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Des étudiants et des aînés se lient d’amitié pendant la pandémie

Comme quoi la pandémie peut faire ressortir un peu de positif.
Le livre «Et si on se racontait?» relate les dialogues entre les étudiants et les aînés dans le cadre du projet.
Illustration de Jessica Zhu
Le livre «Et si on se racontait?» relate les dialogues entre les étudiants et les aînés dans le cadre du projet.

Des cégépiennes veulent promouvoir le contact intergénérationnel entre les aînés et les jeunes et montrer ses bienfaits pour la société.

Maxine Joly-Chevrier, l’instigatrice du projet, et neuf autres jeunes, en collaboration avec l’organisme Contact Aînés, ont réalisé une série d’appels afin d’aider des aînés situés dans plusieurs régions du Québec à briser l’isolement durant l’été.

Au fil des conversations, les aînées et les jeunes, deux générations dont la vie a été lourdement affectée par la pandémie, se sont liées d’amitié. Cette initiative de l’étudiante du Collège Jean-de-Brébeuf a été bénéfique pour les deux groupes qui étaient séparés par cinq décennies.

«Le projet au départ, on l’a commencé pour les aînés, mais aussi pour nous. [...] Nous étions aussi vulnérables et isolées et on avait besoin de parler. Ç’a vraiment été un échange et un partage», a expliqué Maxine qui était jumelée à Odette, une femme de 77 ans qui vit à Québec.

Maxine, qui est âgée de 18 ans, a même ajouté Odette sur Facebook à la fin du projet, ce qui lui a permis de mettre un visage sur la voix de celle qui lui a fait un grand bien. Sheila Razavi, une étudiante en sciences de la nature, a pour sa part souhaité en décembre de joyeuses Fêtes à Roselyne avec qui elle a eu plusieurs conversations enrichissantes entre les mois de juin et de septembre.

«Il n’y avait pas de tabous entre nous deux, a exprimé Roselyne, une retraitée de 65 ans vivant à Saint-Lazare qui a entre autres parlé de son parcours de vie, de ses souvenirs d’enfance, de féminisme et de politique avec Sheila. Je pouvais autant lui poser des questions [qu’elle pouvait m’en poser].»

Ces rencontres sont maintenant le sujet d’un livre qui vise entre autres à montrer que la société peut être plus inclusive et solidaire entre les générations. Et si on se racontait? relate les dialogues sur différents thèmes comme l’environnement, la carrière, des événements historiques, les technologies, la pandémie et les relations amoureuses. Chaque étudiante raconte dans ses mots les conversations qu’elle a eues avec l’aînée à laquelle elle était jumelée.

«On a vu dans les enjeux et les thèmes abordés qu’on se ressemblait beaucoup plus [qu’on ne le pense], a souligné Maxine. Le contexte historique était différent, mais les sentiments attachés à certains événements se ressemblaient vraiment. Ça montre qu’on n’est pas si différent l’un de l’autre.»

Parmi leurs points en commun, Sheila et Roselyne avaient leur identité sexuelle. Le récit de la vie de Roselyne, une lesbienne qui a dû faire son coming out à une époque où c’était beaucoup moins accepté, l’a rassurée sur son avenir.

«Ça m’a fait vraiment du bien d’avoir un modèle, une femme qui a fait sa vie, qui a eu une carrière, qui a une famille, qui est mariée et qui est heureuse aujourd’hui. [...] Je ne connais aucunement la réalité des personnes gaies âgées. C’était vraiment intéressant et j’ai adoré cette expérience», a relaté Sheila.

Faire une place aux aînés

L’idée de Maxine de réaliser ces appels téléphoniques est venue d’une réflexion qui a émergé après avoir pensé à son grand-père. Elle a réalisé que si elle ne l’avait pas eu dans sa vie, elle aurait eu peu ou pas de contact avec des personnes âgées. Une opinion que partage Sheila.

Cette démarche les a aussi poussées à se questionner sur la place des aînés dans la société, notamment après avoir remarqué les différences dans certaines autres cultures.

“D’entendre tout ce que ces personnes âgées ont à raconter, c’est comme un voyage dans le temps.”

- Sheila Razavi

«C’est important d’aller vers l’autre si ce n’est que par souci de vouloir une autre perspective, a-t-elle estimé. C’est une ouverture qu’il faut avoir. Il y a une place pour tout le monde dans la société. Les aînés et les jeunes, on écrit ensemble notre propre histoire.»

«D’entendre tout ce que ces personnes âgées ont à raconter, c’est comme un voyage dans le temps. Définitivement, il manque un certain lien entre cette génération et la mienne», a pour sa part convenu Sheila.

Roselyne, qui a été avocate au cours de sa carrière, croit que les deux générations doivent faire un effort pour créer cet échange.

«Je pense que ça dépend autant des aînés que des jeunes, a fait valoir Roselyne. [...] S’il n’y a pas une volonté ou s’il y a des préjugés du style “c’est un ado, il ne fait rien” ou “c’est une vielle”, tu ne peux pas ouvrir un contact sur des bases semblables. Il faut s’ouvrir d’un côté comme de l’autre.»

«En 2021, la question de l’inclusion est super importante. Les aînés, les jeunes et le contact intergénérationnel font partie de cette discussion sur l’inclusion», a conclu Maxine.

En plus de la sortie du livre, le groupe d’étudiantes collégiales vise à rapprocher les générations et à promouvoir la solidarité intergénérationnelle avec sa campagne de sensibilisation «Entre toi et moi» sur Instagram et sur la page Facebook de Contact-Aînés.

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