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La pollution de l'air tue plus que le tabac, les guerres ou le sida, selon cette étude

Des chercheurs ont modélisé l'impact de la pollution atmosphérique dans le monde. Une grande partie serait évitable en diminuant nos émissions de gaz à effet de serre.

Depuis le début de l’année 2020 et son émergence en Chine, le nouveau coronavirus fait craindre une pandémie. Si cette nouvelle maladie émergente justifie des mesures exceptionnelles, une étude publiée ce mardi 2 mars dans la revue Cardiovascular Research vient rappeler un danger encore plus insidieux et important: la pollution de l’air.

Ces nouveaux travaux ont compilé plusieurs analyses, réalisées dans divers pays, via des dizaines d’études. La conclusion: la pollution aux particules fines et à l’ozone serait responsable de 8,8 millions de morts par an (en 2015). Cela veut dire que l’espérance de vie moyenne est diminuée globalement de 2,9 ans. C’est bien plus que l’impact du tabac, du sida, des guerres et de nombreuses maladies comme la dengue ou la malaria.

C’est aussi deux fois plus que ce que l’on a pensé pendant des années. C’est notamment depuis deux ans que quelques études, utilisant de nouveaux modèles mathématiques et de nouvelles données, ont commencé à donner des chiffres similaires. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont regardé l’impact de la pollution de l’air sur plusieurs catégories de maladies, des cancers du poumon aux maladies cardiovasculaires en passant par le diabète.

«Étant donné que l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé publique au global est plus important que prévu, et que le phénomène est mondial, nous pensons que ces résultats démontrent qu’il existe une “pandémie de la pollution de l’air”», a déclaré dans un communiqué Thomas Münzel, chercheur à l’université de Mayence et co-auteur de l’étude.

Comment regagner un an d’espérance de vie

Dans leur étude, les chercheurs ont comparé l’impact de la pollution de l’air avec d’autres causes connues. La pollution de l’air les écrase presque toutes; elle est ainsi devant le tabagisme, qui nous fait perdre 2,2 ans d’espérance de vie en moyenne. Les cartes ci-dessous montrent l’impact de chaque cause (le nombre d’années d’espérance de vie perdues est entre parenthèses). Plus le pays est rouge, plus la perte est importante.

Chaque carte représente un facteur de risque. Dans l'ordre de lecture: pollution de l'air, tabagisme, pollution de l'air liée aux énergies fossiles, pollution de l'air résidentielle (notamment liée au logement), Sida/VIH, maladie parasitaires ou provenant d'animaux (malaria, dengue, fièvre jaune, etc), toutes les formes de violences (conflits collectifs, interpersonnels et interventions armées)
J. Lelieveld et al. 2020
Chaque carte représente un facteur de risque. Dans l'ordre de lecture: pollution de l'air, tabagisme, pollution de l'air liée aux énergies fossiles, pollution de l'air résidentielle (notamment liée au logement), Sida/VIH, maladie parasitaires ou provenant d'animaux (malaria, dengue, fièvre jaune, etc), toutes les formes de violences (conflits collectifs, interpersonnels et interventions armées)

S’il est possible d’arrêter de fumer, on ne peut pas arrêter de respirer. Mais les auteurs de l’étude ont justement calculé la part de la pollution atmosphérique due à l’activité humaine. «Nous montrons que deux tiers des morts prématurées sont attribuables à la pollution de l’air humaine, principalement du fait des carburants fossiles», explique Thomas Münzel.

Ainsi, rien que si les émissions produites par les énergies fossiles étaient stoppées, l’espérance de vie dans le monde augmenterait de 1,1 an.

Évidemment, cette étude n’est pas parfaite. Une telle généralisation implique des approximations. Mais, rappellent les auteurs: «la méthodologie utilisée est la même que celle sur les effets sur la santé du tabagisme, de l’obésité, et ainsi de suite. Par conséquent, quelles que soient les limitations applicables à la pollution de l’air extérieur, elles s’appliquent également à d’autres facteurs de risque comme le tabagisme».

Bref, que la pollution de l’air cause plus ou moins de morts que ce qu’ont calculé les chercheurs, cela reste l’un des principaux risques à l’échelle mondiale. Et quand on sait que les émissions provenant des énergies fossiles sont également à l’origine du réchauffement climatique, cela fait deux bonnes raisons pour les réduire au plus vite.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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