Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Pendant ce temps, nous avions les mêmes inquiétudes, le même ennui et ce même besoin que tout se passe bien. Pendant ce temps, on s’est retrouvé à égalité dans la même réalité.
d3sign via Getty Images

«Miss Rebelle: mon journal en temps de pandémie»: l’éducatrice et auteure Anick Claveau nous propose chaque semaine ses réflexions en cette période tout sauf normale...

Des fois, j’me dis que tout ça nous aura rapprochés.

Parce que pendant un p’tit moment, on s’est éloigné de notre individualisme. On aura pris du temps pour l’autre, j’aurai pris du temps pour toi. J’me serai dit que c’était important pour toi de savoir que tu pouvais compter sur moi. Pendant ce temps, j’aurai pris de tes nouvelles plus souvent sans me dire que ça pouvait attendre à ce soir, à demain, à samedi après-midi.

Parce que pendant ce temps, on s’est privé de tout ce superflu qu’on consomme parce qu’on se sent obligé.

On a cette tendance à se convaincre qu’on est les seuls à ne pas voyager, à ne pas aller au restaurant, à ne pas afficher de beaux ongles et des vêtements griffés. Pendant ce temps, je n’ai pas vu sur Instagram tes photos qui me font sentir à part et j’me suis sentie bien de croire que nous n’étions pas différents.

Parce que pendant ce temps, nous avions les mêmes inquiétudes, le même ennui et ce même besoin que tout se passe bien.

Parce que pendant ce temps, on s’est retrouvé à égalité dans la même réalité. Les riches n’avaient aucun passe-droit, les pauvres n’étaient pas laissés pour compte, les forts et les faibles sur le même fil de départ, cherchant à rejoindre le même fil d’arrivée, avec le même hasard qui décidait lequel de nous deux allait allaient trébucher.

“Pour une rare fois, nous faisions tous partie du même clan, témoin du même message, soumis au même traitement.”

Pendant ce temps, j’étais sur le même parcours que toi, à respecter les mêmes consignes, à me confronter aux mêmes obstacles, comme si on se connaissait depuis toujours, alors que je ne t’ai jamais vu.

Parce que pendant ce temps, nous étions le même peuple, un seul peuple.

Peu importe l’origine ethnique, le statut de résident ou d’immigré, peu importe ta langue ou ton Dieu, nous étions fidèles à la même conférence de presse, à l’affût de chaque statistique, concernés par les mêmes enjeux.

J’étais là et toi aussi, et pour une rare fois, nous faisions tous partie du même clan, témoin du même message, soumis au même traitement.

Pendant ce temps, nous nous sommes ouverts à l’autre plus que jamais malgré l’isolement, nous nous sommes tous compris malgré notre langue qui diffère, et un jour, quand tu raconteras tout ça, tu pourras dire que pour une fois, les gens autour de toi n’avaient ni couleur, ni frontière, ni statut social.

Tu raconteras que j’étais là aussi et que nous étions tous sur le même point d’égalité à tenter de combattre le même danger.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.