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Quand le cancer a menacé ma vie, les médias sociaux m'ont donné la force de me battre

Internet m'a donné un but, une raison de me lever chaque matin, un endroit pour me défouler. Et le plus important: j’ai trouvé un endroit où je pouvais me sentir moins seul.
Fabian Bolin
Courtoisie/Fabian Bolin
Fabian Bolin

J’ai l’impression d’avoir vécu deux vies: ma vie avant le cancer et ma vie après.

Avant mon diagnostic, je vivais ma quatrième année à Londres, où j’avais passé deux ans à travailler en tant que banquier d’investissement avant de changer de carrière pour devenir acteur. Ma première année dans l’industrie a été difficile; la concurrence est féroce et le niveau de stress est parfois insupportable.

Malgré le climat négatif, j’ai persévéré pour poursuivre mon rêve de décrocher un rôle dans une production américaine. Et j’ai réussi - deux ans après mon changement de carrière, j’ai été impliqué dans deux projets de longs métrages américains, ce qui m’a permis d’obtenir un visa américain. La vie dont je rêvais allait commencer!

Même si j’avais tout pour moi, c’est durant cette période que j’ai remarqué que je me sentais de plus en plus fatigué. Et pas le genre de fatigue que vous vivez au quotidien en vous disant «J’ai besoin de vacances» - j’étais épuisé. Épuisé à un point tel qu’un jour, après mon retour à Stockholm pour une courte pause, je me sentais trop épuisé pour respirer. Mes parents m’ont amené d’urgence à l’hôpital.

Deux jours plus tard, les médecins m’ont dit que j’avais une leucémie.

Quand j’ai été diagnostiqué, ce n’était pas tant la peur de la mort qui me préoccupait, mais plutôt de ne pas savoir et et de devoir tout mettre en suspens. Le cancer n’a jamais - et n’est jamais dans les plans de qui que ce soit et pourtant j’étais là, me faisant dire que j’avais besoin de 900 jours de chimiothérapie.

Des milliers de questions circulaient dans ma tête: à quoi ressemble la vie avec le cancer? Qu’est-ce qui va se passer avec ma carrière? Que fait un patient atteint d’un cancer un mardi ordinaire pendant que d’autres vont au travail? Qu’est-ce que je dois manger? Est-ce que je dois faire de l’exercice? Est-ce qu’il existe des réponses à toutes mes questions?

J’ai réalisé rapidement que beaucoup de professionnels de la santé autour de moi avaient une incapacité à cibler mes besoins en tant qu’humain par rapport à mes besoins en tant que patient. J’ai reçu de vagues réponses comme «mange tout ce qui te rend heureux», ce qui était franchement décourageant. Une fois que j’ai réalisé qu’ils ne seraient pas en mesure de me donner les informations dont j’avais besoin, comme la plupart de ma génération, je me suis tourné vers les réseaux sociaux.

Assis dans mon lit d’hôpital, j’ai écrit une publication Facebook destinée aux amis et à la famille - je partageais des informations franches et honnêtes sur ma nouvelle situation. À ma grande surprise, 24 heures plus tard, mon message avait été partagé 13 000 fois. L’amour et le soutien que j’ai reçus de la part de mes proches et de ceux que je n’avais jamais rencontrés auparavant ont été la plus belle chose que j’aie jamais connue.

C’est la chose que j’ai vécue qui se rapproche le plus d’une expérience spirituelle et puis j’ai réalisé deux choses; premièrement, que tout le monde a un lien avec le cancer et deuxièmement, même si vous entendez beaucoup parler des progrès réalisés dans la recherche sur le cancer, vous entendez rarement un patient atteint de cancer parler de ce que ça fait vraiment de le traverser.

Je me considère comme un survivant depuis le premier jour du cancer, parce que ce jour a marqué le début de ma nouvelle vie.

Je me suis donné comme mission de partager mon expérience à travers le monde en écrivant à ce sujet en ligne. J’ai nommé le blogue «War on Cancer de Fabian Bolin». Le blogue est devenu mon sauveur tout au long du traitement; ça m’a donné un but, une raison de me lever chaque matin, un endroit pour évacuer toute la frustration et l’obscurité que je vivais et, encore plus important, un endroit où je pouvais me sentir moins seul.

“Je voulais transformer ce que j'ai vécu en quelque chose de plus grand, quelque chose d'accessible pour chaque patient atteint de cancer peu importe où il est dans le monde.”

L’écriture m’a guéri. Et pas seulement parce que ça m’a aidé, mais aussi parce que je savais que raconter mon histoire aidait les autres - ma boîte de réception était remplie de milliers de messages de personnes partageant des détails intimes de leurs aventures personnelles, parce que j’avais partagé la mienne avec eux. Des histoires courageuses et inspirantes sur l’amour, le sacrifice et les valeurs morales. Chaque fois que je me sentais déprimé ou triste, ce que je faisais (et fais toujours) plus souvent que je l’admets, je me tournais vers ces histoires, cherchant à me donner la force de continuer.

Ressentir ce lien puissant avec des gens qui, si je n’avais pas été diagnostiqué d’un cancer, auraient été des étrangers, ont enflammé quelque chose en moi. Je voulais transformer ce que j’ai vécu en quelque chose de plus grand, quelque chose d’accessible pour chaque patient atteint de cancer peu importe où il est dans le monde.

Lorsque mon ami d’enfance Sebastian m’a rendu visite et qu’il a vu l’énorme impact positif que mon blogue avait eu sur ma santé mentale, nous avons décidé de donner à d’autres la même opportunité. Pourquoi ne pas bâtir une plateforme pour permettre le partage d’histoires à grande échelle, où tous ceux qui ont été touchés par le cancer ont la possibilité de partager des histoires? Mon blogue à lui seul avait apporté tellement de réconfort, je ne pouvais qu’imaginer ce qu’une plateforme pourrait faire. Ce jour-là, War on Cancer est né.

Aujourd’hui, trois ans plus tard, je suis en rémission, et je me sens plus fort que jamais. En décembre 2022 ça fera cinq ans depuis mon dernier traitement de chimiothérapie et, à moins que je ne rechute d’ici là, je serai alors considéré officiellement guéri. Je peux vraiment dire que cette aventure a surpassé tout ce que je pouvais imaginer. War on Cancer est une application pour les patients, les survivants et leurs proches, où les membres sont invités à partager leur vécu, tout en sachant que leurs histoires aident les autres. Ils peuvent trouver l’inspiration en suivant quelqu’un de semblable et peuvent établir des liens réels et authentiques avec des gens qui peuvent se rapporter à ce qu’ils vivent.

Mais surtout, c’est une plateforme où nous combattrons toujours le cancer ensemble. Je sais bien que le cancer est pénible et que quiconque qui reçoit un diagnostic s’apprête à vivre un lot d’épreuves. Ce n’est pas facile, mais mon histoire montre que vous pouvez vraiment tirer le meilleur parti d’une mauvaise situation. Le cancer m’a forcé à réexaminer ma vie et, ce faisant, j’ai pu découvrir qui j’étais vraiment. Ça m’a aidé à déterminer comment je voulais passer le reste de ma vie. Je suis tellement fier d’avoir pu créer quelque chose de positif à partir de mon diagnostic, et encore plus fier qu’à travers lui, je sois en mesure d’aider ceux qui luttent contre le cancer.

Ce texte, initialement publié sur le site du HuffPost Royaume-Uni, a été traduit de l’anglais.

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