Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

On a tué l'école

L'école est devenue servile, centrée sur elle-même et sa bureaucratie au détriment même de son but premier, de sa raison d'être : l'élève et son cheminement.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

C'est officiel, l'école a tué l'école, point à la ligne. Y'a plus rien à faire avec ça, on est rendu à raser le système et rebâtir à neuf. L'école est devenue servile, centrée sur elle-même et sa bureaucratie au détriment même de son but premier, de sa raison d'être : l'élève et son cheminement.

Depuis quand les budgets, les conventions collectives, les compagnies d'assurance, les technocrates ont-ils pris le dessus sur le bien-être et l'éducation des jeunes ? Je me le demande et je m'attriste d'entendre, chaque fois que le sujet est abordé, que ce n'est pas la faute de personne.

Tous se lancent la balle. Entre les enseignants, les syndicats, les directeurs, les commissions scolaires et les politiciens, dans une interminable partie de ping-pong où le seul et unique perdant est celui qui ne devrait jamais perdre, l'élève.

Ce mouvement du « ce n'est pas de ma faute » est constaté dans la majorité des établissements qui sont, en plus, désuets et mal entretenus (plusieurs même infestés de vermines et de moisissures).

La rectitude a pris le dessus sur tout le reste. Le carcan scolaire, imposé à tous, tue l'école et le plaisir qu'on y a jadis eu, lentement mais sûrement.

Les collations maison y sont devenues proscrites, parce que le petit Émérick est allergique au poisson et les arachides sont devenues plus à craindre que l'Islam radical. Le ballon chasseur aussi est disparu, il est devenu illégal de lancer tout objet depuis que Clode-Émile a saigné du nez en 2014 après avoir reçu le ballon au visage.

Escalader les bancs de neige en hiver est aussi interdit dès que ceux-ci font plus de 4 pieds de haut, c'est-à-dire après la deuxième bordée de neige si vous êtes de Québec. La glissade que nous avions faite pour des gamins de Val-Bélair cet hiver a même été interdite d'accès... Il s'agirait d'un problème d'assurance. Encore une fois, la faute des autres ! C'est juste triste à mourir...

Ma fille n'a même pas pu distribuer ses invitations de fête au service de garde la semaine passée, histoire de ne pas faire de peine à personne... On ose ensuite se demander pourquoi les enfants n'aiment pas l'école. C'est simple, parce que l'image qu'elle projette est on ne peut plus claire; l'école ne t'aime pas non plus.

On ne sort plus de l'école inspiré et prêt à conquérir le monde, tout le contraire! On y fabrique maintenant de bons petits citoyens à devenir, obéissants, respectueux et serviles, experts à répondre à des questionnaires et à marcher en rang. On y enseigne la pensée générale et « générique », nivelant toujours par le bas en prenant soin de s'ajuster au développement du plus faible, au lieu de valoriser le travail, le dépassement et l'excellence.

Ce plus faible qui d'ailleurs a récemment perdu son orthopédagogue et son aide aux devoirs. Gracieuseté de la dernière coupure ministérielle...

Et je ne parlerai même pas ici des récréations qui raccourcissent, des périodes d'éducation physique qui sont presque inexistantes et de l'intolérance au bruit du personnel enseignant et au service de garde. Au bruit ! Parce qu'on sait tous que les enfants préfèrent les jeux silencieux.

On se demande ensuite pourquoi nos écoles sont tristes, pourquoi les garçons s'y sentent si peu à leur place, pourquoi les enseignants qui dans beaucoup de cas tiennent le réseau à bout de bras sont si exaspérés et enclins à quitter en « burn-out » ou à prendre des tâches de travail diminuées.

Enlever toutes les ressources d'un système, le presser comme un citron et lui imposer des règles de toutes parts en le standardisant à l'échelle corporative sans considération pour sa véritable mission et se demander pourquoi il échoue ses bénéficiaires, c'est la définition même de la stupidité!

La faute est à d'autres, aux commissions scolaires, aux parents, aux Ipads, aux budgets et personne n'apporte de vraies solutions. Personne ne dit « Wô là », ça ne marche vraiment plus, il faut faire de quoi.

Et avec la lourdeur du système, considérant l'énormité du réseau de l'éducation, quand l'appel sera finalement entendu (celui qui dit que nous fonçons tout droit vers cet immense iceberg qu'est la perte de toute une génération de jeunes), il sera trop tard pour donner un coup de barre et corriger à temps. La collision sera inévitable et nous ne pourrons que constater l'échec collectif.

Nous pourrons ensuite remplir un autre beau rapport. Un rapport déjà attendu sur une tablette ministérielle, prêt à être ignoré comme tant d'autres.

Gardez espoir!

Il y a ici quand même une note positive à souligner avant de se quitter sur cette envie de tout jeter aux ordures.

Un point sur lequel nous sommes particulièrement performants et pour lequel nous devrions ressentir une fierté commune. Nous sommes les champions nord-américains de la consommation de Ritalin et d'antidépresseurs chez les jeunes.

Pour ça, je dis bravo la gang, on a réussi ça ensemble.

On doit faire quelque chose de bien !

Votre école, elle ressemble à quoi ?

P.-S. On sait que certains établissements innovent et se battent pour faire avancer les choses. On veut en savoir plus! Votre école, elle ressemble à quoi? Partagez nous votre recette pour faire une différence, celle qui motive et inspire nos jeunes...

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.