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Osheaga, jour 3: chanter, danser et planer

Childish Gambino, Tame Impala et Hozier ont ravi les festivaliers lors de cette dernière journée du festival.

Reconnu pour son caractère ouvert, inclusif et rassembleur, le festival Osheaga a proposé une dernière journée de découvertes musicales éclectique à souhait à ses fidèles et nouveaux visiteurs. Ceux-ci ont pu tour à tour chanter, se déhancher, se laisser emporter par des mélodies et se gaver de musique et de surprenantes propositions visuelles tout au long de cette ultime journée de cette édition 2019 du Festival musique et Arts Osheaga de retour sur l’île Sainte-Hélène du parc Jean-Drapeau.

La voix d’Hozier et les couleurs de Tame Impala

Avec sa voix douce et juste, son look de chanteur folk (cheveux longs, veste sans manche, guitare à l’épaule), ses mélodies accrocheuses et son indéniable charisme (doublé du plus séduisant des accents irlandais), le musicien auteur-compositeur-interprète Hozier avait tout pour faire fléchir les amateurs de rock-folk-indie-soul-blues. Flanqué de ses musiciens et de choristes, l’auteur de la populaire pièce Take me to Church a livré une prestation tout en délicatesse et en justesse - qu’on aurait souhaité ne pas voir s’arrêter - sur fond de jolies projections.

Nettement différent, mais tout aussi intéressant musicalement, Tame Impala (de son vrai nom Kevin Parker) s’est montré fidèle à sa belle réputation en proposant une suite de moments électros planants teintés de couleurs pastel.

Osheaga 2019: Tame Impala

À grands coups de projections mouvantes, d’éclairages couleur bonbon et d’images psychédéliques, l’Australien et sa bande de musiciens (batteur, guitariste, claviéristes) ont instauré une facture visuelle aussi planante que les mélodies proposées. Des mélodies se faisant de plus en plus rythmées au fil du spectacle et des succès attendus par la horde de fans, telle la pièce Elephant livrée sous une pluie de confettis ou encore The Less i Know the Better clairement fort attendue. Le tout magnifié par de superbes jeux de lasers se faisant futuristes et poétiques en emplissant le ciel noir puis en se déposant jusque sur le dos de la colline où sont plantées les fameuses lettres géantes d’Osheaga.

Childish Gambino, le poseur

La tête d’affiche de cette dernière journée de festival, Childish Gambino (aka l’acteur, producteur et scénariste américain Donald Glover), a quant à lui prouvé que le choix de son nom de scène n’était pas fortuit, lui dont la bouille aux expressions souvent coquines et enfantines a usé de tous les trucs imaginables pour séduire la foule bien compacte d’admirateurs (déjà bien sous le charme, il faut l’avouer).

Poseur est le mot qui m’est le plus souvent venu en tête lors de la prestation assurément divertissante de celui qui prête d’ailleurs sa jolie voix au personnage de Simba dans le tout nouveau film Le Roi Lion. Poseur, car l’artiste torse nu, vêtu d’un simple pantalon blanc, reste un acteur toujours à l’affût de la caméra (qui n’en avait que pour lui, ce qui s’est avéré un peu dommage pour les autres musiciens, danseurs, artistes présents sur scène d’ailleurs). Poseur aussi parce que tous ses mouvements de bassins langoureux, ses légendaires expressions faciales (un sourire charmeur, des yeux bien ronds), ses poses qui auraient fait la joie des photographes (si l’artiste n’avait pas interdit à ceux-ci d’immortaliser son début de spectacle) et ses incursions dans la foule semblaient planifiés et réglés au quart de tour (le tout, étonnamment, sous des allures de grande légèreté).

«Ce soir, il n’y a que deux règles, a-t-il lancé aux festivaliers après une entrée remarquée le mettant en scène sur une plateforme circulaire illuminée surmontant la foule. Un: avoir du bon temps et deux: poser son téléphone, car j’essaie d’avoir une connexion avec vous ce soir.»

À VOIR: les festivaliers ont repoussé leur limite côté style

Fusionnant les styles en passant du hip-hop au R&B, au gospel (mention spéciale ici aux fabuleux choristes gospel) au soul, Gambino n’a pas lésiné sur les stratégies pour poursuivre sa fructueuse opération séduction: danser et bouger de façon parfaite afin de susciter les réactions, pousser autant de notes basses que hautes perchées, ordonner à la foule de danser, de chanter et de sauter, prendre des bains de foule (et ironiquement, se prendre en photo avec le téléphone d’un admirateur), user de lasers et même de feux d’artifice et se laisser désirer lors d’un pseudo-rappel où la caméra le suivait en coulisses alors qu’il se faisait prier de revenir sur scène le temps de quelques pièces dont Sober et l’archipopulaire This is America.

N’allez pas croire que je n’ai pas apprécié la prestation de Childish Gambino, au contraire, ce fut en fait un réel plaisir de le voir jouer à fond son rôle de chanteur/rappeur aux mouvements et aux interventions étudiés, mais tout de même bien sentis.

«C’est une merveilleuse soirée à Montréal, j’ai envie de sentir toute votre énergie! Même vous derrière je vous vois», a-t-il lancé avant d’ajouter que sur une échelle de 1 à 10, il donnait 9,5 à Osheaga… dans le seul but, encore, de faire hurler davantage la foule.

En insistant sur «la beauté de s’apprécier les uns les autres en tant qu’humains» et sur le fait «que tout vaut la peine, car, au final, il y a de l’amour», Childish Gambino a prouvé qu’une prestation réglée au quart de tour pouvait tout de même avoir une âme et toucher les cœurs à grands coups de petits moments frôlant une (étudiée) perfection.

Osheaga 2019: The Chemical Brothers et City and Colour

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