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Le gouvernement fédéral est responsable de la surpopulation carcérale au Québec

Avec un taux d'occupation de 104 %, les prisons du Québec sont surpeuplées. Et si nous avons ces problèmes de surpopulation, c'est en grande partie à cause des politiques du gouvernement fédéral.
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Avant de devenir député, j'ai passé huit ans dans le milieu carcéral québécois. Je suis donc à même de constater que les solutions qui sont apportées au milieu carcéral et à la sévérité des peines sont inadéquates. Depuis la formation de son premier gouvernement en 2006, Stephen Harper opte pour la ligne dure à l'égard des criminels en misant sur un système de justice sévère avec des peines exemplaires pour tous les types de contrevenants. Cependant, il ne donne pas au milieu carcéral les moyens de ses ambitions. Si l'on veut être intraitable avec les criminels, il faut outiller le milieu carcéral afin qu'il en gère les effets. Avec un taux d'occupation de 104 %, les prisons du Québec sont surpeuplées. Si nous avons des problèmes de surpopulation dans les prisons du Québec, c'est en grande partie à cause des politiques du gouvernement fédéral.

Parmi les principales causes de la surpopulation carcérale, nous avons le recours excessif à la détention provisoire; l'intransigeance des politiques punitives; le manque d'alternatives à l'incarcération; la rigidité des systèmes de détermination des peines; la nature restrictive et la rigidité des procédures de libération anticipée. Le taux élevé de récidives résultant du manque ou de l'insuffisance des programmes de réadaptation en milieu carcéral ou en milieu ouvert, le fait que certaines fonctions étaient confiées aux systèmes de justice pénale alors qu'elles seraient mieux gérées par les services sociaux et les services de santé ou autres ont des impacts considérables sur notre société et sur notre système carcéral. Viennent s'ajouter à cela, des facteurs structurels et culturels, tels que la peur et les préoccupations sécuritaires, la pression du public, l'impact des médias, l'égalité et la sécurité socioéconomique et la culture politique qui peuvent également avoir des incidences sur le problème de la surpopulation carcérale. Cela dit, il est possible, avec de la volonté politique, de remédier à ce problème et de réduire les taux de détention, mais le gouvernement Harper préfère le populisme au gros bon sens. Les problèmes de surpopulation exigent que les services correctionnels prennent des mesures extraordinaires pour assurer la gestion des personnes incarcérées. Ceci implique des efforts additionnels pour la dispensation des services. Toute cette démarche est coûteuse et ne rend pas nécessairement notre société plus sécuritaire.

Une des pierres angulaires de la politique des conservateurs face aux criminels est la loi C-10 qui applique de façon parfaite la recette pour une surpopulation carcérale. Cette loi impose une hausse de certaines peines minimales obligatoires, l'ajout de peines minimales obligatoires et l'impossibilité claire pour les tribunaux d'octroyer un sursis. Depuis la mise en application des dernières modifications de cette loi en 2012, la population carcérale est en augmentation, malgré le fait que les infractions et leur gravité soient en diminution. Selon Statistique Canada, en 2013, le taux de crimes déclarés par la police est descendu à son niveau le plus bas depuis 1969 avec 5 191 infractions pour 100 000 habitants. Plusieurs facteurs ont été cités comme explications possibles à cette baisse, notamment le vieillissement de la population, l'évolution des pratiques et des stratégies policières, l'émergence des nouvelles technologies, les fluctuations du taux de chômage, l'évolution des tendances en matière de consommation d'alcool, les caractéristiques des quartiers ainsi que le changement des attitudes envers la criminalité et les comportements à risque. Même s'il est impossible de cibler un seul facteur qui expliquerait le recul du taux de criminalité au Canada, on observe des tendances à la baisse similaires dans d'autres pays.

Alors, pendant que des pays comme la Suède, le Portugal, la Finlande, les États-Unis et les Pays-Bas, voient leur population carcérale décroître et les prisons fermées, le Canada est sur la voie inverse. Devant le problème mondial de la surpopulation carcérale, les Nations Unies demandent un recours accru aux alternatives à la détention et aux programmes de justice réparatrice pour remplacer les réponses exclusivement punitives à la criminalité. Plusieurs pays ont adopté cette approche avec des résultats positifs, mais pas le Canada.

Répondre au problème de la surpopulation carcérale en construisant plus de prisons coûte cher et peut avoir l'effet inverse de celui recherché, à savoir engendrer une surpopulation encore plus importante sur le long terme et accroître encore le recours à l'incarcération et à la privation de liberté. La déjudiciarisation devrait être envisagée pour les détenus toxicomanes et malades mentaux. Enfin, les programmes de justice réparatrice et de médiation étaient utiles pour réduire la durée d'incarcération.

L'incarcération massive provoque des problèmes sociaux majeurs parmi les populations touchées. Par exemple, on note une diminution des revenus de la famille, l'augmentation des risques que les enfants aient des difficultés à l'école, le développement des problèmes de santé mentale, la possibilité que les enfants soient saisis par le système de justice des mineurs et finalement, que ces derniers aillent en prison. Il faut cesser de faire de la politique partisane et changer notre approche sinon la misère sociale ne fera que croître au même rythme que la population carcérale.

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