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Une intrusion vidéo raciste secoue la communauté noire de Montréal

Des inconnus ont piraté la réunion d'une organisation à but non lucratif noire pour lancer des insultes racistes.
Des membres de la West Island Black Community Association.
Kemba Mitchell/Supplied
Des membres de la West Island Black Community Association.

Les membres d’une association de la communauté noire à Montréal sont profondément blessés et déçus après que des étrangers ont détourné leur réunion Zoom, proférant des insultes racistes et des blasphèmes.

L’incident s’est produit vendredi lors de l’assemblée générale annuelle de la West Island Black Community Association, qui était ouverte au public par souci de transparence. Celle-ci devait être un espace sûr pour discuter de questions communautaires.

Environ six minutes après l’ouverture, on a pu entendre plusieurs voix masculines répéter le mot en N et d’autres insultes raciales. Un jeune portant une cagoule rose est apparu à l’écran, se moquant du mouvement Black Lives Matter. L’espace de clavardage était également rempli de blasphèmes. Le HuffPost Canada a visionné un enregistrement de la réunion.

“Vous savez, c'est comme si quelqu'un venait nous assassiner avec des mots.”

- Veronica Johnson, West Island Black Community Association

En quelques minutes, les organisateurs, visiblement ébranlés, ont fait taire les pirates, mais le mal était déjà fait.

«Eh bien, maintenant, je pense que tout le monde autour de la table comprend pourquoi nous, en tant que personnes de couleur, les Noirs, et nos alliés qui nous soutiennent, devons être constamment forts, vigilants et à l’affût des personnes comme celles que nous venons de rencontrer», a déclaré l’ancienne présidente de l’organisation Veronica Johnson, lors de l’appel Zoom.

«C’est horrible et paralysant et cela rappelle le jour où George Floyd a été tué. Vous savez, c’est comme si quelqu’un venait nous assassiner avec des mots. C’est fou.»

L’association a dû écourter la réunion car les pirates continuaient à s’immiscer dans l’appel, perturbant les écrans partagés.

«Je suis personnellement traumatisé en ce moment», a affirmé la présidente Kemba Mitchell avant de se déconnecter.

Dans un communiqué dimanche, Mitchell a déclaré qu’elle avait signalé l’incident à la police de Montréal et qu’elle travaillait à mettre en œuvre des mesures de sécurité pour empêcher qu’une nouvelle attaque ne se produise.

L’organisme sans but lucratif offre des programmes éducatifs et récréatifs tels qu’un centre d’accueil et du tutorat pour les jeunes et des activités culturelles pour les aînés. Il vise également à mettre fin au racisme systémique en organisant des ateliers de lutte contre le racisme, par exemple, et en organisant des réunions publiques avec des élus.

«Nous sommes choqués, blessés et extrêmement déçus par l’incident à motivation raciste qui a eu lieu, mais nous sommes loin d’être vaincus», a fait savoir Mitchell dans le communiqué. «Aujourd’hui plus que jamais, nous restons déterminés à tendre vers l’égalité et la justice pour tous.»

La pratique du «Zoombombing» — lorsque des gens s’immiscent dans des appels sans avoir été invités — a augmenté en parallèle avec la popularité grandissante de la plateforme vidéo pendant le confinement.

Les chercheurs de l’Université Ryerson ont étudié les plateformes de médias sociaux pour comprendre les motivations derrière le «Zoombombing». Ils ont constaté que si quelques-uns des incidents étaient des farces, 87% d’entre eux étaient plutôt classés comme «intolérants».

Vingt-neuf pour cent des incidents étaient racistes ou antisémites envers les communautés noires, asiatiques et juives. Les insultes misogynes étaient les plus courantes, commises dans 43% des cas.

«De telles pratiques toxiques existaient bien avant l’arrivée de la visioconférence sur Internet et persisteront malheureusement longtemps après la fin du “Zoombombing”», ont écrit les chercheurs dans un article de Conversation.

«Nous expérimentons peut-être la pandémie tous ensemble, mais le “Zoombombing” nous rappelle également qu’on doit trouver des solutions sociales aux menaces virales.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l’anglais.

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