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Plan pour une économie verte: Québec investit 6,7 milliards pour réduire les GES

Québec mise sur la carotte plutôt que sur le bâton.
Paul Chiasson/La Presse canadienne

Le premier ministre François Legault et le ministre de l’Environnement Benoît Charette ont présenté lundi la feuille de route pour atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) que Québec s’est fixée pour 2030.

Le Plan pour une économie verte 2030 (PEV) prévoit des investissements de 6,7 milliards de dollars sur cinq ans afin de réduire les GES de 37,5% sous leurs niveaux de 2009 d’ici 10 ans.

La part du lion de ces investissements servira à électrifier le secteur des transports, qui représente près de la moitié des émissions de la province (43%). Le plan inclut aussi l’interdiction de vendre des véhicules neufs à essence à partir de 2035, une mesure qui avait été annoncée par le ministre Charette il y a quelques jours.

Le gouvernement espère voir 1,5 million de véhicules électriques sur les routes de la province dans 15 ans. Le premier ministre souhaite d’ailleurs que ces camions soient aussi construits au Québec, pour «créer des emplois payants».

Legault vante GNL-Québec

Questionné sur la complémentarité du PEV avec un projet comme GNL-Québec, qui émettra près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, François Legault a fait valoir que celui-ci amènera «une grosse diminution» des GES en Europe, un des marchés visés par l’entreprise.

«L’objectif du projet c’est de réduire au total sur la planète les émissions de gaz à effet de serre. Donc il y aura des endroits sur la planète où il y aura des énergies de transition qui sont pas idéales, mais qui permettent de remplacer du charbon», a avancé le premier ministre.

Le projet consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) vers d’autres marchés.

Selon les évaluations environnementales, les émissions annuelles de GNL-Québec annuleraient en un an tous les efforts de réduction des GES du Québec depuis 1990.

Les critiques fusent

Si François Legault s’est targué de présenter un plan «pragmatique et complet», son gouvernement s’attire déjà les critiques de plusieurs experts et groupes écologistes, dont Équiterre et la Fondation David Suzuki, parce qu’il n’inclut pas de mesures contraignantes.

«Ce qu’on nous présente aujourd’hui, c’est un nouvel outil, plus ambitieux que le précédent, dans le coffre du gouvernement pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la résilience du Québec. Il ne répond toutefois pas à lui seul à l’ampleur des défis que pose l’urgence climatique», a déclaré Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre par voie de communiqué.

Québec solidaire est allé jusqu’à qualifier la feuille de route de «plan beige sans aucune contrainte».

«C’est un plan que nous aurions bien reçu... il y a 20 ans», a ajouté le président de la CSN, Jacques Létourneau, par voie de communiqué, accusant le PEV de manquer «de cibles, de contraintes et d’ambition».

Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Jérôme Dupras, a déploré le fait que le plan n’atteignait que 40 % de l’objectif de réduction des émissions de GES. Ainsi, le gouvernement ne sait toujours pas ce qu’il va faire pour atteindre son objectif, a fait remarquer M. Dupras dans une entrevue téléphonique lundi. Il constate notamment que de larges champs d’action ont été omis, notamment la mise en place de mesures contraignantes pour réduire la pollution.

De son côté, la Fédération québécoise des municipalités a salué «l’ambition du gouvernement en matière d’électrification des transports», se réjouissant particulièrement de sa volonté d’accélérer l’installation de bornes de recharges publiques pour les voitures électriques. L’Union des municipalités du Québec a également accueilli «positivement» le plan, mais a toutefois rappelé qu’il «est primordial d’aller plus loin».

En conférence de presse lundi, MM. Legault et Charette ont répété à plusieurs reprises qu’ils n’avaient pas souhaité miser sur les mesures «punitives». «On souhaite davantage mobiliser la population pour cet objectif commun», a déclaré le ministre Charette.

«Ça va me permettre de regarder mes deux fils en pleine face fièrement parce qu’on aura fait des efforts pour la planète», a conclut le premier ministre Legault après avoir présenté son plan.

Avec La Presse canadienne

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