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Une pharmacienne instaure un système de pots de pilules réutilisables

Inspirée par la détermination de la militante suédoise Greta Thunberg, Sarah Fizazi a pris conscience dans les derniers mois qu’elle avait le pouvoir de réduire l’empreinte environnementale de son commerce.
Selon la pharmacienne Sarah Fizazi, chaque année, ce sont des centaines de millions de fioles en plastique à usage unique qui sont utilisées, seulement au Canada.
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Selon la pharmacienne Sarah Fizazi, chaque année, ce sont des centaines de millions de fioles en plastique à usage unique qui sont utilisées, seulement au Canada.

Au lendemain de la marche mondiale pour le climat, qui a attiré des centaines de milliers de personnes dans les rues de Montréal, vendredi, nombreux sont ceux qui se sont demandé: «et maintenant?». Une pharmacienne de Montréal a décidé qu’elle n’attendait plus. Et elle espère que son initiative de contenants de médicaments réutilisables, baptisée «La fiole verte», fera des petits.

«J’ai toujours eu l’impression que ça me dépassait, [les enjeux environnementaux,] que je ne pouvais rien faire, étant donné que je ne fais pas partie du gouvernement», admet Sarah Fizazi.

Inspirée par la détermination de la militante suédoise Greta Thunberg, la pharmacienne a pris conscience dans les derniers mois qu’elle avait le pouvoir de réduire l’empreinte environnementale de son commerce en réduisant le nombre de contenants de pilules qui se retrouvent dans les poubelles. Selon elle, chaque année, ce sont des centaines de millions de fioles en plastique à usage unique qui sont utilisées en pharmacie, seulement au Canada.

Des contenants en verre réutilisables

À partir de là, ses objectifs sont devenus clairs: réduire de manière draconienne ce nombre de contenants, et diminuer au maximum la quantité de plastique dans les pots qu’elle mettrait en circulation. La pharmacienne et mère de famille a donc lancé des recherches pour trouver le matériau le plus durable et le moins nocif pour les médicaments qu’il doit contenir.

La pharmacienne Sarah Fizazi offrira à ses clients de leur remettre leurs médicaments dans des contenants réutilisables en verre.
Courtoisie/Sarah Fizazi
La pharmacienne Sarah Fizazi offrira à ses clients de leur remettre leurs médicaments dans des contenants réutilisables en verre.

Après plusieurs mois de recherche sur le type de contenant qui pourrait être réutilisé le plus grand nombre de fois, Sarah Fizazi a conclu que le verre était le matériau le plus fiable pour la santé de ses patients et pour l’environnement.

Elle ajoute aussi avoir pris connaissances de données scientifiques qui concluaient que la plupart des produits en plastique, même ceux sans BPA, pouvaient dégager «certains composés à activité estrogénique», ce qui l’a inquiétée.

Certaines sortes de médicaments (plus rares) devront toutefois continuer d’être distribués dans des contenants de plastique, pour des raisons chimiques.

Sarah Fizazi est propriétaire d'une pharmacie dans Rosemont–La-Petite-Patrie.
Courtoisie/Sarah Fizazi
Sarah Fizazi est propriétaire d'une pharmacie dans Rosemont–La-Petite-Patrie.

Le projet, qui verra officiellement le jour le 9 octobre à la pharmacie Sarah Fizazi, située dans Rosemont–La-Petite-Patrie, fonctionnera selon la volonté des clients. Ceux qui souhaiteront adhérer à cette nouvelle façon de faire se verront remettre deux ensembles de contenants réutilisables. Ils devront s’engager à les nettoyer selon un procédé particulier (stériliser les pots dans l’eau bouillante) avant de les rapporter à la pharmacie. Rien de compliqué, assure la pharmacienne. Et si le second ensemble est rapporté à l’avance, on peut même continuer de faire renouveler nos médicaments en ligne, si on a l’habitude de le faire.

L’autre condition importante, c’est que la personne garde toujours les mêmes pots, pour des raisons de salubrité.

«On vient de commencer à l’annoncer à la pharmacie, et on a déjà des réactions très positives», assure-t-elle.

Un exemple?

Sarah Fizazi espère maintenant que d’autres collègues pharmaciens emboîteront le pas. Et même que tous les types de métier réfléchiront à la manière dont ils peuvent changer les choses dans leur domaine. Le plus gros piège, selon elle, c’est de continuer de faire ce qu’on a toujours fait, parce que c’est cela qu’on a appris...

«Personne n’est mieux placé qu’un pharmacien pour savoir comment améliorer les choses dans les pharmacies, et même chose pour le boulanger… Si chaque personne qui maîtrise un sujet essaie de revoir sa façon de faire, peut-être qu’on peut envisager de changer vraiment les choses.»

Du côté de l’Ordre des pharmaciens du Québec, «on encourage toute initiative qui soutient le développement durable, tant que c’est sécuritaire», selon la directrice des communications, Julie Villeneuve.

«On sent une vraie vague en ce moment», à propos des gestes à poser ou à changer pour tenter d’améliorer le sort de la planète, ajoute-t-elle. D’ailleurs, Mme Villeneuve soutient que déjà, dans plusieurs pharmacies, plusieurs clients rapportent leurs contenants de plastique pour les réutiliser, dans des tentatives plus improvisées de réduire leurs déchets.

Inspirée par la jeunesse

Sarah Fizazi avoue avoir été très inspirée par la jeune Greta, cette adolescente suédoise de 16 ans qui est devenue le visage de la lutte aux changements climatiques – «elle a démontré qu’à elle seule, une personne peut avoir des gros impacts» –, mais aussi par ses propres enfants.

«Je suis maman d’une petite fille de sept ans, et les enfants de nos jours s’y connaissent un peu mieux que nous! Ils nous questionnent sur des choses qu’on tient souvent pour acquises, des choses qu’on fait de façon routinière...»

La pharmacienne assure d’ailleurs que cette initiative n’est qu’un début, et que d’autres actions sont à venir!

À voir aussi: la marche pour le climat de Montréal en images

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