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«Je fais tout mon possible pour sourire et pour montrer que je vais bien, et pourtant...»

Une des phrases que j'entends (ou que je lis) le plus souvent quand un ou une jeune s'isole, c'est : « Je fais tout mon possible pour sourire et pour montrer que je vais bien et pourtant, personne ne se rend compte à quel point je souffre à l'intérieur. »
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Au sein d'un organisme comme Jeunesse, J'écoute, ce n'est pas rare de parler avec des jeunes qui pensent au suicide. Il arrive que ces jeunes gens aient déjà parlé de cette situation à leurs parents, et qu'ils appellent notre ligne dans le but d'avoir un soutien supplémentaire. Dans d'autres situations, il arrive que ces jeunes gens appellent une ligne anonyme et confidentielle parce qu'ils ne veulent pas que personne sache qu'ils ou elles pensent au suicide. Il ou elle souhaite garder le secret. Pour nous, comme intervenants chez Jeunesse, J'écoute, c'est une immense chance de pouvoir travailler « dans le secret » avec ces jeunes qui vivent de l'isolement en lien avec leurs pensées suicidaires.

Plus précisément, on me pose souvent la question : « Mais où sont-ils, les parents ? » Parfois, on accuse les parents de toutes sortes de défauts et parfois, ce sont les parents eux-mêmes qui se culpabilisent. J'aimerais clarifier quelque chose de très important : ces accusations et ces culpabilisations n'ont pas lieu d'être, en dépit qu'elles soient parfois notre première réaction émotive. J'explique...

Une des phrases que j'entends (ou que je lis) le plus souvent quand un ou une jeune s'isole, c'est : « Je fais tout mon possible pour sourire et pour montrer que je vais bien et pourtant, personne ne se rend compte à quel point je souffre à l'intérieur. » On voit tout de suite la contradiction. C'est impossible que la famille sache que ça va mal si l'enfant met tout à l'œuvre pour leur montrer que ça va bien ! Faire la démonstration de cette contradiction auprès du jeune peut parfois être un long processus d'intervention, mais, à la fin, il ou elle est toujours surpris d'apprendre que ni les amis, ni les intervenants à l'école, ni les parents ne sont capables de deviner leurs secrets. L'apprentissage à la communication est un processus normal que tous les adolescents vivent. Et ce processus se vit également lorsqu'il y a des pensées suicidaires. Ces jeunes gens qui vivent de la détresse veulent de tout cœur que leurs parents comprennent leurs souffrances. Ce n'est pas surprenant que la question suivante sera : « Veux-tu me donner des trucs pour en parler à mes parents ? »

Une autre phrase que j'entends souvent lorsque les jeunes qui ont des pensées suicidaires s'isolent, c'est : « Mes parents m'aiment tellement et me disent tout le temps qu'ils sont fiers de moi. S'ils savaient à quel point je ne vais pas bien, j'ai peur qu'ils ne voudraient plus de moi. » On le dit souvent, les pensées suicidaires sont souvent accompagnées d'un sentiment de honte et parfois aussi d'un manque d'estime de soi. Le regard de l'autre devient effrayant et par conséquent, on peut vouloir le fuir. À cette étape, je pose beaucoup de questions sur les parents. Je demande de décrire leur personnalité, leur amour. Presque 100% du temps, le jeune fait alors l'éloge de leur mère et de leur père. Il admet les aimer beaucoup, avoir besoin d'eux. C'est à ce moment que je leur dis : « Wow ! J'ai l'impression que tes parents sont vraiment des bonnes personnes et qu'ils t'aiment beaucoup. » Il ou elle acquiesce. J'en rajoute: « J'ai l'impression que tes parents t'aiment et ne vont jamais te laisser tomber, même si des fois ça va un peu moins bien. Tu en penses quoi ? » Des fois j'entends un soupir de soulagement, parfois il y a des pleurs. Parfois la réaction est plus rationnelle : «Tu as raison, ça serait mieux que je leur en parle.» La honte, c'est fort, mais l'amour inconditionnel, encore plus...

On le dit souvent : les pensées suicidaires, c'est un appel à l'aide. C'est essentiel pour les jeunes d'avoir l'aide des personnes qui les aiment le plus au monde : leurs parents. Je suis honoré, en tant qu'intervenant anonyme à Jeunesse, J'écoute, de faire partie du réseau de soutien.

Jeunesse, J'écoute est disponible 24/7 pour tous les jeunes de cinq à 20 ans, quel que soit le problème. Par téléphone : 1-800-668-6868 ou en ligne : jeunessejecoute.ca

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