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Pourquoi les enfants mentent-ils?

Tous les humains mentent, et ce, au moins deux fois par jour. Que ce soit pour éviter un rendez-vous, une réunion ou encore couvrir un oubli. Mais qu'en est-il des enfants? Pourquoi mentent-ils?
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Ce qu'il faut savoir sur le mensonge

Tous les humains mentent, et ce, au moins deux fois par jour. Que ce soit pour éviter un rendez-vous, une réunion ou encore couvrir un oubli. Nous mentons tous plus ou moins fréquemment et à nos enfants aussi!

Ne vous est-il pas déjà arrivé de leur dire que vous n'aviez plus de chocolat ou de leur dire que vous avez une réunion importante qui vous empêche de vous libérer pour la journée de bénévolat à la bibliothèque de l'école? Allez, avouez! Vous avez bien menti quelques fois à vos enfants. Non? Quoi? Sérieusement? Ja-mais? Alors, vos enfants ne croient ni au père Noël, ni à la fée des dents, ni au Lapin de Pâques? Ils savent que votre sauce à spaghetti contient tous ces légumes et que les dessins et bricolages qu'il vous a offerts sont passés au recyclage? Allons!

Ne culpabilisez pas, il est tout à fait humain de mentir. Nous mentons pour éviter de souffrir nous-mêmes, de faire souffrir les autres ou pour mieux paraître. Est-ce bien? Est-ce mal? Je ne suis pas là pour en faire l'éloge ou pour diaboliser le mensonge. C'est à chacun de faire son propre questionnement personnel et établir ses propres valeurs et vivre en résonance avec elles.

Pour ma part, je prône l'honnêteté en ce sens où je m'efforce d'être le plus honnête possible même lorsque c'est difficile, souffrant ou que je risque de perdre la face. C'est tout un défi, mais ce défi porte ses fruits avec mes enfants. Est-ce que j'y parviens toujours? Absolument! (C'est le premier et seul mensonge que vous trouverez dans ce billet.)

Mais qu'en est-il des enfants? Pourquoi mentent-ils? Il faut savoir qu'à différents stades de développement, les enfants ont recours au mensonge pour différents motifs:

  • de 3 à 6 ans : parce qu'ils confondent le réel et l'imaginaire;
  • de 7 à 12 ans : par peur de la souffrance ou pour exprimer un désir;

3-6 ans : Confusion du réel et de l'imaginaire ou la fabulation

Au cours de cette période, l'enfant exprime ses désirs en les racontant comme étant des situations bien réelles. Comme dans ses jeux de «faire semblant que je suis...» et dans les discussions avec son ami imaginaire. Une impression que ce désir imaginé devient, pour un instant, une réalité. Un désir d'avoir plus de pouvoir, d'avoir un chien, de ne plus avoir de petit frère...

Expression de ses rêves

Ce ne sont pas des mensonges à proprement parler, mais plutôt des fabulations qui expriment ses désirs, ses envies, ses manques et ses besoins. Ces fabulations sont utiles au développement de sa psychée. Évidemment, dans un contexte familial, il sera utile que l'enfant soit accompagné pour qu'il puisse apprendre à exprimer ses rêves de telle manière qu'ils ne seront pas exprimés comme une réalité, mais bien comme un rêve.

Par exemple, lorsque Nils raconte qu'il y a un gros requin dans la piscine de chez papi, peut-être aime-t-il se faire peur en imaginant des requins au fond de la piscine ou qu'il aimerait bien que son père se fasse punir par un requin ou encore qu'il aimerait partir à la pêche. C'est ce désir que nous devons tenter de découvrir plutôt que de simplement lui lancer qu'il ment. Essayez des variations comme : «Tu aimes t'imaginer qu'il y a de gros requins dans la piscine? Et, d'après toi, pour quelle raison le requin devrait-il croquer un pied de papa?»

Ami imaginaire

Pour certains enfants, la fabulation prend aussi la forme d'un ami imaginaire qui vient l'apaiser, le sauver ou combler sa solitude. Il peut lui parler de ses tourments et de ses inquiétudes et l'impression qu'il est accompagné pourra l'aider à faire face à ses difficultés passagères.

