Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
En ces temps difficiles pour tous, comme un peu partout en Occident, la cuisine au Québec est devenue presque une obsession, une forme de religion. On s'y adonne avec délectation et gourmandise. Entre amis, dans des « partys », en famille on ne parle plus que de bouffe, que ce soit pour s'échanger des recettes trouvées sur Internet, dans le dernier livre d'un grand chef ou, plus que jamais, à la télévision.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Getty File

Aux fourneaux !

En ces temps difficiles pour tous, comme un peu partout en Occident, la cuisine au Québec est devenue presque une obsession, une forme de religion. On s'y adonne avec délectation et gourmandise. Entre amis, dans des « partys », en famille on ne parle plus que de bouffe, que ce soit pour s'échanger des recettes trouvées sur Internet, dans le dernier livre d'un grand chef ou, plus que jamais, à la télévision.

Le Québec n'échappe pas à ce phénomène social et culturel qui semble avoir pris le monde moderne de court. Je me concentrerai ici sur ce phénomène qui a envahi toutes nos chaînes de télévision francophones. J'ai recensé plus d'une douzaine de programmes différents de chez nous qui se font compétition sur le thème de la cuisine, et cela souvent aux mêmes heures d'écoute. Si nous additionnons ceux qui se diffusent sur les chaînes canadiennes-anglaises et américaines, on arrive à plus de 30 émissions culinaires!

Ces programmes, pour être originaux et attirer une clientèle assidue, prennent différentes formes : ils peuvent aller du style traditionnel (« À la di Stasio » à TQ), à un jeu (« À table » sur TV5), se concentrer sur la santé (« Kampaï » à Radio-Canada), vous aider à faire des économies (« Solutions gourmandes à moins de 5 $ sur Canal Vie), vous faire voyager (« Fourchette et sac à dos » sur Canal Évasion) voire même se transformer en télé-réalité (« Un souper presque parfait » sur V).

Si cela a pour effet de faire le succès de V avec ses plus de 600,000 téléspectateurs en moyenne, ça n'a pas l'air de faire bouger pour autant les cotes d'écoute de Télé-Québec qui reste figé à 3% de part de marché et 1.2% pour TV5.

Pourtant, ces émissions, qui se veulent différentes les unes des autres, sont foncièrement basées sur le même principe. Quoi qu'il en soit, on vous fera baver d'envie avec des recettes plus succulentes les unes que les autres. Dans tous les cas, il y aura des invités, souvent des comédiens ou des humoristes pour «épicer la sauce» de commentaires drôles. Cela se déroulera, la plupart du temps, dans un décor de cuisine ou de salle à manger, ce qui fera faire de grosses économies d'investissements à nos producteurs. Le tout se résumera à apprendre, à rigoler ou à pleurer de rire avec ses invités, alors que le but ultime est de satisfaire nos papilles et notre panse.

Pourquoi un tel succès ?

Dans ce genre de programmes culinaires, ce qui m'intrigue le plus c'est de savoir pourquoi ces émissions sont si populaires à ce moment-ci au Québec? Cela révèle-t-il quelque chose sur nous et notre société?

J'hésite entre deux interprétations :

1)En tant que Québécois, nous sommes arrivés à être bien dans notre peau, à vouloir profiter de la vie de façon hédoniste. Le plaisir gustatif va donc de pair avec une sorte de jouissance. C'est une façon de découvrir son patrimoine, de voyager à travers le monde par le biais des saveurs, des épices et des goûts différents.

2)Ou bien alors sommes-nous une société de plus en plus tournée sur elle même, égocentriste, qui n'en a rien à faire de l'autre, notre voisin ou celui qui est dans le besoin.

Que l'on opte pour l'une ou l'autre de ces interprétations l'avantage à avoir tant de programmes sur nos ondes, c'est qu'ils nous aident à atteindre un objectif important, celui de s'éloigner de la « malbouffe » pour nous concentrer sur ce qui est sain et bon pour notre santé.

Il y aura sans doute d'autres interprétations à ajouter à celles-ci, mais je dirai plutôt que du fait que nous nous sentons mieux dans notre peau, nous avons besoin parfois de nous relâcher, d'aller voir ailleurs. Après tout, il n'y aucun mal à cela, pour autant que nous acceptions, individuellement, que ce soit une réalité qui se fait parfois au détriment de notre conscience collective.

Ceci dit, si ces programmes de télévision sur la cuisine n'étaient pas aussi nombreux, par quoi pourrions-nous les remplacer? D'autres enquêtes policières sur la corruption, d'autres reportages sur la grève des étudiants ou des émissions sur la situation financière mondiale pas très réjouissante? Serait-ce peut-être là notre façon de prendre une distance pour ne pas plonger dans la déprime collective?

Vers des solutions viables :

Ma proposition serait d'explorer quelques pistes de solutions : l'une d'elles est déjà mise en place dans les provinces françaises. Une fois l'an, vers la Saint-Jean, tous les voisins d'une rue s'organisent pour partager une bouffe collective; l'autre serait que nos producteurs de programmes de cuisine ajouteraient une composante sociale à leur contenu. De quelle façon ? Simplement en partageant les plats cuisinés en studio avec des sans-abris, des personnes dans le besoin ou des maisons d'accueil. Il me semble que cela ferait du bien à tout le monde.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.