CINÉMA - On n’a pas encore fini d’entendre parler de “Parasite”. Et c’est tant mieux. L’excellent film de Bong Joon-ho, lauréat de la Palme d’or du Festival de Cannes 2019, est en bonne position dans la course aux Oscars 2020. Ce dimanche 9 février à Los Angeles, le long-métrage sud-coréen pourrait remporter la prestigieuse statuette de “meilleur film”. Et sa présence dans cette catégorie est déjà une victoire.
Face à “The Irishman”, “Marriage Story”, “Joker” ou “Once Upon a Time... in Hollywood” cette année, le film de Bong Joon-ho fait figure d’exception. Il est en effet très rare que des films en langue non-anglaise se glissent dans la catégorie de “meilleur film”.
“Parasite” marque l’histoire
Comme le recensait The Hollywood Reporter en novembre dernier, cela n’était arrivé que neuf fois dans l’histoire des Oscars. “Parasite” n’est donc que le dixième film en langue étrangère à avoir ces honneurs, dans la lignée de “La Grande Illusion” en 1937, “La vie est belle” en 1997 ou “Roma” en 2018. “Une fois que vous avez passé la barrière des sous-titres, vous allez découvrir tellement de films magnifiques”, lançait Bong Joon-ho sur la scène des Golden Globes le 5 janvier dernier.
Et le parcours historique de “Parasite” ne s’arrête pas là. C’est aussi la toute première fois qu’un réalisateur coréen est nommé dans la catégorie de “meilleur réalisateur”, rappellent nos confrères du HuffPost US. Le film aux près de 2 millions d’entrées en France est aussi nommé dans les catégories de “meilleur film étranger” et “meilleurs décors”.
De quoi, sans doute, réaliser le vœu de Bong Joon-ho qui comptait sur sa nomination pour faire découvrir le cinéma coréen au plus grand nombre. “Le cinéma coréen a une longue histoire. Il y a des chefs-d’œuvre qui doivent encore être présentés au public occidental. Ce serait super si les gens s’intéressaient plus au cinéma coréen grâce à ma nomination”, déclarait-il dans une interview à Variety en novembre dernier.
Le signe d’une inquiétude
Mais alors comment “Parasite” a-t-il réussi à se faire accepter dans le club d’Hollywood? Évidemment, le long-métrage de Bong Joon-ho est un film réussi en termes de réalisation ou d’esthétique. Mais ce n’est pas tout. Pour Claude Vaillancourt, auteur du livre Hollywood et la politique paru en début d’année, “Parasite” est un “phénomène intéressant” qu’on peut comparer au “Joker”. “C’est un film qui nous dit ’regardez, si on continue avec des inégalités sociales si grandes, il peut résulter une explosion de violence”, analyse l’essayiste et président d’Attac-Québec pour Le HuffPost.
Alors, voir ce film prendre une telle place dans l’industrie hollywoodienne illustre, au-delà de sa qualité, “une certaine inquiétude”. “Sa thématique touche le public américain de manière très particulière”, concède-t-il. Les membres de l’Académie des arts et des sciences du cinéma seront-ils assez touchés pour lui décerner le prestigieux Oscar du meilleur film? Réponse ce dimanche 9 février à Los Angeles.
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