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«Les aventures du pharmachien»: Olivier Bernard n’a aucune envie de s’autocensurer

«La pire erreur que je pourrais faire serait d'arrêter de parler de sujets controversés...»
Radio-Canada

C’est en décembre prochain qu’Olivier Bernard présentera la nouvelle saison de son émission Les aventures du pharmachien, sur les ondes d’ICI Explora. Rencontré lors du dévoilement de la nouvelle programmation de la chaîne, le scientifique, qui s’est retrouvé il y a quelques mois au cœur d’une controverse (le fameux dossier portant sur les injections de vitamine C) n’a pas hésité à revenir sur cet épisode difficile qui a fini par se transformer en confirmation qu’il devait continuer à faire ce qu’il croit juste et qui le fait vibrer.

Seul au milieu de la tempête

Lorsqu’Olivier Bernard a pris la parole pour décrire la nouvelle saison des Aventures de Pharmachien, il en a d’abord profité pour remercier Radio-Canada, qui n’a jamais cessé de l’épauler tout au long de la récente saga entourant la vitamine C injectable. «Je me sens vraiment privilégié en ce sens», a-t-il expliqué.

Autrement, il a avoué s’être senti bien seul lorsqu’a soufflé la tempête.

«Pendant des mois, je me suis battu sur ce dossier et j’avais l’impression d’être tout seul, a-t-il ajouté lors d’un plus long entretien avec le Huffpost Québec. Je savais que les associations médicales étaient au courant, mais que personne ne voulait se prononcer. Lorsque je suis sorti en disant : ‘Regardez l’intimidation, le harcèlement et les menaces que j’ai vécus’, là tout d’un coup les gens se sont levés pour dire : ‘OK, ça n’a pas de bon sens’. À ce moment, je me suis dit qu’on était tous au courant de certains problèmes, mais qu’on n’en parlait pas car on avait peur. Je me suis demandé si on allait laisser la peur nous driver en tant que scientifiques ou si on allait oser.»

Le scientifique affirme oser espérer que cet exercice aura motivé d’autres scientifiques à dire à leur tour : «Ça n’a pas de bon sens!»

«Ce que tout ça m’a dit, donc, c’est qu’il ne faut pas arrêter, ajoute-t-il. La pire erreur que je pourrais faire est de dire : ‘Je vais arrêter de parler des sujets controversés’. Car ultimement, c’est à force de le faire que le reste de la communauté va s’éveiller et, je l’espère, finir par se soulever.»

Affirmant sans gêne qu’il a été «momentanément découragé» lorsque se sont déroulés ces événements qui lui auront fait prendre un moment de recul (et une pause des réseaux sociaux d’environ deux mois), le Pharmachien a éventuellement dû se mettre à l’écriture de la prochaine saison de son émission.

«Je ne sais pas pourquoi, mais il y a eu comme un déclic qui s’est fait et je me suis dit qu’après une affaire comme celle-là, pour moi c’est clair que le besoin est criant… Tout ça est venu réaffirmer l’utilité de faire ce type de travail. D’ailleurs, je ne suis pas le seul, il y en a d’autres qui le font. Je ne pouvais pas m’autocensurer, je me suis dit que ce serait vraiment une erreur de le faire. Et s’il faut que j’aie des menaces à nouveau, et bien ce sera ça.»

Le défi d’un tel exercice? Trouver la meilleure façon d’amener de tels sujets tout en se protégeant.

«J’ai eu vraiment, vraiment, peur, confie-t-il. Les gens ont écrit à l’organisme qui finance la série à Toronto, qui sont des anglophones, qui n’écoutent pas l’émission et qui ne savent pas qui je suis exactement. Ils auraient pu décider de retirer le financement. C’était une menace réelle. Même chose lorsqu’on a sorti l’adresse du lieu où je travaille. Qu’est-ce que ça voulait dire? Que quand je sortirais du travail il y aurait quelqu’un qui allait m’attendre à la sortie? Oui, j’ai eu peur, en sortant du travail, j’ai eu peur.»

Retrouver un équilibre

La tourmente calmée, Olivier Bernard explique avoir retrouvé un équilibre qui lui permet de reprendre son travail avec confiance. «Cela m’a remotivé, dans un sens, ce qui peut avoir l’air bizarre.»

Les sujets qu’il a choisi d’aborder dans la nouvelle saison des Aventures du pharmachien seront donc loin d’être censurés. Il s’agira de sujets chauds, des sujets scientifiques et de sujets qui l’allument personnellement et qui sont toujours d’actualité (tels les Omega 3).

«Les sujets pour lesquels je m’attends au pire sont souvent ceux qui passent bien, ajoute-t-il. Lors de la saison 2, j’ai fait un épisode sur l’allaitement et je m’attendais à me faire décapiter publiquement, mais tout le monde était content. Par contre, un épisode sur les protéines en poudre pour les sportifs m’a fait recevoir un message me disant : ‘Je vais te casser les deux jambes avec un bâton de baseball’. C’est toujours surprenant.»

Cette saison, il affirme s’attendre «à se faire trucider en abordant le sujet de l’acuponcture».

«Je pense que les sujets qui sont trop sensibles me rendent plus prudent dans mon approche et me font peut-être mettre un peu plus de gants blancs. Cela révèle, en tout cas, comment la science est teintée des émotions des gens. La fois où j’ai parlé du gluten fut l’une des fois où j’ai eu le plus de réactions très vives et agressives. Le gluten se trouvant dans les aliments qu’on aime : le pain, les pâtes... Cela devient très émotif. C’est une chose à laquelle je ne pense pas : je pense à mes sujets de manière uniquement scientifique. Je me suis rendu compte que, finalement, la science et les émotions allaient vraiment ensemble.»

La nouvelle saison des Aventures du Pharmachien sera présentée dès le 13 décembre, sur les ondes d’ICI Explora.

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