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La face cachée de Google est mise en lumière par l'ancien sous-traitant des services de sécurité américain Edward Snowden. Une face cachée qui devrait déranger ses utilisateurs aussi bien à titre individuel que professionnel. La confiance sans limite que nous accordons aux produits Google ne serait pas forcément méritée
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Le timing est malheureux pour Google, mais il nous permet de mettre en lumière une contradiction fondamentale qui n'a que trop duré.

La face cachée de Google est mise en lumière par l'ancien sous-traitant des services de sécurité américain Edward Snowden. Une face cachée qui devrait déranger ses utilisateurs aussi bien à titre individuel que professionnel. La confiance sans limite que nous accordons aux produits Google: recherche, agenda, emails, chats, visionnage de vidéos (Youtube) et j'en passe, ne serait pas forcément méritée. Nos données ne seraient pas seulement exploitées commercialement pour un ciblage publicitaire optimal, mais carrément livrées à des organismes étatiques ou para-étatiques étrangers comme la NSA et ses nombreux prestataires.

Je ne prends pas ici la posture juridico-philosophique de certaines organismes, mais bien celle de l'utilisateur final, du client qui paie de plus en plus pour ces services et pas seulement avec la monnaie de singe des données personnelles. Aujourd'hui, de nombreuses entreprises font le choix du cloud au travers de la solution Google Apps et confient ainsi au géant de Mountain View l'ensemble de leurs documents et échanges électroniques. Ces entreprises ne seraient-elles pas en droit d'exiger une protection de leur big data face à des regards à la fois trop curieux et illégitimes?

"Les stagiaires": un film de propagande?

Alors oui bien sûr, il est possible de recourir au stratagème du soft power hollywoodien et de miser sur le sourire naïf d'Owen Wilson et le regard vide de Vince Vaughn pour faire passer la pilule. Mais comment un tel stratagème cousu de fil blanc pourrait-il fonctionner? En particulier sur un public qui lit depuis des semaines à quel point l'administration américaine et ses affidés de la Silicon Valley n'ont aucun respect pour leurs représentations diplomatiques, ambassades, méta-données de réseaux cellulaires ou échanges sur Skype?

Evidemment, le service de communication de Google a rassuré tout le monde en affirmant que rien n'avait été versé en échange de cette campagne de promotion pour la "culture Google", mais est-ce que cela change quoi que ce soit? Le film repose uniquement sur les dimensions flatteuses de cette "culture": l'embauche de petits génies, la cafétéria de toutes les couleurs ou la supposée pensée "out of the box". Nulle place n'est laissée aux ambiguïtés nombreuses de cette organisation dont le mantra don't be evil (ne soyez pas le diable) vient de prendre un nouveau coup de griffe.

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Servir ses clients ou le gouvernement US: un choix à faire

Il est probablement temps que, devant leur puissance et les services qu'elles fournissent au monde entier, les grandes entreprises du Web US deviennent un peu plus résistantes aux demandes du gouvernement américain. Elles ont réussi en grande partie cet exploit dans le domaine fiscal, en mettant en place une optimisation de leur imposition à la fois planétaire et sans précédent. Elles doivent maintenant s'attacher à offrir une garantie plus forte pour les données de leurs usagers; cette protection est un pré-supposé, elle devrait être le premier de leurs engagements contractuels.

Seul au milieu des géants, Twitter n'a jusque là jamais semblé céder aux gouvernements sans livrer réellement bataille. Des manifestants du mouvement Occupy Wall Street aux auteurs des tweets #UnBonJuif en France, Twitter résiste autant qu'il le peut aux pressions. Le réseau social de microbloging n'est d'ailleurs pas cité au nombre des sociétés ayant collaboré avec le programme de la NSA. Difficile cependant de savoir si le réseau a refusé de participé, s'il a participé sans qu'on le sache ou s'il n'a tout simplement pas été sollicité.

Il est capital de prendre conscience que le danger ne réside pas seulement dans le fait d'être espionné mais aussi dans le risque de voir ses données distribuées aux quatre vents. Le cas Snowden démontre qu'un pays qui accorde l'habilitation "Secret Défense" (ou son équivalent local) à des centaines de milliers de personnes ne peut plus protéger de secrets. Il existe probablement une multitude de petits Snowden dépourvus de toute propension au whistle-blowing (lancer l'alerte), mais qui pourraient faire le choix plus rémunérateur du chantage ou de l'espionnage économique pour un concurrent. Les sociétés américaines qui fournissent des services de cloud se doivent de nous en protéger.

Il est entendu que l'exemple Google a été choisi en raison de sa dimension emblématique et de sa volonté d'abuser d'un certain soft power, mais le raisonnement exprimé dans cet article pourrrait s'étendre à de nombreux autres acteurs de la Silicon Valley.

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