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À une semaine de l'élection présidentielle américaine, la fébrilité se fait sentir des deux côtés adversaires. Et pour cause : les intentions de vote laissent présager des résultats serrés. En fait, si ces intentions actuelles devaient se matérialiser mardi prochain, l'élection serait plus que serrée : elle serait historique. On pourrait en effet assister à un phénomène d'une extrême rareté dans l'histoire des États-Unis : une victoire d'un candidat n'ayant pas obtenu le plus grand nombre de votes.
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US President Barack Obama shakes hands with Republican presidential candidate Mitt Romney at the end of the third and final presidential debate October 22, 2012 at Lynn University in Boca Raton, Florida. AFP PHOTO/Mandel NGAN (Photo credit should read MANDEL NGAN/AFP/Getty Images)
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US President Barack Obama shakes hands with Republican presidential candidate Mitt Romney at the end of the third and final presidential debate October 22, 2012 at Lynn University in Boca Raton, Florida. AFP PHOTO/Mandel NGAN (Photo credit should read MANDEL NGAN/AFP/Getty Images)

À une semaine de l'élection présidentielle américaine, la fébrilité se fait sentir des deux côtés adversaires. Et pour cause : les intentions de vote laissent présager des résultats serrés. En fait, si ces intentions actuelles devaient se matérialiser mardi prochain, l'élection serait plus que serrée : elle serait historique. On pourrait en effet assister à un phénomène d'une extrême rareté dans l'histoire des États-Unis : une victoire d'un candidat n'ayant pas obtenu le plus grand nombre de votes.

Dans le scénario de 2012, cela voudrait dire que Barack Obama, grâce au système du Collège électoral, serait réélu malgré le fait que Mitt Romney aurait remporté le vote populaire. Si vous vous adressez aux partisans des camps Obama et Romney aujourd'hui, plusieurs exprimeront une confiance sincère - et non sans fondement - qu'une telle division ne se produira pas, et que leur poulain gagnera plutôt à la fois le vote populaire et le Collège électoral.

Le pays étant aussi divisé et l'issue aussi incertaine, le résultat risque de galvaniser le côté victorieux... et s'avérer particulièrement difficile à digérer pour le côté malheureux. Une réalité pourtant élémentaire semble échapper aux purs et durs de part et d'autre: cette victoire, peu importe à qui elle revient au final, pourrait être de très courte durée.

Premièrement, au niveau de la gestion du pays, les prochains mois à eux seuls s'annoncent éprouvants. Suite à la crise sur le relèvement du plafond de la dette en 2011, le président et le Congrès ont essentiellement repoussé les choix difficiles au lendemain de l'élection. Ainsi, faute d'entente entre les élus sur le budget entre novembre 2012 et janvier 2013, environ un trillion de dollars doit être automatiquement retranché des dépenses fédérales.

S'ajoute à cela les baisses d'impôts massives promulguées par l'ancien président George W. Bush et renouvelées temporairement par le président Obama qui viennent également à échéance en janvier, menaçant ainsi les poches de l'ensemble des contribuables américains. Démocrates et Républicains profondément retranchés dans leurs coins respectifs - les premiers exigeant une hausse d'impôts afin de lutter contre le déficit, les seconds rejetant toute augmentation du fardeau fiscal - une entente n'aura rien d'aisé.

Et pourtant, cela pourrait ne servir que d'entrée au prochain président. Il y a en effet fort à parier que ce dernier devra composer avec une vive opposition au Congrès. Si Obama l'emporte, il fera face à un Parti républicain essentiellement assuré de conserver sa majorité à la Chambre des représentants. Un président Romney, quant à lui, devra se frotter à un Parti démocrate détenant soit une majorité, ou tout au moins une très forte minorité, au Sénat. En constatant comment les Démocrates du Congrès ont tout fait pour contrecarrer l'agenda du deuxième mandat du président Bush suite à sa réélection en 2004, puis comment les Républicains leur ont rendu l'ascenseur suite à l'élection de Barack Obama en 2008, même les observateurs les plus optimistes peuvent être portés à croire qu'un scénario semblable se produira à nouveau.

Au niveau politique, le parti défait en novembre 2012 pourrait rapidement effectuer un retour en force. L'histoire est claire : les élections de mi-mandat ont l'habitude d'être difficiles pour le parti contrôlant la Maison-Blanche. En 2014, cela pourrait avoir des conséquences importantes. Si Barack Obama devait s'incliner la semaine prochaine, les Démocrates, déjà susceptibles de réduire la majorité républicaine à la Chambre, pourraient aisément se retrouver dans une position où ils en peuvent espérer en reprendre les commandes deux ans plus tard.

Inversement, si Obama devait l'emporter, les Républicains pourraient ajouter à leur majorité à la Chambre en 2014 et la rendre pratiquement hors d'atteinte à court et moyen terme pour les Démocrates. Le Grand Old Party pourraient également espérer, s'il ne le fait pas déjà en 2012, reprendre le contrôle du Sénat, alors que plusieurs sénateurs démocrates potentiellement vulnérables, comme Mark Begich, Mark Pryor en Arkansas en Alaska et Kay Hagan en Caroline-du-Nord, devront faire face à l'électorat en 2014. Ainsi, la seconde moitié du mandat du prochain président pourrait s'avérer encore plus difficile que la première.

Que Barack Obama soit réélu ou que Mitt Romney soit élu, les partisans du côté victorieux seront inévitablement tentés de pavoiser. Que grand bien leur fasse - et qu'ils en profitent. Les célébrations pourraient être plus brèves qu'ils ne le réalisent présentement.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'Université du Québec à Montréal.

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