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Pour une politique d'immigration juste

Le problème de l'Europe aujourd'hui n'est pas tant une question d'intégration économique des immigrants. Au contraire, le défi est surtout de savoir si l'Europe a les moyens d'assimiler un tel afflux massif de nouveaux arrivants.
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Dans sa lettre publiée dans La Presse le 26 avril dernier, Jocelyn Coulon, le Directeur du réseau de recherche sur les opérations de paix, propose quelques solutions au problème des migrants clandestins auquel sont confrontés les États européens aujourd'hui. L'essentiel de l'argument de M. Coulon stipule que les pays du Nord, au lieu de «verrouiller les frontières», devraient «reconnaître leurs besoins en main-d'œuvre peu payée et faciliter l'immigration légale des migrants dès leurs pays d'origine», rappelant au passage que contrairement aux clichés véhiculés, «les migrants trouvent du travail, celui que nous ne voulons plus ou ne voulons pas».

Je suis d'accord avec Jocelyn Coulon pour dire que la majorité des immigrants, qu'ils soient très instruits ou pas, finissent tôt ou tard par se trouver du travail, comblant ainsi des postes délaissés par le reste de la population. Mais le problème de l'Europe aujourd'hui n'est pas tant une question d'intégration économique des immigrants. Au contraire, le défi est surtout de savoir si l'Europe a les moyens d'assimiler un tel afflux massif de nouveaux arrivants.

Immigrer est une entreprise difficile, peu importe les raisons qui poussent des gens à quitter leurs pays d'origine. Immigrer, c'est faire le choix de laisser derrière soi une partie de son identité. C'est choisir de vivre dans un autre pays dont les mœurs, les lois, la langue et le mode de vie nous sont étrangers. C'est aussi accepter de faire tous les efforts nécessaires pour s'assimiler au pays d'accueil. C'est-à-dire accepter de vivre comme le reste de la population. Certes, chaque citoyen a sa propre individualité et ses routines. Cependant, pour qu'une société fonctionne harmonieusement sans sombrer dans les dérives communautaristes, tout nouvel arrivant doit se conformer aux lois du pays et à sa tradition. Sur le plan pratique, cela veut dire, entre autres choses, apprendre la langue, connaître et respecter les lois, se renseigner sur l'histoire du pays, etc. Bref, la question de l'immigration ne peut pas se réduire à un simple enjeu économique lié au marché de l'emploi.

Aujourd'hui, c'est un leurre que de dire que les frontières de l'Europe sont «verrouillées». Au contraire, l'Europe est l'un des endroits, si ce n'est le seul endroit au monde où l'on peut entrer aussi facilement (même si cela n'est pas écrit sur papier par la Commission européenne). Aujourd'hui, il suffit aux migrants de poser un pied sur l'île de Lampedusa pour avoir la (quasi) certitude de demeurer dans l'espace Schengen. Si tous les immigrants risquaient leurs vies pour vivre dans un autre pays en y acceptant les lois, les traditions, la culture et la langue, l'Europe ne serait probablement pas confrontée aux défis actuels. C'est que, parmi ces milliers d'immigrants qui traversent la Méditerranée, certains veulent vivre pour améliorer leur sort matériel et s'assimiler au pays d'accueil. Malheureusement, il y en a d'autres aussi qui veulent simplement sortir de la pauvreté, sans pour autant se conformer aux lois et coutumes du pays d'accueil. En abordant la question de l'immigration dans une perspective strictement économique, on banalise la nécessité de sélectionner les immigrants en fonction de leur capacité à s'assimiler.

L'Europe est bien plus qu'un grand marché. La France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas sont bien plus que des espaces territoriaux avec des frontières. Ce sont des pays qui ont une histoire, une culture, des langues et des traditions qui méritent d'être respectées et protégées. La défense de celles-ci ne signifie pas l'immigration zéro, bien au contraire. Cela veut dire faire un tri des immigrants, et n'accepter que ceux ayant la volonté et le potentiel de s'assimiler. Mais pour cela, il faut que l'Europe envoie un message clair à tous ces milliers (voire ces millions) de personnes tentées par la traversée méditerranéenne. Il est urgent qu'elle leur fasse savoir que seule l'immigration légale constitue une porte d'entrée en Europe. Le respect des lois est juste, tant pour les immigrants que pour les Européens. Et, bien qu'il soit tout à fait louable d'avoir le cœur généreux et faire preuve d'hospitalité, les pays du Nord ne peuvent pas accueillir chez eux toute la misère du monde. Et puis, n'est-ce pas plutôt condescendant envers les migrants que de les aider, depuis leurs pays d'origine, à immigrer en Europe dans le seul but de combler des besoins en main-d'œuvre peu payée?

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