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Que se passe-t-il avec Retraite Québec?

Nos spécialistes ne font pas le travail qu'on attend d'eux. Ils semblent être muselés par le pouvoir politique. Des organismes qu'on voudrait neutres participent à la propagation de fausses nouvelles, ne serait-ce qu'en gardant le silence.
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Retraite Québec est un nouvel organisme gouvernemental issu de la fusion récente de la Régie des rentes du Québec et de la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances (CARRA).

La régie administre le Régime de rentes du Québec (RRQ) et plusieurs lois reliées à la retraite, dont celle sur les régimes complémentaires de retraite (RCR) qui concerne les fonds de pension d'employeurs. Elle est aussi responsable des allocations familiales (voilà pourquoi, à chaque année, c'est elle qui publie la liste des prénoms les plus populaires pour les nouveau-nés).

La CARRA administre les fonds de pension des employés gouvernementaux. Le plus connu est sans doute le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP). Les fonds de pension administrés par la CARRA ne sont pas assujettis à la loi sur les RCR. Le gouvernement, en tant qu'employeur, n'est pas tenu de respecter les règles qu'il impose, en tant que législateur, aux autres employeurs. Par exemple, la règle de capitalisation n'est pas du tout la même. Au privé, un RCR est capitalisé quand il a suffisamment d'argent pour payer ce qu'il doit. Au public, un régime est capitalisé si le gouvernement garanti que les sommes dues seront versées.

« Le gouvernement n'a pas l'obligation de verser de cotisations dans une caisse de retraite. Toutefois, il est tenu de pourvoir au paiement des prestations dont il a la charge au moment où elles deviennent payables. » - CARRA, Rapport annuel de gestion, 2015, partie 3, p. 14.

Peu après le début du RRQ en 1966, la régie avait créé une équipe d'informateurs pour contrer ce qu'on appelle aujourd'hui les fausses nouvelles. Certaines personnes qui donnaient des cours de préparation à la retraite ou qui vendaient des assurances, propageaient des faussetés sur le RRQ, parfois intentionnellement, mais la plupart du temps parce qu'elles connaissaient mal la loi. J'ai fait partie de cette équipe d'informateurs à partir des années '80. Mon rôle était d'expliquer le fonctionnement du Régime de rentes du Québec ou d'autres lois administrées par la régie. À titre de vulgarisateur, j'ai côtoyé beaucoup de spécialistes à la régie même, mais aussi à la CARRA et dans le privé.

J'ai aimé travailler à la régie. Comme de coutume, les postes haut placés devenus vacants étaient comblés par des amis du parti au pouvoir, mais les spécialistes ne subissaient pas de pression politique. À titre d'exemple, les actuaires préparaient leurs évaluations actuarielles objectivement, conformément aux normes comptables. Je suppose qu'ils respectent encore les normes, mais j'ai l'impression qu'ils jouissent de moins d'indépendance depuis que la régie et la CARRA ont été fusionnées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard sous l'appellation de « Retraite Québec ».

Quand Philippe Couillard a voulu détériorer les régimes de retraite des municipalités, des fonctionnaires, des policiers et des pompiers, il a commandé des évaluations actuarielles à la régie et à la CARRA. Compte tenu que les régimes de retraite avaient perdu 25 % de leurs actifs après la crise de 2008, ils étaient évidemment déficitaires. Ce n'était qu'un déficit conjoncturel puisqu'ils sont déjà moins déficitaires (le RREGOP est à toute fin pratique capitalisé), mais le gouvernement a profité de l'occasion pour taper sur ses employés parce que c'est dans l'air du temps. Il eut été plus avisé d'assujettir ses régimes à la loi sur les RCR. La régie et la CARRA se sont tues. Elles n'ont jamais osé donner l'heure juste.

En fait, Retraite Québec semble avoir oublié qu'il doit d'abord servir la population. Sinon, comment cet organisme aurait-il accepté de chapeauter le projet insensé de réforme du RRQ? N'importe quel spécialiste, aussi pleutre soit-il, reconnaît que le RRQ doit rester équivalent à son frère jumeau, le Régime de pension du Canada (RPC). Pourquoi avoir accepté de présenter des options différentes? Le statut quo est impensable et un RRQ désavantageux serait bête et stupide. Il n'y a que deux possibilités : adopter la réforme du RPC telle quelle ou convaincre le reste du Canada de la modifier. Au lieu de cela, Retraite Québec persiste sans sa bêtise en publiant un pseudo-sondage portant sur la marotte du premier ministre qui veut faire épargner des sous aux entrepreneurs sans se soucier du mieux-être de la majorité.

Nos spécialistes ne font pas le travail qu'on attend d'eux. Ils semblent être muselés par le pouvoir politique. Des organismes qu'on voudrait neutres participent à la propagation de fausses nouvelles, ne serait-ce qu'en gardant le silence.

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