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En Nouvelle-Zélande, des oiseaux sauvés par des lumières éteintes

Un village néo-zélandais teste une nouvelle stratégie pour empêcher les pétrels, des oiseaux marins, de s'écraser sur les routes: l'extinction des lampadaires.
Les pétrels sont une espèce d'oiseaux rares (Photo d'illustration)
MARCEL MOCHET / AFP
Les pétrels sont une espèce d'oiseaux rares (Photo d'illustration)

Éteindre tous les lampadaires pour empêcher les oiseaux de s’écraser sur les routes. C’est la nouvelle stratégie de Punakaiki, un petit village situé dans le West Coast, une région du sud de la Nouvelle-Zélande pour sauver les pétrels, une espèce d’oiseaux marins rares, a rapporté le Guardian ce mardi 22 décembre.

Lors de son envol, cet oiseau migrateur part d’une falaise pour se nourrir en mer et se repère en fonction des astres dans l’eau. Sur une île suréclairée, il est désorienté ou aveuglé et s’échoue sur terre. Son attirance naturelle pour la luminosité s’explique aussi par la recherche de proies bioluminescentes (des espèces de calmars de leur régime alimentaire) pour se nourrir.

Les caractéristiques physiques du pétrel font qu’il ne peut pas redécoller une fois à terre: il est alors heurté par des voitures ou mangé par des prédateurs. Ce problème se serait accru depuis l’an dernier dans le village néo-zélandais de Punakaiki en raison de l’installation de lumières LED, c’est à dire qui fonctionnent avec une diode, toujours d’après le Guardian.

Pour la première fois dans le pays, les autorités locales ont donc créé une panne d’électricité localisée, avec 15 lampadaires éteints le long d’un tronçon d’autoroute de 3,4 km depuis début novembre. L’opération devrait se poursuivre jusqu’en janvier.

La pollution lumineuse, une cause connue de décès de pétrels

“C’est formidable, s’est réjoui auprès du quotidien britannique Bruce Stuart-Menteath, qui gère les fonds de sauvetage de pétrels de la ville. Je n’ai ramassé qu’un seul pétrel cette année, contre une douzaine d’habitude”.

Des dires confirmés par le Departement of conservation (DOC), l’agence responsable de la conservation des pétrels du district de Westland, situé dans la région West Coast: selon eux, seuls 10 pétrels se seraient écrasés dans le village cette année, contre 15 à 25 habituellement. En revanche, les oiseaux de mer se seraient écrasés par dizaines sur les routes de Greymouth, la plus grande ville de la côte ouest en Nouvelle-Zélande, qui n’a, elle, pas encore testé la nouvelle stratégie.

D’après Darrell Haworth, spécialiste de la biodiversité et membre du DOC, la pollution lumineuse est connue pour perturber le vol de ces oiseaux marins. “On ne sait pas exactement si tous les décès sont liés à cela, mais ce qui est sûr, c’est que beaucoup le sont. Le problème est la lumière émise par les lampadaires, mais aussi celle des propriétés privées”.

Et Bruce Stuart-Menteath, son collègue, d’ajouter: “Habituellement les pétrels survolent la mer et plongent lorsqu’ils voient une lumière bleue pour attraper des poissons lumineux, d’où la confusion avec les lampadaires”.

Mais qu’en est-il de la sécurité des habitants de Punakaiki lorsqu’ils se déplacent la nuit sur les routes? D’après le Guardian, les autorités locales ont conseillé d’utiliser des lampes torches.

Une opération réalisée à la Réunion

L’initiative n’est pas nouvelle dans le monde. Depuis douze ans, l’île de la Réunion organise des “nuits sans lumière” pour protéger les pétrels du département. En 2019, 389 pétrels ont été sauvés d’après la Société d’Études Ornithologiques de La Réunion (SEOR). L’opération a également permis de préserver les écosystèmes déstabilisés par l’éclairage comme c’est le cas chez certains insectes, poissons, amphibiens et reptiles.

“Aujourd’hui, les différents acteurs de l’éclairage public cherchent à mieux éclairer et non pas à supprimer toutes les lumières. Pour cela, il faut mieux comprendre la construction de la demande en éclairage pour l’adapter aux pratiques et aux usages. À terme, l’objectif est d’intégrer le besoin d’obscurité dans les politiques publiques et de pérenniser cette démarche toute l’année”, a déclaré un porte-parole du Parc national de la Réunion sur Franceinfo en avril dernier.

Ce texte a initialement été publié sur le HuffPost France.

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