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Twitter, l'amour, la haine...

Twitter, c'est aussi cette valse horrible, qui suinte de haine, pue de toutes les odeurs des égouts, de toutes les haines, qui appelle au meurtre, qui blesse durablement.
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Les messages sont limités à 140 caractères, contraignant les utilisateurs à être concis dans leur rédaction. C'est ainsi qu'en 140 caractères, un utilisateur (moi, vous...) peut envoyer gratuitement de brefs messages, appelés tweets. Nous serions plus de 300 millions à utiliser Twitter. C'est autant de messages qui défilent sur nos écrans, à une vitesse inégalée, comme un fil dont on ne sait plus où il commence, dont on ne voit pas plus la fin et où il s'éteint. S'éteindra-t-il un jour? Un jour, peut-être.

C'est comme une valse à trois temps,

Une valse à trois temps

Qui s'offre encore le temps

Qui s'offre encore le temps

De s'offrir des détours

Du côté de l'amour

Comme c'est charmant

Comme dans cette si poétique et si merveilleuse chanson de Jacques Brel, Twitter c'est une valse de messages qui disent bonjour, une valse qui annonce de bonnes nouvelles, une valse qui rappelle que l'on s'aime, une valse qui rassemble tous ceux et toutes celles qui veulent que l'on s'aime, une valse composée de gens qui attendent d'être aimé, une valse de gens qui espère et aimerait tant aimer, une valse qui appelle inlassablement à la solidarité, une valse qui fait preuve de compassion, une valse qui fait preuve d'humanité, qui peut faire preuve de légèreté, qui fait preuve de douceur, une valse interrogative ou qui veut interpeller, qui veut rassurer, demande, dit, apaise, veut, pense, fait, est, hésite, crie aussi, prend et enveloppe, donne de la légèreté, donne à voir et à entendre, donne à rougir, donne à soupirer et à frémir, donne à comprendre et à apprendre, donne à partager, donne voir et à voir et à écouter, le sel de la terre, les couleurs d'un tableau, une symphonie, une musique, des paroles, une chanson, une note, des traits, un contour, des formes, un visage, des yeux, un regard, une bouche, des visages, des couleurs, du bleu, de la légèreté, la mer, le ciel, les étoiles, la nature, la physique, les mathématiques, la philosophie, un point d'interrogation et un point d'exclamation, une phrase, des mots, un smiley, du style, de l'arrogance, un verbe, verbatim, de la béatitude, des croyances, de la volonté, de la chimie et de l'alchimie, un tour et un détour, un sourire, un rire, l'enfance, les mains qui se tendent et se touchent, un souffle, une plume qui épargne, une plume qui défend, une plume qui bat, une plume qui protège, de la spiritualité, Dieu et d'autres dieux, des hommes, des femmes, de l'enfant, du vieillard qui nous regarde, qui sait, qui ne sait plus, qui a tout oublié, qui veut prévenir, qui cajole, qui dit «aimez-vous les uns et les autres», qui dit le pardon, pardonnez aux hommes, «pardonnez nos offenses», qui dit que «tu aimeras ton prochain comme toi-même», qui dit que «ce qui est détestable, ne le fait pas aux autres», qui dit de pratiquer la charité, de donner, aux œuvres, aux pauvres, aux déshérités, aux gueux, aux miséreux, aux lépreux, qui abolit la mort, qui ôte les chaînes, qui libère l'homme, qui surprend l'homme, qui est une valse à trois temps, qui s'offre encore le temps de nous surprendre.

Qui s'offre encore le temps

Qui s'offre encore le temps

De s'offrir des détours

Du côté de l'amour

Comme c'est charmant...

Mais Twitter, c'est aussi cette valse horrible, qui suinte de haine, pue de toutes les odeurs des égouts, de la fiente, de la haine, des haines, de toutes les haines, qui appelle au meurtre, qui blesse durablement, qui fait pleurer et désespérer de l'humanité, qui maudit, qui tue, qui massacre, qui abaisse, qui rabaisse, qui ment, qui détruit, qui atomise, qui... comme ces messages, en 140 caractères à l'acide, des bombes, des balles qui giflent, des mots qui... Qui?

«Sale juif, tu vas crever», «ta mère est morte dans les camps, tu vas crever», «va te faire foutre sale juif», «sale pd», «femme, je te viole», «j'vais te défoncer sale Noir», «nique la France», «J'baiserai la France, jusqu'à ce qu'elle m'aime», «Tu parles des Arméniens de 1915, ils auraient dû tous vous tuer», «ça sent le brûlé, il y a un juif à côté de moi», «parle français, sale Noir», «ta gueule, sale Français de merde, dommage que tu sois pas mort au Bataclan», «sale musulman, on va t'égorger»

Twitter, c'est le monde façon 2016, un condensé de l'inhumaine humanité et de l'humanité qui peut être inhumaine. On croyait que le monde s'élèverait et que la lumière nous éclairait définitivement.

Je ferme Twitter.

Je suis mort aujourd'hui, j'attends demain.

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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