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Pour Margaret Atwood, droits des femmes et urgence climatique ne font qu'un

L'autrice de «La servante écarlate» insiste, ici, sur l'un des grands aspects du mouvement qu'est l'écoféminisme.
Margaret Atwood est l'autrice du livre dont s'est inspiré la série «Handmaid's Tale», en français «La servante écarlate».
Barcroft Media via Getty Images
Margaret Atwood est l'autrice du livre dont s'est inspiré la série «Handmaid's Tale», en français «La servante écarlate».

Bien qu’avéré, le changement climatique n’a pas encore convaincu toute la planète. Cette situation, Margaret Atwood ne la tolère pas. Pourquoi? L’autrice féministe et écologiste, à qui l’on doit entre autres La servante écarlate, pense que les droits des femmes et la défense de l’environnement sont étroitement liés.

«Il existe toute une nouvelle génération vigoureuse au sein du mouvement contre le changement climatique qui, je pense, est très importante», a confié l’écrivaine canadienne de 80 ans dans une interview filmée par France 24, jeudi 20 février. Comme Greta Thunberg, nombreuses sont les femmes du monde entier à avoir rejoint le mouvement.

Nier l’urgence climatique revient à refuser l’existence de toutes ces nouvelles voix, selon elle. «En cela, c’est très connecté aux droits des femmes, insiste la romancière. Donc, les gens qui veulent faire taire les femmes prétendent aussi qu’il n’y pas de crise écologique.»

Ce n’est pas la première fois qu’elle tient ce genre de propos. Au mois de mai 2018, elle avait notamment assuré dans le Guardian que les femmes seraient les personnes les plus touchées sur Terre par le changement climatique.

L’écoféminisme, un courant hérité des années 1970

Elle n’est pas la seule à penser de la sorte. Cette théorie est largement partagée au sein du mouvement qu’est l’écoféminisme. Né dans les années 1970, il est aujourd’hui encore méconnu du grand public, malgré la démocratisation opérée par certaines de ses leadeuses, comme la jeune activiste suédoise de 17 ans.

«Plus je lis sur la crise du climat, plus je réalise à quel point le féminisme est crucial, avait-elle écrit sur Twitter au mois de mars 2019. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde durable sans égalité entre les genres et les personnes.»

C’est une écrivaine française, Françoise d’Eaubonne, qui la première a introduit ce terme de «féminisme écologique» en 1974 pour «attirer l’attention sur le potentiel des femmes à mener une révolution écologique», note l’encyclopédie de l’université de Stanford.

Les femmes, plus vulnérables que les hommes au changement climatique

«La thèse fondamentale de l’écoféminisme, c’est de soutenir qu’il y a des liens indissociables entre domination des femmes et domination de la nature, ou entre capitalisme écocide et patriarcat. Que ce sont les deux facettes de la même médaille, du même modèle de civilisation qui s’est imposé historiquement», explique auprès de Slate la professeure de philosophie spécialiste du sujet Jeanne Burgart Goutal.

L’un des concepts forts du mouvement est celui du «reclaim», qu’on peut définir comme un mouvement de réinvention et réappropriation. Il caractérise à la fois une réinvention de l’histoire, de la nature, et à la fois une réhabilitation de ce qui est habituellement caractérisé de «féminin» et qui a longtemps été associé uniquement aux femmes.

Comme l’a rappelé Margaret Atwood, il faut savoir que globalement les femmes sont plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique que les hommes. «Sécheresses, désertification, inondations sont aussi autant de menaces sur les activités agricoles dont les femmes ont majoritairement la charge, alors même qu’elles produisent dans certains pays jusqu’à 80 % de l’alimentation. Quand une catastrophe naturelle frappe une région, le risque de décès est 14 fois plus élevé pour les femmes», selon l’ONU.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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