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Québec prêt à réinjecter des fonds publics dans Téo Taxi, si...

Ce serait pour préserver l’application, pas pour aider les 400 chauffeurs qui viennent de perdre leur emploi.
L'entreprise Téo Taxi a fermé ses portes ce mardi 29 janvier.
La Presse canadienne
L'entreprise Téo Taxi a fermé ses portes ce mardi 29 janvier.

GATINEAU - Le gouvernement du Québec est prêt à injecter davantage de fonds publics dans l'aventure de Téo Taxi si et seulement si un acheteur se dit prêt à aller au «bat» pour préserver l'application.

Dans une lettre adressée au premier ministre François Legault, le fondateur Alexandre Taillefer a demandé à Investissement Québec de prendre le contrôle des logiciels utilisés par Téo Taxi et d'offrir les bornes de recharge à Hydro-Québec.

«S'il y avait un repreneur [d'entreprise], on pourrait examiner la possibilité d'aider ce repreneur», a affirmé M. Legault lors d'une conférence de presse en marge de son caucus à Gatineau. Mais pas question d'aider l'entreprise «sous la forme actuelle», a-t-il précisé.

Investissement Québec, pour sa part, a maintenant le mandat de créer plus d'emplois de plus de 50 000$ par année. Les 400 chauffeurs de Téo Taxi, qui gagnaient dans les environs de 15-16$ de l'heure, ne tombent pas dans cette catégorie, a précisé M. Legault.

«Il y a une vingtaine de gens qui travaillent sur des logiciels - ça, ce sont des emplois intéressants!» s'est exclamé M. Legault. Il précise cependant que pour une vingtaine d'emplois, la contribution du gouvernement serait limitée.

«Le gouvernement ne commencera pas à opérer Téo Taxi, donc ça prendrait un repreneur qui, comme on dit dans le jargon, se "met au bat", donc investit de son propre argent parce qu'il y croit», a précisé le premier ministre.

Ça va prendre un autre modèle d'affaires, mais ce n'est pas à nous de le définir.Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie

Le ministre de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, admet qu'il est «inévitable» qu'il y aura des flottes de taxis électriques à l'instar de Téo Taxi dans le futur. Mais ce n'est pas au gouvernement de sauver l'entreprise à tout prix, dit-il.

«Téo, c'est un projet visionnaire. On le reconnaît. Tout le monde l'admet, a affirmé M. Fitzgibbon. Ça va prendre un autre modèle d'affaires, mais ce n'est pas à nous de le définir. Nous, on va soutenir des gens qui auraient peut-être une autre idée.»

M. Legault ajoute qu'il y aura sans aucun doute un post-mortem fait à la suite de l'aventure avortée de Téo Taxi.

Révision des règles

À Montréal, la mairesse Valérie Plante s'est dite ouverte à revoir les règles entourant l'industrie du taxi afin de faciliter l'entrée de nouveaux joueurs comme Téo Taxi. Le fonctionnement du Bureau du taxi pourrait être revu.

Valérie Plante, mairesse de Montréal. (Crédit: Olivier Robichaud)
Olivier Robichaud
Valérie Plante, mairesse de Montréal. (Crédit: Olivier Robichaud)

Il serait toutefois trop tard pour aider l'entreprise de M. Taillefer.

«Ce n'est pas la Ville de Montréal qui peut soutenir Téo Taxi à ce moment-ci, pour des raisons très évidentes. Par contre, je suis pour une approche qui pourrait avoir différents types de services pour les Montréalais qui souhaitent avoir un cocktail de mobilité. [...] Est-ce qu'il y a des règlements à modifier? Pourquoi pas», a-t-elle dit en marge d'une annonce sur la santé mentale des personnes itinérantes.

Sur les ondes de Radio-Canada, l'entrepreneur s'est plaint de la lenteur gouvernementale dans ce dossier.

«[Une de mes erreurs] est d'avoir sous-estimé la lenteur des gouvernements et des différents tribunaux administratifs pour faire modifier le contexte réglementaire. Je ne ferai plus jamais un investissement sans avoir la certitude que nous aurons carte blanche au niveau réglementaire», a-t-il dit mercredi.

Retournez sur les bancs d'école!

Le premier ministre Legault a un conseil pour les quelque 400 chauffeurs qui viennent tout juste de perdre leur emploi chez Téo Taxi.

«Moi, je vais leur suggérer fortement de retourner en formation, a-t-il dit. Les jeunes qui sortent de l'école aujourd'hui vont être obligés de retourner à l'école tous les cinq, six ans pour se mettre à jour.»

«Si on dit à quelqu'un: "vous retournez en formation pour un an et votre salaire passe de 15$ à 30$ de l'heure", je pense qu'il va y en avoir qui vont être intéressés.»

M. Legault ne s'en cache pas: il veut aider à créer des emplois payants à 30, 40$ de l'heure ou plus.

Pour ce faire, le gouvernement veut orienter le choix de carrière des jeunes ou des personnes qui retournent suivre une formation professionnelle afin de combler des emplois avec une «valeur ajoutée».

M. Legault prévoit que les emplois «où on a besoin de moins de qualifications» - comme les restaurants «bas de gamme» ou les magasins de détail, par exemple - vont disparaître peu à peu en raison des nouvelles technologies.

Il souhaite plutôt favoriser des entreprises d'avenir, comme un Amazon québécois - une «bonne idée d'Alexandre Taillefer» à son avis.

Avec des informations d'Olivier Robichaud.

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