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Le Pharmachien, toujours aussi incisif, mais moins baveux

La quatrième saison des «Aventures du Pharmachien» débutera ce vendredi.
Olivier Bernard, alias Le Pharmachien
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Olivier Bernard, alias Le Pharmachien

Il est Le Pharmachien depuis 2012 et, alors qu’il lance la quatrième saison de son émission ce vendredi, il vient tout juste de remporter un prix scientifique prestigieux pour son travail dans le (fameux) dossier de la vitamine C. Olivier Bernard peut dire que le harcèlement et les menaces dont il a été victime l’an dernier sont bel et bien derrière lui. Rencontre avec ce vulgarisateur qui se décrit comme moins baveux et plus conscient de la sensibilité des autres qu’à ses débuts.

Un prix et des rencontres inspirantes à Londres

Olivier Bernard l’affirme d’emblée: il n’avait plus de «problèmes» depuis sa sortie publique de mars dernier (dans laquelle il avait dénoncé le harcèlement et les menaces auxquelles il faisait face). Il n’a donc pas vu le prix qu’il vient de rafler à Londres comme un pied de nez à ses détracteurs, mais plutôt comme «un petit bonus venant clore de belle façon tout ce qui s’est passé, une sorte de happy ending

Le vulgarisateur scientifique vient de recevoir le prix John-Maddox, décerné par la revue Nature et l’organisme Standing Up for Science et qui vise à «reconnaître le travail d’individus qui font la promotion de la science et des preuves scientifiques».

«C’est un grand honneur, je suis vraiment fier, dit celui que toute cette histoire n’avait laissé ni dans la colère ni dans l’amertume. Peut-être que cela va faire connaître mon travail un petit peu plus à l’international, alors que j’avais un peu moins de rayonnement au niveau anglophone, qui sait?»

«Des scientifiques qui reçoivent des prix et des distinctions dans divers domaines, il y en a à la tonne, mais on n’en entend pas souvent parler, ajoute-t-il. Nous, dans le domaine scientifique, on le sait, mais c’est rare qu’on retrouve cela dans les médias. Je suis content, à la limite, qu’on parle du travail des scientifiques et de ce qu’un vulgarisateur scientifique peut faire. C’est cool que le prix permette de parler de la vulgarisation scientifique qui, à mon avis, a une grande valeur pour le public.»

L’idée d’une lectrice

C’est Marilou Gougeon, une lectrice avec qui il a eu de nombreux échanges, qui a eu l’idée de le nommer dans la course menant à ce prix prestigieux. Un honneur qu’il ne croyait en aucun cas avoir des chances de remporter et qu’il s’est finalement vu remettre en mains propres, à Londres.

«C’est une femme se battant avec un cancer incurable depuis plusieurs années, dit-il. Elle se bat aussi pour que les gens qui ont le cancer ne se fassent pas vendre n’importe quoi et évitent de se faire proposer des traitements farfelus. Elle a vu autour d’elle des gens se faire embarquer dans des affaires louches, elle-même s’en est fait proposer. Elle est devenue une sorte de défenderesse des gens et milite un peu pour les traitements scientifiques. »

Cette remise de prix et ce voyage ont d’ailleurs permis au pharmacien de rencontrer des gens qu’il admire, dont ceux derrière la revue Nature et le groupe Standing Up for Science, un organisme à but non lucratif ayant comme objectif la mise de l’avant des preuves scientifiques dans les débats publics (auquel il a d’ailleurs proposé de collaborer de ce côté-ci de l’Atlantique).

La nouvelle saison des Aventures du Pharmachien

Parmi les nombreuses conséquences positives de la saga de la vitamine C, Olivier Bernard cite la mise en place, par les gouvernements, de comités de réflexion se penchant sur ce sujet précis. La quatrième saison des Aventures du Pharmachien s’en verra aussi bonifiée, croit-il, alors que le scientifique se risquera à aborder certains sujets qu’il n’aurait jamais osé aborder avant.

«Il y a plusieurs sujets qui me font vraiment peur, avoue-t-il. Mais on dirait que tout ce que j’ai vécu avec la vitamine C m’a fait réaliser que les débats scientifiques sont tellement difficiles en ce moment qu’on ne peut pas se permettre de se censurer parce qu’on a peur de la réaction des gens. Je pense qu’il faut aller de l’avant et je me suis accordé le droit de m’essayer avec des sujets qui me faisaient peur, mais qui sont vraiment d’actualité.»

Image tirée du premier épisode de la quatrième saison des Aventures du Pharmachien.
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Image tirée du premier épisode de la quatrième saison des Aventures du Pharmachien.

L’épisode qui l’effraie le plus? Celui ayant comme thème les «bloqueurs de puberté». Un gros et très sensible sujet d’actualité, dit-il.

«Il faut faire très attention à ce qu’on dit pour ne pas heurter les sensibilités de gens et des jeunes trans qui vivent des réalités vraiment difficiles. Donc oui, je veux amener les faits scientifiques, mais en même temps je ne veux pas heurter la sensibilité des communautés. Le défi était de comment faire cela et j’espère que je l’ai bien fait, on va voir.»

L’acupuncture – qui meublera le premier épisode de la saison – est un autre sujet dont il n’osait pas discourir depuis plusieurs années et qui le rend nerveux. Il pense toutefois qu’il s’agira d’un épisode très apprécié, car bien nuancé. Le poids (plus particulièrement le lien entre le poids et la santé) sera un autre thème abordé cette saison.

«Au fil des années, je crois que je suis devenu un meilleur vulgarisateur scientifique, confie-t-il. Je comprends mieux comment faire passer les informations pour qu’elles soient bien reçues. J’étais très baveux à mes débuts, mais je pense maintenant avoir trouvé le bon ton, car je suis capable d’être empathique et accommodant, tout en gardant mon humour incisif qui rentre un peu dedans, mais qui est à la fois nuancé.»

La quatrième saison des Aventures du Pharmachien débute ce vendredi 13 décembre sur les ondes d’ICI EXPLORA.

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