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Priorité à l'indépendance

Les commentaires émis par certains ténors du Parti québécois depuis l'élection du 7 avril laissent penser qu'à ce jour, une partie de l'élite péquiste n'arrive toujours pas à s'extirper de l'impasse intellectuelle et politique dans laquelle elle s'enfonce depuis plusieurs années.
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Les commentaires émis par certains ténors du Parti québécois depuis l'élection du 7 avril laissent penser qu'à ce jour, une partie de l'élite péquiste n'arrive toujours pas à s'extirper de l'impasse intellectuelle et politique dans laquelle elle s'enfonce depuis plusieurs années. Cette impasse nait de deux éléments fondamentaux: d'abord, la peur de perdre un prochain référendum, décuplée par la certitude que les conditions d'une victoire référendaire ne sont pas réunies. Ensuite, la volonté de gouverner à tout prix, c'est-à-dire sans avoir au préalable fait une proposition indépendantiste aux Québécois, puisqu'on pense qu'une telle proposition serait un insurmontable handicap électoral.

Un troisième élément s'ajoute et cautionne cette quête du pouvoir provincial, en permettant au PQ de conserver tant bien que mal son identité souverainiste: la thèse du "bon gouvernement" péquiste qui nous rapprocherait de l'indépendance.

En agissant selon ces prémisses, c'est-à-dire en se présentant sous pavillon souverainiste tout en évitant de s'engager dans une démarche indépendantiste concrète, le Parti québécois est devenu le fossoyeur de sa propre pertinence. D'une part, il ne parvient plus à rassembler les indépendantistes, et d'autre part, il continue de repousser les non-indépendantistes. Même si le passage de la direction Boisclair à la direction Marois, jumelé à un gouvernement Charest usé et croulant sous les scandales, a pu permettre au PQ de prendre le pouvoir à l'arraché en 2012, il n'aura fallu que dix-huit mois et l'arrivée de Philippe Couillard pour que l'effritement de la base péquiste reprenne là où il s'était provisoirement arrêté.

Pourtant, de nombreux commentateurs ont affirmé que la défaite du Parti québécois était due à une sorte de psychose référendaire imputable à la sortie indépendantiste, poing levé, de Pierre Karl Péladeau. Cette affirmation doit être tempérée. Certes, le PQ s'est trouvé sur la défensive face à la cabale anti-référendaire d'adversaires trop heureux de mettre en lumière l'immense malaise dont il faisait preuve lui-même sur cette question. Cependant, la courbe des sondages montre que la glissade du PQ ainsi qu'une montée correspondante du PLQ avaient commencé quelques semaines avant la sortie de M.Péladeau, à tel point que les libéraux étaient déjà en avance au moment de l'entrée en scène de ce dernier. De plus, le PQ a passé la campagne à dire, répéter et jurer sur tous les tons qu'il était absolument hors de question qu'il organise un référendum avant la semaine des quatre jeudis.

On peut toujours prétendre qu'un monstre imaginaire a fait perdre le PQ. Mais il est beaucoup plus sûr de s'en tenir à un constat objectif de ce que fut la campagne péquiste: une proposition de gouvernance strictement provinciale, agrémentée d'un bref soubresaut indépendantiste suivi d'une série de reculades et d'amendements effarés, et à travers cela, les bribes habituelles d'un souverainisme équivoque et contrit. C'est à cette campagne-là que doit être attribuée la défaite du 7 avril, et non pas à une campagne positive et décomplexée sur l'indépendance du Québec.

On insistera pour me répondre qu'un tel engagement condamnerait le PQ à un séjour prolongé dans l'opposition. Je n'en sais rien, mais nous pouvons tous constater que le contraire ne donne pas de bons résultats, loin s'en faut. Quand je vois où en est rendu ce parti et quand je vois stagner l'option indépendantiste après pratiquement vingt ans de silence et de dévoiement de cette grande idée vers un souverainisme qui n'est plus qu'une marque de commerce de gouvernement provincial, je ne peux pas croire qu'on ne puisse pas viser beaucoup plus haut, ni qu'on ait plus à perdre en s'assumant pleinement comme indépendantistes. Au contraire.

Faire cet état des lieux tout en étant, comme je le suis, membre d'Option nationale, n'est pas pour autant une attaque partisane. Option nationale a aussi connu une soirée électorale difficile. Nous nous y attendions, vu le départ de notre chef fondateur Jean-Martin Aussant et les quelques pas de recul que nous avons dû faire dès lors dans le développement de notre jeune parti.

Toutefois, nous représentons toujours une force militante fougueuse et bien répartie sur le territoire québécois. Le chef d'ON, Sol Zanetti, incarne bien cette relève motivée et entreprenante, qui saura jouer un rôle essentiel dans la suite des choses.

Aussi, nous avons toujours, depuis la fondation d'ON, placé l'objectif indépendantiste au-dessus de l'intérêt partisan. Cette philosophie est au fondement même de notre organisation. Elle a récemment conduit certains d'entre nous à réfléchir publiquement sur une façon d'amener Québec solidaire vers une position indépendantiste plus affirmée. C'est dans le même esprit qu'aujourd'hui, des militants d'ON écoutent attentivement ce qu'ont à dire les porte-parole péquistes en cette période de transition vers une nouvelle direction.

Le Parti québécois demeure un joueur majeur dont les décisions influent lourdement sur le destin du mouvement indépendantiste. Nous sommes donc interpellés par la possibilité, aussi ténue puisse-t-elle être, qu'il s'y opère un tournant salutaire vers un engagement indépendantiste clair et assumé. Ce tournant pourrait être aidé, déclenché ou concrétisé par une candidature à la direction qui irait dans ce sens, et pourrait être le point de départ du rassemblement tant souhaité des forces indépendantistes. Sans présumer d'un tel aboutissement des choses, le simple fait qu'il puisse y avoir débat sur cette question, doit nous intéresser.

C'est dans cette optique que j'annonce aujourd'hui ma réflexion quant à une possible candidature de ma part à la direction du Parti québécois. Cette démarche, je le précise, n'engage pas les membres d'Option nationale; mais je l'entreprends certainement dans l'esprit qui anime ce parti. Le principe qui me guidera au cours de cette réflexion est fort simple: si le débat qui s'amorce, et si d'autres candidatures pressenties ou avérées, n'annoncent pas le virage indépendantiste que nous sommes nombreux à souhaiter, je conclurai à la nécessité d'officialiser ma candidature.

Nous devons tout faire pour sortir le mouvement indépendantiste de l'attentisme. Le Québec mérite une proposition d'indépendance franche, moderne et rassembleuse.

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