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Quand les hommes d'affaires se lancent en politique

On peut se poser des questions sur les véritables motivations de ces patrons intéressés par la scène politique.
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SasinParaksa via Getty Images

L'élection de Doug Ford comme nouveau premier ministre de l'Ontario semble aller dans le sens d'une nouvelle tendance à travers le monde. Des hommes d'affaires se lancent en politique ou prennent le pouvoir. Il y a bien sûr l'inévitable Donald Trump à Washington, mais les présidents chilien et argentin ainsi que le premier ministre de la République tchèque sont aussi issus des milieux d'affaires.

Au Québec, nous avons eu Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti Québécois et François Legault, ancien entrepreneur, pourrait remplacer le premier ministre Couillard, selon les sondages. Alexandre Taillefer vient aussi de rejoindre ce groupe avec le Parti libéral.

Le phénomène n'est cependant pas tout à fait nouveau. Rappelons nous de Silvio Berlusconi en Italie et même de Paul Martin Jr à Ottawa qui eux aussi avaient fait carrière dans le privé. Le premier dans les médias et le second au sein de la compagnie de son père, la Canada Steamship Lines.

Des électorats veulent du «changement». Ils blâment les anciennes élites de tous les maux et se tournent maintenant vers de nouveaux aspirants au pouvoir. Avec le gouvernement libéral actuel à Québec ce sont les médecins qui ont pris du galon, remplaçant en partie les avocats ou administrateurs par exemple.

Mais la classe politique qui monte est celle des gens d'affaires à laquelle on attribue maintenant tous les talents, à tort ou à raison. On semble considérer que ceux qui réussissent en entreprise peuvent aussi prendre les rênes des gouvernements et faire mieux que leurs prédécesseurs.

On semble considérer que ceux qui réussissent en entreprise peuvent aussi prendre les rênes des gouvernements et faire mieux que leurs prédécesseurs.

On peut se poser des questions sur les véritables motivations de ces patrons intéressés par la scène politique. Bien sûr, ils veulent toujours, selon eux, mettre leurs compétences au service des citoyens. Mais encore.

On note que Trump en profite pour faire croître ses propres finances et celles de sa famille. Les différents lobbies d'affaires l'utilisent pour leurs propres fins faisant fi de l'environnement, de la santé des Américains notamment. Trump s'est entouré de sycophantes qui partagent ses « vues » et s'enrichissent.

L'avantage d'être au pouvoir, dans nos démocraties, est d'une part de voir comment elles fonctionnent de l'intérieur et donc de s'en servir en cours de mandat, mais aussi, pour certains, de se créer des réseaux qui vous récupèreront après les années de gouvernement sur des conseils d'administration de compagnies ou comme consultants bien rémunérés.

Peut-on appliquer les recettes d'une compagnie au secteur public?

Peut-on appliquer les recettes d'une compagnie au secteur public? Sans doute quand il s'agit d'équilibrer un budget, par exemple. Et même là. Ainsi on prévoit que le régime fiscal récemment adopté aux États-Unis amènera d'énormes déficits au cours des prochaines années.

Un leitmotiv chez ces candidats du secteur privé est toujours de faire baisser les impôts pour "rentabiliser" l'argent des contribuables. Évidemment, moins d'argent dans les coffres se traduira par une réduction inévitable des services pour la population.

Les politiciens auxquels nous étions habitués n'étaient pas parfaits, tant s'en faut, mais ils étaient en général motivés par le service public et financièrement désintéressés. Ils écoutaient aussi. Si on se base sur Trump, cela n'est peut-être pas le cas chez tous les ex-patrons. Il est convaincu d'avoir raison sur tout. Et on voit où cela mène les Américains: vers des choix politiques et économiques dépassant toute logique.

Gérer une entreprise et faire des profits c'est une chose. Comprendre les subtilités de la politique étrangère et les réalités domestiques vécues par des populations faisant face à des défis de toute sorte, s'en est une autre.

Dans un monde où le succès financier est un critère de réussite et où des citoyens inquiets quant à leur avenir cherchent de nouveaux leaders, il est normal que le milieu des affaires apparaisse comme une solution. Et pourquoi pas? Mais à l'ère des réseaux sociaux et des tweets, il est facile de présenter des slogans et idées simplistes pour prendre le pouvoir.

À l'ère des réseaux sociaux et des tweets, il est facile de présenter des slogans et idées simplistes pour prendre le pouvoir.

Les développements des derniers mois en Europe et sur notre continent incitent fortement à la vigilance.

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