Cet ami imaginaire prend parfois la forme d'un ami de son âge sur qui il pourra rejeter le blâme d'une bêtise et, d'autres fois, il ressemble plutôt à une grande sœur, un grand frère, une tante, une mamie. C'est une figure rassurante et protectrice sur lequel il projette ses expériences et ses sentiments.

Cette création de son esprit n'est pas un signe de folie, et ce, bien qu'elle puisse vous sembler étrange. Inutile de lui dire que cet ami n'existe pas. Entrez dans le jeu : demandez à votre enfant de lui faire de la place dans la voiture, demandez à cet ami imaginaire de collaborer parce que c'est l'heure de partir à la garderie. Ne vous inquiétez pas, cet ami disparaîtra de lui-même vers 6 ans.

7 à 12 ans : Par peur de la souffrance

À cet âge, la raison se développe. Les enfants distinguent le bien du mal et ils sont conscients de leurs mensonges dans le sens où ces derniers ne se confondent plus avec le monde imaginaire. À ce stade, les mensonges ont d'autres fonctions : l'évitement de la souffrance ou l'expression d'un désir.

L'enfant souhaite éviter de souffrir lui-même par peur de punition de la part de ses parents ou de souffrir d'être rejeté ou de se sentir inintéressant aux yeux des autres. Il souhaite aussi éviter de voir les autres souffrir par sa faute, par la vérité qu'il pourrait livrer parce qu'on lui a appris que les méchants enfants font souffrir les autres. En évitant la souffrance aux autres, il n'a pas l'impression d'être méchant.

Peur de décevoir les parents

Les enfants sont sensibles aux émotions de leurs parents. Ils savent très bien ce qui est une occasion de peine ou de chagrin pour maman et papa. Par exemple, un enfant de parents nouvellement séparés pourrait mentir sur la présence d'un nouveau conjoint de sa maman pour éviter de voir son papa triste.

Votre réaction ressemble probablement à «Mais pourquoi fait-il cela? Il sait bien que je vais finir par savoir! Je vais croiser sa mère un bon jour.»

Tout simplement parce qu'ils n'anticipent pas à long terme. Les enfants sont dans l'ici-maintenant. Revoyez la façon dont vous réagissez face aux «mauvaises nouvelles». Si vous avez tendance à être réactifs (Ah! j'aurais aimé mieux ne pas le savoir!), vos enfants ont sans doute peur d'être la cause de votre souffrance.

Ne le grondez pas pour avoir dit ce qu'il pensait. Guidez-le plutôt sur la façon plus appropriée d'exprimer sa pensée et développer son empathie.

Peur de décevoir les autres

Pour plaire aux autres, on leur apprend vite à ne pas dire la vérité même si elle sort de leur bouche. Quelle a été votre réaction lorsque votre enfant a répondu à tatie qu'il n'aimait pas sa cuisine? Quand il a dit à mamie qu'il n'aimait pas le cadeau offert pour son anniversaire? Je parie que vous vous êtes écrié : «Ce n'est pas gentil de dire ça! On ne dit pas ces choses-là!»

À ce moment précis, votre enfant a appris que toute vérité n'était pas utile à dire. N'ayant pas de filtre pour déterminer ce qui doit être retenu, n'ayant pas l'esprit assez vif pour esquiver une question de style : «Alors, ce jouet, tu l'aimes?» Il a appris à mentir pour plaire.

Aidez-le à formuler ses goûts, ses préférences et ses désirs de manière constructive. Ne le grondez pas pour avoir dit ce qu'il pensait. Guidez-le plutôt sur la façon plus appropriée d'exprimer sa pensée et développer son empathie : «Si je n'aimais pas un dessin que tu m'offrirais, aimerais-tu que je te dise qu'il est affreux?»; «Comment souhaiterais-tu que je te le dise?»; ou encore «Bien que tu n'aimes pas le cadeau, est-ce que tu aimes que Mamie ait pensé à toi?»

Peur de se faire gronder ou punir

Vos enfants savent ce qui leur méritera une punition. Et, avouons-le, personne n'aime se faire prendre à défaut et être puni. Si c'était le cas, nous n'aurions pas besoin de policiers puisque tous les fautifs de la route se rendraient directement au bureau des contraventions en avouant avoir brûlé un feu rouge, payeraient l'amende et rentreraient chez eux. Alors, s'il y a un moyen d'éviter une punition, l'enfant comme l'adulte optera pour l'utiliser.

