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Énergie Est est le plan D de l'industrie, qui nous rappelle que nous sommes les bouche-trous avec lesquels l'industrie doit se contenter, faute de mieux.
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On peut se demander pourquoi il y a eu une telle levée de bouclier dans l'Alberta quand le maire Denis Coderre et ses collègues de la CMM (Communauté métropolitaine de Montréal) ont dit «non» à Énergie Est. Après tout, le long pipeline vers l'Atlantique est le plan D de l'industrie des sables bitumineux.

On sait que l'industrie des sables bitumineux a comme objectif de doubler sa production d'ici 2030 ; idéalement, elle aimerait la tripler.

Pour comprendre le problème fondamental de cette industrie, il faut examiner une carte de l'Amérique du Nord. Ces sables remplis de bitume sont situés dans le nord de l'Alberta ; les gisements vont jusqu'en Saskatchewan. Les gisements sont dans une zone peu peuplée (sauf d'Autochtones) ; ils sont très éloignés des zones industrielles qui ont besoin de pétrole. En d'autres mots, ils sont enclavés ; il faut se rendre à la mer (tidewaters).

Pour atteindre les marchés convoités de l'Asie (Japon, Chine, Inde, Indonésie, etc.), il faut aller vers l'océan Pacifique. Le plan A, c'est le pipeline Northern Gateway d'Enbridge, qui livrerait le pétrole vers le port de Kitimat en Colombie-Britannique ; de là, des pétroliers le transporteraient vers les marchés asiatiques. Pour l'industrie, c'est le chemin le plus court et le plus logique. Même si l'ONÉ (Office national de l'énergie) l'a approuvé, l'opposition des citoyens et des Premières Nations est intense. Même le gouvernement de la première ministre Christy Clarke, en Colombie-Britannique, est persuadé que les dangers écologiques ne sont pas contrebalancés par les avantages économiques.

Sur l'échiquier politico-juridique, c'est «échec» à l'industrie!

Le plan B, c'est le pipeline TransMountain de Kinder-Morgan, qui amènerait le pétrole vers le port de Vancouver. Encore une fois, l'opposition est féroce. Tout comme les maires de la CMM, les maires de Vancouver et de sa région s'objectent au passage du pétrole sur leur territoire. Trop de dangers et pas assez de bénéfices économiques. Des députés comme Elizabeth May (Parti vert) et Kennedy Stewart (NPD) en ont fait leur cheval de bataille et ils viennent de gagner les élections d'octobre 2015 avec ce thème. Échec à l'industrie!

Comme l'horizon est bouché vers l'ouest, il reste le sud vers les États-Unis et le golfe du Mexique. Le plan C, c'est Keystone XL de TransCanada. Des citoyens et certains États américains s'y sont opposés énergiquement. Après beaucoup d'hésitations, le président Obama a fermé la porte à ce plan. Échec à l'industrie!

Comme l'industrie est coincée par ces mises en échec successives, il lui reste un pis aller : la longue route vers l'est.

Énergie Est (en parallèle avec la ligne inversée 9B d'Enbridge) est le plan D. Ce pipeline est 3 000 km plus long que Northern Gateway. Pire, les pétroliers, une fois chargés, devront faire un voyage bien, bien plus long pour se rendre aux marchés asiatiques. Un pipeline plus long et un trajet en pétroliers plus long égalent moins de profits! Mais quand on est mal pris...

Ce quatrième choix des sables bitumineux, ça me rappelle le choix des équipes pour une partie de baseball à l'école élémentaire. Les deux chefs d'équipe choisissaient les meilleurs joueurs en premier, puis les joueurs de calibre intermédiaire. À la fin, en faisant la grimace, ils se partageaient les moins bons joueurs. Ce plan D de l'industrie me rappelle que nous sommes les bouche-trous avec lesquels l'industrie doit se contenter, faute de mieux!

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