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Réforme du recyclage: les producteurs seront responsables de leurs emballages

Québec injecte 30,5 M$ dans la refonte du système de collecte sélective, mais le bac bleu est sain et sauf.
Le ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charette.
La Presse canadienne
Le ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charette.

Les entreprises qui vendent des contenants, des emballages et des imprimés seront désormais responsables de leurs produits jusqu’à ce qu’ils soient recyclés ou enfouis, a annoncé mardi le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoit Charette.

Pour pallier la crise du recyclage qui a mis à mal le modèle d’affaires des centres de tri, Québec investira 30,5 M$ pour «soutenir la modernisation» du système de collecte sélective.

À l’heure actuelle, les entreprises financent la collecte sélective et les centres de tri par l’entremise de l’organisme Éco Entreprises Québec (ÉEQ), mais elles n’ont pas leur mot à dire dans la gestion du système.

Une réalité que dénonçait récemment la porte-parole d’ÉEQ, Yourianne Plante, en entrevue avec le HuffPost Québec. «Les entreprises ont déjà la responsabilité financière. Ce qu’on souhaite, c’est une responsabilité quant à la gestion du système», avait-elle affirmé en marge de l’annonce de l’élargissement du système de consigne des contenants de boissons.

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Mme Plante et ÉEQ ont de quoi se réjouir, puisque c’est exactement ce que vient d’annoncer le ministre Charette. En vertu du nouveau système, la collecte sélective sera confiée à un organisme reconnu par Recyc-Québec qui agira au nom des entreprises. On ignore pour l’instant si c’est Éco Entreprises Québec qui assumera ce rôle.

Le nouveau système entrera progressivement en vigueur à partir de 2022 et devrait être complètement implanté en 2025, selon le gouvernement.

Sur les investissements de 30,5 M$ annoncés, 7,5 M$ sont destinés à un programme d’aide immédiate aux centres de tri en difficulté, tandis qu’une autre enveloppe de 9,73 M$ est destiné à leur modernisation et à leur développement.

Le gouvernement investira aussi 9,64 M$ sur deux ans pour le développement de nouveaux débouchés pour les matières recyclées et pour favoriser l’innovation technologique.

Le reste des fonds servira à un appel de propositions pour la transition vers l’économie circulaire (2,86 M$ sur deux ans) et un autre visant la promotion de la réduction de l’utilisation et du rejet de plastique à usage unique (800 000$ sur trois ans).

Des objectifs et des pénalités

Le ministre Charette a également annoncé que les entreprises devront atteindre des objectifs de taux de récupération et de recyclage, sans quoi elles s’exposeront à des pénalités.

En entrevue avec le HuffPost avant l’annonce de la réforme, Mme Plante avait estimé qu’un tel système encouragerait les producteurs à préconiser des emballages facilement recyclables et pour lesquels il y a davantage de débouchés.

Québec fait aussi le pari que la réforme combinée à l’élargissement de la consigne déjà annoncé contribueront à améliorer la qualité des matières qui sortent des centres de tri. Les hauts taux de contamination de certaines matières vendues par les centres de tri - notamment le papier et le plastique - ont contribué à exacerber la crise du recyclage puisque des pays comme la Chine et l’Inde ont resserré leurs critères pour l’importation de matières.

Certains organismes comme Équiterre estiment toutefois que la collecte pêle-mêle, où tous les produits recyclables sont placés ensemble dans le bac bleu, doit être repensée, puisque la pratique contribue au problème de contamination de la matière.

Des réactions positives

L’annonce du ministre Charette a été accueillie favorablement par la plupart des acteurs du milieu, mardi matin.

La Fédération québécoise des municipalités et l’Union des municipalités du Québec ont toutes deux félicité le ministre pour la réforme «qui permettra au monde municipal d’écarter l’incertitude financière liée aux fluctuations des prix du marché».

La Communauté métropolitaine de Montréal, secouée par les difficultés financières de deux centres de tri sur son territoire, s’est aussi dite «très satisfaite» par l’entremise de sa présidente, la mairesse Valérie Plante.

De nombreux groupes écologistes, dont la Fondation David Suzuki, ont salué l’esprit de la réforme, qui favorise l’économie circulaire locale.

La directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe, a toutefois affirmé sur Twitter mardi matin que «la réduction à la source doit être l’enjeu prioritaire du gouvernement».

«La crise du recyclage est une crise de la consommation. Il faut revoir nos modes de production et nos habitudes en tant que consommateurs si nous ne voulons pas payer le prix fort pour traiter les matières résiduelles», a-t-elle ajouté.

Même son de cloche du côté de Greenpeace Canada. Si l’organisation a salué l’annonce du ministre Charette, elle espère que Québec ne s’arrêtera pas là.

«Espérons que cette annonce sera suivie dans les prochains mois par d’autres mesures et incitatifs visant cette fois la réduction à la source. Concentrer nos efforts sur l’amélioration de la récupération ne saurait enrayer l’augmentation de la production d’emballages plastiques ou l’absence de débouchés pour les matières recyclables», a affirmé Agnès Le Rouzic, en charge de la campagne Océans et Plastique de l’organisation, par voie de communiqué.

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