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Se sentant trahis, les partisans d'extrême droite de Trump ont un message pour lui: «Dégage de notre chemin!»

Alors que Trump renonce à son canular de «Stop the Steal», les partisans qu'il a radicalisés jurent de continuer le combat sans lui.
ILLUSTRATION: REBECCA ZISSER/HUFFPOST

Pendant des mois, le message du président Donald Trump à ses partisans a été clair: les élections leur avaient été volées et ils devaient se battre pour les reprendre.

Ainsi, le 6 janvier, lors d’un rassemblement promu par Trump pour «Stop the Steal», des milliers de personnes ont assiégé le Capitole américain dans une tentative étonnante de le reprendre, littéralement. Les retombées de leur insurrection ratée, qui a fait cinq morts, ont été rapides: Trump a été évincé de presque tous les grands réseaux sociaux et, une semaine plus tard, a été mis en accusation pour une deuxième fois avec la procédure de l’impeachment.

Lorsqu’il est apparu devant la caméra peu de temps après, la queue entre les jambes, pour condamner les émeutiers qu’il avait lui-même encouragés et pour appeler à un transfert pacifique du pouvoir au président élu Joe Biden, sa base s’est sentie trahie.

«Donc, il a simplement vendu les patriotes qui ont été arrêtés pour lui», a écrit une personne dans un groupe de 15 000 membres pro-Trump sur Telegram. «Juste wow.»

Dans les paradis en ligne pour les extrémistes de MAGA, notamment Gab, CloutHub, MeWe, Telegram et les communautés d’extrême droite tels que 8kun, le ton envers Trump change. Le HuffPost a examiné des milliers de messages sur ces plateformes et a constaté qu’une minorité croissante de partisans autrefois dévots du président le dénonce maintenant et rejette ses récents appels à la paix. Certains appellent à son arrestation ou à son exécution, le qualifiant de «traître» et de «lâche». De manière alarmante, plusieurs complotent toujours pour empêcher Biden de prendre ses fonctions - avec ou sans l’aide de Trump.

«Nous ne vous suivons pas», a écrit un autre utilisateur de Telegram, s’adressant à Trump, après que le président eut diffusé sa vidéo appelant au calme et à l’ordre. «Tais-toi et dégage de notre chemin.»

Il est maintenant devenu évident qu’après sa campagne de radicalisation massive, de désinformation sur la fraude électorale et de conspiration, même Trump ne peut arrêter l’illusion dangereuse qu’il a instillée à travers le pays. Ni la prochaine vague de violences qu’elle pourrait bientôt entraîner.

Dans des communautés en ligne, certains partisans d'extrême droite de Trump complotent pour le maintenir au pouvoir par tous les moyens nécessaires. «Il n’y a plus aucune putain de règles maintenant, la gauche peut aller se faire foutre. C’est le temps d’une révolte armée contre le Deepstate!»
Telegram
Dans des communautés en ligne, certains partisans d'extrême droite de Trump complotent pour le maintenir au pouvoir par tous les moyens nécessaires. «Il n’y a plus aucune putain de règles maintenant, la gauche peut aller se faire foutre. C’est le temps d’une révolte armée contre le Deepstate!»

Les autorités fédérales avertissent que des manifestations armées sont prévues dans les 50 capitales des États dans les jours qui précéderont l’inauguration de Biden. Les extrémistes à motivation politique «poseront très probablement les plus grandes menaces de terrorisme intérieur en 2021», selon un nouveau bulletin de renseignement conjoint du FBI, du Département de la sécurité intérieure et du National Counterterrorism Center.

Le document, obtenu pour la première fois par Yahoo News, attribue cette menace à de «faux récits» selon lesquels la victoire de Biden «était illégitime ou frauduleuse» et à la croyance subséquente selon laquelle les résultats des élections «devraient être contestés ou non reconnus».

Avant les émeutes de la semaine dernière, les partisans de Trump avaient ouvertement planifié leur attaque sur Facebook, Instagram, Twitter et d’autres plateformes grand public, où ils avaient partagé des documents, notamment des dépliants intitulés «Operation Occupy the Capitol». Ces sites ont depuis réprimé de manière agressive de tels comportements, poussant les extrémistes à migrer vers des coins moins connus d’Internet pour planifier leur prochain mouvement.

Bien que cela ait entravé leur capacité à diffuser de la propagande et à enrôler de nouvelles recrues, leurs nouveaux canaux sociaux sont moins surveillés et ont déjà explosé en portée. CloutHub, MeWe et Telegram se sont hissés au sommet des classements des applications gratuites populaires sur l’App Store et sur le Google Play Store à la suite du siège. Gab a également signalé une augmentation massive du nombre de nouveaux utilisateurs, avec environ 10 000 personnes s’inscrivant toutes les heures.

Dans ces espaces, le HuffPost a observé des appels à «brûler» le Capitole, à lancer «une révolte armée», «faire éclater des libtards» et «REPRENDRE CE PAYS PEU IMPORTE CE QUE ÇA PREND!»

Certains articles sont plus spécifiques: «La guerre civile est là. Regroupez-vous localement. Supprimez les stations d’information», écrit une personne. «PENDONS-LES TOUS», implore un autre. «METTONS FIN AU PARTI DÉMOCRATIQUE.»

Le Boogaloo Bois, une milice d’extrême droite s’organisant pour fomenter la guerre civile, capitalise sur les troubles pour lancer en ligne un nouvel appel aux armes. Dimanche, le FBI a mis en garde contre la violence potentielle de Boogaloo lors de rassemblements prévus dans les bâtiments du Capitole des États du Michigan et du Minnesota.

