le plus tôt possible. Je suis donc retournée en Louisiane environ trois mois après notre rencontre initiale. C’est à ce moment qu’on a vraiment réalisé que ce qu’on avait développé était fait pour durer.

Amélie et Dan à leur mariage
Amélie et Dan à leur mariage

J’ai aussi rencontré ses parents quelque temps après, alors qu’ils m’ont invitée à les rejoindre en voyage. Par la suite, je suis allée habiter à La Nouvelle-Orléans pendant six mois, où on s’est aussi marié, entourés de parents et d’amis. Depuis maintenant trois ans, on habite à Montréal, où Dan apprend le français grâce au programme de francisation offert par le gouvernement.

Rencontrer Dan m’a fait réaliser qu’il est possible de vivre ce type de connexion avec un autre être humain, ce dont, honnêtement, je doutais beaucoup à cause de mes dernières «relations», qui n’étaient pas très enrichissantes sur le plan humain. J’ai compris que je cherchais quelque chose comme ça depuis longtemps; quelque chose de simple et de vrai.

Et au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser que, d’une façon ou d’une autre, ma mère a envoyé cette belle personne pour veiller sur moi.

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