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Dans le champ du symbolique et de l'intangible, on pourrait avancer que le PQ tolère peu qu'on le double par la gauche.
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Le Québec ne cherche plus à se définir dans ses choix de société tant il passe de temps à hésiter à se trouver une identité nationale.
Mathieu Belanger / Reuters
Le Québec ne cherche plus à se définir dans ses choix de société tant il passe de temps à hésiter à se trouver une identité nationale.

Maintenant que le ciel est tombé sur la tête des péquistes, ils sont nombreux à se demander si une alliance avec Québec solidaire ne serait pas la bienvenue. Remarquez, la question avait déjà été posée au printemps 2017 et on sait bien ce qu'il était advenu de cette possibilité.

Au PQ, l'heure est aux supputations et on se livre à un calcul mathématique. Les 17% de vote de QS additionné aux 16% du PQ auraient pu les conduire ensemble aux portes du pouvoir. Mais il est un peu simpliste de voir les choses ainsi. Parce qu'il y a, dans ces 17%, certainement des gens qui n'auraient pas voté, n'eût été de l'existence du parti de gauche. En plus, une campagne électorale avec Manon Massé, en arrière-fond de Jean-François Lisée, n'aurait pas assuré autant de voix à QS. Il n'en reste pas moins que l'existence de ce parti fait mal aux péquistes. Cela explique la hargne manifestée par le maintenant ex-chef du PQ à une semaine du vote. C'est un sentiment que certains péquistes éprouvent volontiers quand il est question de QS.

Chez les solidaires, il existe aussi un sentiment semblable, fait de colère, à l'encontre du PQ. Les deux partis, qui jouent dans les mêmes talles, ne s'aiment pas. Ils se disputent, pensent-ils, la même clientèle. Mais il y a plus, qui tient à la manière qu'ils ont, chacun de leur côté, de percevoir leur objectif politique en réponse à ce que leur semblent être les besoins actuels du Québec.

Le PQ reproche évidemment à QS d'être indépendantiste de façon trop molle, de ne pas tout sacrifier à cet idéal. En plus, il est trop à gauche pour fédérer largement les tenants de l'indépendance, puisque celle-ci ne peut se faire seulement avec des gens de droite ou de gauche. Cela prend une coalition des deux factions. Après la constitution d'un pays normal, ces préférences idéologiques reprendront. Pour le moment, il faut mettre un couvercle sur la marmite idéologique. Si bien que de se camper aussi résolument à gauche et d'être indépendantiste en plus, comme le fait QS, nuit au PQ.

Dans le champ du symbolique et de l'intangible, on pourrait aussi avancer que le PQ tolère peu qu'on le double par la gauche. Il s'est toujours targué d'être social-démocrate, de faire partie de l'avant-garde politique, d'en être la plus concrète manifestation. Et voilà qu'un autre parti se mêle de lui contester ce rôle, de mettre le doigt sur ce que cette prétention peut avoir de vain. Car, enfin, que retient-on du PQ des quelque quinze dernières années. De la courte gouvernance de Pauline Marois, c'est l'épisode de la Charte des valeurs qui émerge comme souvenir. Si l'on creuse plus loin dans le passé, c'est le retour à l'équilibre budgétaire et le départ à la retraite de nombreux employés de l'état qui nous revient en tête. Des épisodes que l'on ne peut certes pas qualifier d'exemples de gouvernance sociaux-démocrates.

De plus, répliqueraient les solidaires, les cinquante ans d'existence du PQ, porté par sa stratégie de coalition parapluie, ne nous ont pas menés à la souveraineté. Pas plus que ne l'ont fait les deux référendums. Et pas plus que ne l'a assuré la recherche de l'équilibre dans les finances de la province, que Lucien Bouchard voyait comme un préalable à l'établissement du pays. Pendant ce temps, le néo-libéralisme fleurit et le PQ continue de chercher la voie qui puisse le mener à simplement tenir un référendum. Pendant ce temps, le Québec ne se voit offrir que des solutions de droite ou de centre droit et la gauche attend le grand soir qui chantera pour reprendre du galon.

Pour QS, la sempiternelle opposition indépendantisme/fédéralisme a littéralement plombé la politique québécoise. Et sans aucun résultat probant, sinon le coup de force de 1982. À quoi bon ce nœud gordien que les Québécois ne semblent pas vouloir donner de solution? Pendant ce temps, la gauche se fait systématiquement larguer par le PQ qui recentre ses politiques quand approche le moment des élections. Obnubilé par le manichéisme indépendance/fédéralisme, le Québec ne cherche plus à se définir dans ses choix de société tant il passe de temps à hésiter à se trouver une identité nationale. De plus, l'indépendance est un épouvantail que peut agiter le PLQ pour parvenir à s'installer au pouvoir. Et il le fait à répétition. Pourtant, à l'intérieur du cadre fédératif, certains choix sont possibles, certaines décisions peuvent être prises, certains coups de barre peuvent être donnés. QS veut en offrir la possibilité au peuple québécois. Le parti perçoit le PQ comme celui qui n'a cessé de remettre ces choix au lendemain. Comme celui dont le programme politique a tant accaparé l'horizon que plus aucune question ne peut être posée hors de celle qui ferait de la province un état souverain.

C'est la social-démocratie contre l'indépendance. Car ce n'est pas tout d'avoir un pays. Il faut savoir quel type de pays l'on veut. Quel type de société serait possible pour nous? Et peut-elle être en partie réalisée dans les limites assez larges que nous donne le cadre fédéral?

À cette question du type de pays que l'on veut, QS sait répondre. Le PQ, quant à lui, n'aura de réponse à donner qu'au lendemain d'un référendum qu'il aura gagné.

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