«Il y a une guerre à venir, et vous cacher dans votre maison [pendant] que de vrais patriotes défilent avec des fusils ... fera de vous un traître», a commenté un membre d’une discussion Boogaloo cryptée.

Certains extrémistes, cependant, s’encouragent mutuellement à ne pas participer à aucune des manifestations armées à venir. Les Proud Boys, un groupe néo-fasciste farouchement pro-Trump qui a aidé à prendre d’assaut le Capitole, avertit ses partisans que de telles manifestations pourraient être des leurres mis en place par les autorités afin de saisir les armes des participants.

Il semble que même les Proud Boys perdent confiance en Trump: une chaîne Telegram dirigée par le groupe a republié un message avec la vidéo de Trump indiquant: «La trahison de la base Trumpiste par Trump lui-même se poursuit.»

Plusieurs se sentent abandonnés et trahis par Trump à la suite de sa condamnation des émeutiers du Capitole. «Nous dire de s'unifier dans le calme. Après tout ce qu'on nous a fait. Juste pour l'avoir soutenu? Non. Il n'a pas remis la gauche à sa place avec son hypocrisie et ses doubles standards. Pendant ce temps, nous sommes tous "bannis" et sur la liste noire.»
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Plusieurs se sentent abandonnés et trahis par Trump à la suite de sa condamnation des émeutiers du Capitole. «Nous dire de s'unifier dans le calme. Après tout ce qu'on nous a fait. Juste pour l'avoir soutenu? Non. Il n'a pas remis la gauche à sa place avec son hypocrisie et ses doubles standards. Pendant ce temps, nous sommes tous "bannis" et sur la liste noire.»

Depuis quatre ans, les partisans du président l’adorent comme un dieu. Ses rassemblements ont été comparés à des rassemblements sectaires. Près de la moitié de ses dons de campagne provenaient de petits donateurs, dépassant les 39% de Biden à ce chapitre. Pendant la majeure partie de sa présidence, Trump a bénéficié d’un fort soutien de la base républicaine. Mais après les émeutes du 6 janvier, son soutien chute à un rythme record.

Les partisans de MAGA se sont tenus fermement aux côtés de Trump à travers de multiples allégations d’agression sexuelle (y compris de viol), d’une mise en accusation pour abus de pouvoir, de révélations selon lesquelles son administration a littéralement mis des enfants en cage, d’une augmentation historique de la dette nationale, d’innombrables mensonges, d’un enrichissement personnel flagrant pour lui et sa famille, d’une pandémie qui a coûté la vie à près de 400 000 Américains sous sa direction - près d’un cinquième de tous les décès dans le monde - et plus encore.

Ainsi, voir son armée «America First» commencer soudainement à se retourner contre lui est vraiment remarquable. Cela se passe largement parmi ses partisans, et même parmi les communautés extrémistes d’extrême droite qui ont prospéré en ligne pendant la présidence de Trump.

Parmi les messages récents écorchant Trump dans ces réseaux: «Pour être honnête, rendu là, j’espère qu’ils vont pendre Trump»; «Il mérite ce qui lui arrive»; «Il est littéralement fini, il va mourir en prison»; «En espérant sérieusement qu’ils l’enfermeront ou le lyncheront»; «Je n’en peux plus d’attendre que la gauche mette ce gros cul en prison. Pourris en prison.» Plusieurs personnes affirment qu’au stade actuel des choses, Trump ne peut se racheter qu’en déclarant la loi martiale pour maintenir le pouvoir par la force.

Après avoir perdu contre Biden, Trump a systématiquement attaqué des alliés qui avaient soutenu sa présidence dans un effort désespéré pour maintenir en vie son fantasme de réélection.

Il a d’abord retourné ses partisans contre Fox News, qui avait attisé sa colère en projetant avec raison la victoire électorale de Biden en Arizona avant que quelques autres réseaux ne le fassent. Puis, lorsque certains républicains - y compris le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell - ont refusé de le suivre avec ses allégations non étayées de fraude électorale de masse, Trump a lancé sa base sur eux. Ce fut ensuite le tour de son vice-président, Mike Pence, qui a refusé la demande inconstitutionnelle de Trump de rejeter les votes en faveur de Biden. («Mike Pence n’a pas eu le courage de faire ce qui aurait dû être fait pour protéger notre pays et notre Constitution», a tweeté Trump dans l’après-midi du 6 janvier, provoquant des slogans “Pendons Pence” pendant les émeutes.)

Maintenant que Trump lui-même semble enfin s’éloigner de son canular «Stop the Steal», une faction croissante de ses partisans en a fini avec lui.

Mais après l’échec dramatique de son coup d’État au ralenti, alors qu’il compte les jours avant son retour à la vie de citoyen privé, Trump a probablement des préoccupations plus urgentes que de maintenir le dévouement de ses partisans.

Hormis les centaines de millions de dollars de dettes personnelles qui pèsent sur sa tête, il semble de plus en plus probable qu’il pourrait faire l’objet de poursuites pénales, dont il ne sera plus à l’abri. Et à la suite de sa dernière mise en accusation, si le Sénat le condamne, ce dernier pourrait également voter pour disqualifier Trump de l’élection présidentielle.

Avec tant d’enjeux et aucun espoir raisonnable de s’accrocher au pouvoir, il est maintenant dans le meilleur intérêt du président que sa base évite de nouvelles violences, ce qui risquerait d’augmenter ses chances de condamnation. Mais la réalité est que le monstre créé par Trump n’a plus besoin de lui.

«Il peut promettre la paix et l’encourager autant qu’il veut», a écrit un utilisateur de Gab. «Cela ne fera pas la moindre différence.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost États-Unis a été traduit de l’anglais.

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