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Je vis en quarantaine à cause du coronavirus à Hong Kong, désormais ville fantôme

Des équipes de désinfection arpentent régulièrement la ville et les boutons d’ascenseur portent des filtres plastiques changés à heure fixe.
«Hong Kong serait-elle devenue une ville fantôme? Depuis quelques semaines, à cause du coronavirus, elle est en effet extrêmement calme.»
Philippe Branche
«Hong Kong serait-elle devenue une ville fantôme? Depuis quelques semaines, à cause du coronavirus, elle est en effet extrêmement calme.»

Après la pénurie de masques, c’est aujourd’hui le papier hygiénique - utilisé à l’intérieur des masques - qui vient à manquer à Hong Kong. La ville se vide jour après jour de ses expatriés des grands groupes qui organisent leur rapatriement. Étant actuellement en quarantaine après un séjour dans le centre de la Chine, il est important pour moi de revenir sur les différentes réactions que suscite le virus.

Hong Kong, ville fantôme?

Hong Kong serait-elle devenue une ville fantôme? Depuis quelques semaines, elle est en effet extrêmement calme: des équipes de désinfection arpentent régulièrement la ville et les boutons d’ascenseur portent désormais des filtres plastiques changés à heure fixe. Les livraisons d’Alibaba, l’équivalent chinois d’Amazon, sont suspendues, le port d’un masque est devenu la norme et beaucoup d’événements sont reportés ou annulés. L’impact économique de toutes ces mesures n’est pas encore chiffrable, mais son importance est certaine.

“Le gouvernement de Hong Kong est très réactif et envoie régulièrement des textos pour nous tenir au courant de la situation.”

Pour les expatriés, les grandes entreprises leur proposent de travailler à distance, pour une durée moyenne de deux semaines ou elles organisent voire imposent leur rapatriement dans leur pays d’origine. Le gouvernement de Hong Kong est très réactif et envoie régulièrement des textos pour nous tenir au courant de la situation.

H1N1 contre coronavirus

Quelque chose ne va pas. Lorsque la grippe H1N1 a émergé en 2009 des États-Unis et du Mexique, une pandémie mondiale a été déclarée. Elle a finalement infecté un minimum de 60 millions de personnes et en aurait tué 18 449 cette année-là. Mais, en réalité, la fin de l’histoire de la pandémie mondiale H1N1 était bien pire que cela, avec près de 300 000 décès, selon les derniers décomptes de 2012 rapportés par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) basé aux États-Unis. Les chercheurs du CDC estiment en effet que la pandémie de 2009 a causé 201 200 décès respiratoires et 83 300 décès par maladies cardiovasculaires.

En 2009, quelqu’un a-t-il accusé les autorités gouvernementales américaines de cacher les chiffres? Je lis des reproches contre l’administration chinoise dont l’intention serait de sous-estimer volontairement le nombre d’infections. Mais cette sous-évaluation existe dans tous les cas d’épidémies de grippe, quel que soit le pays. Et les rapports du CDC mentionnés ci-dessus l’illustrent: les chiffres de la grippe porcine américaine H1N1 ont été largement sous-estimés et mis à jour trois ans plus tard: 284 000 décès contre les 18 449 initialement annoncés.

Une réponse chinoise pour l’instant exemplaire

La Chine n’essaie pas de cacher ses difficultés. Elles sont bien connues, elles sont rapportées quotidiennement aux nouvelles nationales. Il est impossible de ne pas être impressionné par la réponse chinoise de restreindre les mouvements ou encore de construire un hôpital en dix jours.

“Quelque chose ne va pas. La France, l’Allemagne, le Japon ou tout autre pays ont-ils fermé leurs frontières aux voyageurs américains en 2009 en raison du virus H1N1?”

Même s’il est beaucoup trop tôt pour dresser un bilan des différentes mesures prises, nous sommes toujours occupés à dénigrer les fonctionnaires du gouvernement local à Wuhan, qui auraient dû annoncer l’arrivée d’un nouveau virus quelques semaines plus tôt.

Il est vrai que ces responsables locaux ont fait une erreur en accusant le médecin Li Wenliang qui aurait, en premier, signalé la présence du virus. Ces fonctionnaires sont aujourd’hui en grande difficulté et chaque gouvernement provincial a envoyé un avis à ses fonctionnaires pour qu’ils ne reproduisent pas cette situation. La Chine a enfin identifié le génome du coronavirus en un temps record et l’a immédiatement partagé avec toutes les organisations internationales de santé et de lutte contre les maladies.

Selon l’OMS, cette réponse sans précédent pourrait établir une nouvelle norme pour les réactions à adopter pour les futures épidémies.

La xénophobie au temps du coronavirus

La France, l’Allemagne, le Japon ou tout autre pays ont-ils fermé leurs frontières aux voyageurs du continent américain en 2009 en raison du virus H1N1? Aujourd’hui, l’ambassade américaine suggérait aux citoyens américains de quitter la Chine.

En 2009, le monde a-t-il suggéré que nous nous isolions de l’Amérique? Non plus et personne ne se souvient d’attaques xénophobes antiaméricaines à travers le monde, alors qu’il a fallu près de six mois aux États-Unis pour déclarer une urgence nationale. Pourtant, on peut aujourd’hui lire à l’entrée de restaurants, dans certains pays, des annonces xénophobes - et ce n’est pas un cas isolé:

«Pour protéger la santé publique, le restaurant n’acceptera pas, temporairement, les clients chinois.»

La prudence pour endiguer la propagation de ce virus est certes totalement justifiée. Ce coronavirus est très contagieux et a actuellement un taux de mortalité de 2%. C’est environ 10 fois plus élevé qu’un virus de la grippe annuel.

Mais que ce soit dans quelques semaines ou dans quelques mois, ce coronavirus de type grippal commencera à décliner. La xénophobie envers la communauté chinoise doit quant à elle cesser dès maintenant. Ce virus n’est en aucun cas un virus chinois, car un virus ne connait ni frontières, ni nationalité.

Ce texte a initialement été publié sur le site du HuffPost France.

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