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Le Québec est-il à l'aube d'un nouveau référendum sur la souveraineté? Doit-on et peut-on y croire? En fait, une kyrielle d'éléments, de situations et d'évènements me permet personnellement d'y croire.
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La semaine de la souveraineté de l'Université de Montréal, qui coïncide avec l'anniversaire du fleurdelisé (21 janvier), me semble un moment opportun pour aborder la question de l'indépendance du Québec. Alors que le dernier référendum sur la souveraineté remonte à plus de 18 ans et que le syndrome post-référendaire semble s'estomper au profit d'un renouveau sur le plan des discours, les partisans d'un pays ont de quoi se réjouir. Célébrer? Peut-être pas, mais rêvons un peu...

Le vide symbolique et l'inertie qui prévalait dans la dernière décennie ont graduellement été remplacés par un réveil, un désir d'information et de participation. Peut-on dire que les étudiants - qui se sont emparé de la rue et de l'arène politique et médiatique lors du printemps québécois - sont les grands responsables de cette résurrection collective? Je ne sais pas, mais ils y ont certainement participé activement. Depuis cette période, qui, rappelons-nous, s'est soldée par un changement de garde au gouvernement, une nouvelle confiance semble animer les indépendantistes. Qu'on le veuille ou non, qu'on en soit conscients ou pas, le débat est bel et bien relancé...

Cela dit, le Québec est-il à l'aube d'un nouveau référendum sur la souveraineté? Doit-on et peut-on y croire? En fait, une kyrielle d'éléments, de situations et d'évènements me permet personnellement d'y croire. Quiconque a suivi l'actualité politico-médiatique lors de la dernière année se doute qu'un changement de discours et de représentations s'est effectué. Il va sans dire qu'il y a longtemps que nous n'avions pas collectivement autant parlé de nationalisme, de souveraineté et d'indépendance. Or, l'année 2013 fut sans contredit faste en ce sens. Une multitude de facteurs ont en effet contribué à remettre la question nationale à l'avant-plan des discussions et des échanges.

D'abord, l'année s'est ouverte avec une vieille habitude conservatrice, celle de notre bon vieux Stephen, de s'attaquer aux valeurs et aux acquis québécois, notamment sur les délicates questions linguistiques et culturelles. Dans la même veine, notre monarque canadien s'est également permis de remettre en cause la légitimité de la loi 99, qui prescrit le droit pour le Québec de décider librement de son avenir, en demandant à la Cour supérieure du Québec d'invalider la législation adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale. L'art de venir jouer dans nos platebandes.

L'année 2013 a aussi été marquée par le couronnement du fils de l'autre comme chef du parti des commandites... Just-in-Time... Effectivement, juste à temps pour nous redonner des ailes! Similairement, il y a eu l'élection du calife Couillard à la chefferie du PLQ, suivi immédiatement d'une série de maladresses toutes plus nuisible pour l'image de son parti, que bénéfique pour l'option souverainiste. Soulignons simplement son désir de signer la constitution canadienne et ses liens étroits avec Arthur Porter... Après ses gourantes, Philippe-Flop a disparu de la scène. Encore aujourd'hui on s'interroge à savoir où est le chef. Du bonbon pour les indépendantistes.

Notons, par ailleurs, que quelques évènements souverainistes sont venus ponctuer l'année 2013. Du congrès pour la Convergence nationale à la course à la chefferie d'Option nationale, en passant par les remous au Bloc québécois et la volte-face de Maria Mourani, on peut clairement dire que la question de l'indépendance a été abordée sous diverses perspectives. Certes, quelques langues sales oseront affirmer que certaines histoires ont nui à la cause, mais je penche plutôt en faveur du slogan prôné par United Colors of Benetton: «Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en». Oui, le plus grand tort pour l'indépendance fut de ne pas en parler pendant trop longtemps.

Justement, nous en avons parlé avec la sortie très médiatisée de l'ouvrage de l'historien Frédéric Bastien La bataille de Londres, qui relate une forme de copinage entre Bora Laskin, juge en chef de la Cour suprême du Canada en 1981, et certains représentants du Canada et du Royaume-Uni alors que la cause en délibération était sensée être secrète. Bien entendu, il y a eu, dans l'instant suivant cette publication, une réponse fangeuse du plus haut tribunal au pays, qui cherchait à ne pas perdre la face de l'impartialité, tout en essayant de garder un semblant de légitimité dans toute cette histoire. Étonnant que pas plus de rats n'aient quitté le navire...

Et, il y a eu le plat de résistance, soit la présentation de la Charte à Bernard. Polarisant à souhait, le document présenté par le Parti québécois aura servi, et ce peu importe ce que plusieurs bien-pensants en disent, à mousser la faveur populaire à l'égard du parti de Pauline. Le plus récent sondage indique en effet cette tendance à la hausse pour le PQ, qui, un an auparavant, croupissait derrière les libéraux. Je dois admettre que la stratégie mise de l'avant avec cette charte de la laïcité, même si je n'en suis guère un partisan, semble fonctionner. Le PQ a réussi à remettre à l'ordre du jour la question identitaire, un sujet sensible qui anime le peuple et qui lentement semble déboucher sur la question nationale.

La suite des choses était prévue... Du Québec bashing; en voulez-vous, en vlà! Que ce soit par le biais des columnists anglo-saxons ou des fédéralistes en général, la recrudescence des attaques contre le Québec en a fait réagir plus d'un lors de la dernière année. Il faut dire que la Charte des valeurs a soulevé les passions et, par le fait même, attisé les tensions. Toutefois, elle n'est pas l'unique responsable de tout ce tapage contre le Québec.

Bref, tous ces évènements ont permis à la question de l'indépendance de reprendre de la vigueur, de regagner l'avant-plan de la scène médiatique et de revenir au cœur des discussions collectives. Je mentionnais, au tout début, qu'une nouvelle confiance semblait émerger. Certes, il y a eu quelques écueils, quelques pavés dans la marre, mais les conditions paraissent néanmoins réunies pour qu'un dialogue plus profond reprenne, pour qu'une discussion franche et approfondie s'accélère, voire s'accentue au cours de l'année à venir.

Enfin, l'année 2014 sera assurément décisive pour la question nationale. Effectivement, nous aurons droit, au cours de l'année, à une élection provinciale qui, espérons-le, gardera un parti indépendantiste au pouvoir. Par la suite, l'année 2014 sera aussi l'occasion pour l'Écosse (18 septembre) et la Catalogne (9 novembre) de s'exprimer sur leur avenir collectif. L'effervescence médiatique pour ces deux référendums permettra d'accroître l'ébullition québécoise pour la question. Après coup, il est possible de se demander si toutes ces conditions pourraient permettre au gouvernement de nous poser la question pour une troisième fois. Pourrait-ce être la bonne? Chers Québécois et chères Québécoises, peut-on rêver un instant?

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