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Intervention musclée dans le métro: une plainte criminelle déposée contre les agents de la STM

Un recours civil est aussi en préparation pour étudier la question du profilage racial à la STM.
Une vidéo d'une intervention potentiellement dangereuse à la station de métro Villa-Maria soulève des questions sur les interventions de la STM auprès des personnes racisées.
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Une vidéo d'une intervention potentiellement dangereuse à la station de métro Villa-Maria soulève des questions sur les interventions de la STM auprès des personnes racisées.

Deux inspecteurs de la Société de transport de Montréal (STM) ayant mené une intervention potentiellement dangereuse dans une station de métro font maintenant l'objet d'une plainte à la police. Divers groupes lancent un nouvel appel pour une enquête indépendante.

L'événement en question s'est produit le 7 mars. Les deux inspecteurs de la STM voulaient donner un constat d'infraction à Juliano Gray, un jeune noir, pour être entré dans le métro sans payer. Le transporteur affirme qu'il a tenté de prendre la fuite, mais M. Gray plaide qu'il s'agit d'une simple erreur de sa part.

En tentant de le maintenir sur place, les deux agents l'ont frappé à coups de bâton et l'ont plaqué par terre.

L'intervention s'est produite sur le quai de la station Villa-Maria. Un train du métro est passé à un pas de la tête de Juliano Gray.

Vidéo de l'intervention musclée:

Le jeune homme est désormais épaulé par le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) pour tenter d'obtenir justice.

«Nous l'avons aidé à déposer, auprès du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), une plainte criminelle pour voies de fait contre les deux inspecteurs de la STM impliqués dans cet incident», affirme Alain Babineau, un ex-policier qui agit comme conseiller au CRARR.

Un recours civil est aussi en préparation pour répondre à des questions plus larges concernant les interventions de ces agents auprès d'individus racisés.

«Ce recours permettra à M. Gray d'obtenir des réponses claires, transparentes, à trois questions fondamentales. Suis-je le seul jeune noir à avoir été battu par des inspecteurs de la STM? Suis-je le seul jeune noir à avoir été battu par ces deux inspecteurs particulièrement, ou sont-ils des récidivistes? Et troisièmement, suis-je le seul jeune noir pour qui, après avoir été brutalisé par les inspecteurs de la STM, cette organisation a décidé de ne pas poursuivre d'enquête interne substantive?» affirme M. Babineau lors d'une conférence de presse tenue mardi.

De gauche à droite: Tiffany Calender, de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, Alain Babineau, du CRARR, Lionel Perez, chef du parti Ensemble Montréal, Marvin Rotrand, conseiller municipal indépendant, Abdelhaq Sari, conseiller municipal d'Ensemble Montréal.
Olivier Robichaud
De gauche à droite: Tiffany Calender, de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, Alain Babineau, du CRARR, Lionel Perez, chef du parti Ensemble Montréal, Marvin Rotrand, conseiller municipal indépendant, Abdelhaq Sari, conseiller municipal d'Ensemble Montréal.

M. Gray était présent à la conférence de presse. Il ne souhaite pas s'adresser directement aux médias.

Depuis le début de l'affaire, la STM affirme que ses agents ont respecté le protocole approprié.

Constables spéciaux, une fausse bonne idée?

Au début du mois d'avril, la STM a annoncé qu'elle demandera que ses inspecteurs deviennent des constables spéciaux. Ce titre leur donnerait des pouvoirs accrus, notamment celui de placer un individu en état d'arrestation, mais il permettra aussi une surveillance externe. Les constables spéciaux peuvent être poursuivis devant le Comité de déontologie policière, alors que les inspecteurs de la STM ne sont redevables devant aucun organisme externe.

Les constables peuvent aussi porter des armes à feu.

Cette mesure ne réconforte guère Tiffany Calender, porte-parole de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges.

«Je trouve que c'est très irrespectueux de la part de la STM de demander pour ces pouvoirs, dans un cas où on n'a même pas une enquête publique pour savoir ce qui s'est passé dans cette situation. Tiffany Calender

«Pourquoi on accepterait de donner plus de pouvoirs à la STM si nous, comme public, on ne sait même pas si on est protégés efficacement?» a enchaîné Mme Calender.

M. Babineau ajoute que la mesure ne répond pas efficacement à la demande du CRARR d'améliorer la surveillance des inspecteurs de la STM. Il préférerait qu'un autre organisme de surveillance soit créé, ou que les inspecteurs soient assimilés à des agents de sécurité, qui sont redevables devant le Bureau de la sécurité privée.

Motion pour une enquête indépendante

Le parti d'opposition Ensemble Montréal et le conseiller indépendant Marvin Rotrand joignent leurs voix à celles du CRARR et de Mme Calender pour demander à l'administration Plante de lancer une enquête indépendante sur l'événement du 7 mars. Une motion en ce sens sera déposée au conseil municipal le 13 mai.

«Quand j'entends le président du conseil d'administration de la STM, Philippe Schnobb, dire que les normes et le protocole ont été respectés et qu'aucune faute n'a été commise par ses agents, je comprends le sentiment d'injustice que ressentent beaucoup de Montréalais», lance Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal.

«Il n'y a personne qui croit que cette intervention a respecté le protocole», ajoute M. Rotrand.

La STM affirme n'avoir aucune intention d'avoir recours à une enquête indépendante. La mairesse Valérie Plante n'a pas répondu à la question du HuffPost Québec.

Un conseil d'administration tout blanc

Balarama Holness, connu comme ancien candidat et instigateur de la consultation publique sur le racisme systémique, souhaite confronter la STM sur un autre front. Mercredi, il se rendra à la séance publique du conseil d'administration pour souligner l'absence de minorités visibles au sein du CA.

«C'est un des organismes les plus inclusifs en ce qui concerne les employés, mais il n'y a aucune minorité visible sur le conseil d'administration», lance-t-il.

M. Holness connaît d'ailleurs Juliano Gray, puisque le jeune homme a aidé à faire circuler la pétition sur le racisme systémique de M. Holness.

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