Évidemment, aujourd'hui, lorsque vous faites une bêtise, vous disposez de moyens constructifs pour la réparer: vous remboursez les dommages causés, vous discutez de la situation avec honnêteté avec les personnes concernées, vous assumez vos décisions même si elles déplaisent. L'enfant, lui, n'a pas cette maturité et surtout, il n'a peut-être pas eu l'occasion d'expérimenter ces moyens constructifs s'il est puni.

Tout comme moi, vous savez bien que vos enfants vous mentent. La question est de savoir si vous devez vous battre avec eux pour obtenir toujours et chaque fois la vérité.

Plutôt que de vous emporter et de le mettre en retrait, de lui faire la morale, de le priver de dessert ou de temps de jeu, essayez de rester calme. Tentez plutôt de comprendre les motivations derrière son geste et accompagnez-le pour qu'il puisse, dans un premier temps, réparer son geste et, dans un deuxième temps, qu'il trouve une alternative à ce geste si l'occasion se présentait à nouveau. De cette façon, il saura que, bien que vous l'approuvez pas ce qu'il a fait, il pourra se tourner vers vous pour que vous l'accompagniez à corriger la situation et apprendre pour l'avenir.

Peur de perdre la face ou d'être inintéressant aux yeux des autres

Au cours de cette période, l'enfant aime sentir qu'il fait partie d'un groupe et il s'identifie à ses pairs. Il comprend son rôle et cherche à se valoriser pour être accepté. Il n'est donc pas surprenant de le voir magnifier ses résultats sportifs ou trouver une excuse bidon pour un mauvais jeu. Afin de se montrer intéressant, il est possible qu'il invente des histoires rocambolesques, des aventures loufoques qu'il dit avoir vécues et qu'il ajoute certains faux détails à votre dernier périple familial pour épater la galerie.

Embellir occasionnellement la vérité est une chose. Se valoriser personnellement en racontant des histoires montées de toutes pièces devrait vous amener à investiguer davantage. Il est fort possible que votre enfant n'ait que très peu de confiance en lui, et ce, pour différentes raisons qu'il sera utile d'identifier afin de l'aider à s'épanouir sainement. Une aide professionnelle pourrait vous être utile dans cette situation. N'hésitez pas à consulter.

Toute la vérité, rien que la vérité?

Évidemment, tout comme moi, vous savez bien que vos enfants vous mentent. La question est de savoir si vous devez vous battre avec eux pour obtenir toujours et chaque fois la vérité. La réponse est non. Maurice Berger, pédopsychiatre, insiste sur ce point : « L'enfant fait l'expérience que ses parents ne peuvent pas lire dans ses pensées. Il constate qu'il n'est pas aussi transparent qu'il le croyait, qu'il a une pensée autonome et qu'il peut être secret.» Le mensonge occasionnel sert donc aussi à établir des frontières et augmenter la confiance en soi.

  1. Respirer un bon coup et rester calme : vous énervez sera une occasion supplémentaire pour votre enfant de mentir; restez calme et tentez de comprendre ses motivations et son point de vue.
  2. Fermez la porte au mensonge : ne posez pas de questions pièges pour mesurer l'honnêteté de votre enfant; discutez de la situation avec lui.
  3. Valorisez l'honnêteté : reconnaissez-lui tout le courage dont il a su faire preuve pour dire la vérité; il faut une confiance en soi pour être honnête.
  4. Encouragez la réparation : évitez la punition; lorsque c'est possible, offrez-lui la possibilité de poser un geste réparateur ; autrement, discutez avec des effets de son mensonge sur lui, sur les autres et sur son environnement; voyez comment il entend éviter ce genre de situation à l'avenir.
  5. Démontrez-leur votre amour : assurez-vous que votre enfant sache que vous l'aimez inconditionnellement malgré les gestes inacceptables qui ont été posés. «Bien que je n'approuve pas du tout ton comportement, bien que je n'aime pas ce que tu as fait, je t'aime, toi.»
  6. Soyez un exemple : gardez en tête que vos enfants ne vous écoutent peut-être pas, mais il vous observe et vous imite.

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