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Après y avoir entendu les implorations désespérées de ces jeunes filles, nous ne pouvons plus laisser le Nigéria sombrer à l'arrière-plan de l'attention internationale.
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Pour une adolescente, 50 jours semblent sûrement une éternité. Ce sont justement 50 jours qui viennent de s'écouler depuis que plus de 200 jeunes filles ont été kidnappées dans leur école de Chibok par l'organisation Boko Haram, et elles sont toujours captives.

Une nouvelle vidéo a été rendue publique par leurs ravisseurs et après y avoir entendu les implorations désespérées de ces jeunes filles, nous ne pouvons plus laisser le Nigéria sombrer à l'arrière-plan de l'attention internationale.

Sur cette vidéo, on aperçoit huit de ces jeunes filles vêtues d'uniformes scolaires de fortune en vichy bleu pâle forcées de parader devant la caméra. On entend même l'une d'elles dire "je n'aurais jamais pensé souffrir autant dans ma vie". Une autre s'écrie "ils nous ont enlevées de force", tandis qu'une troisième se plaint de ne pas recevoir suffisamment de nourriture. Une autre jeune fille encore, plus âgée, tente de garder son sang-froid alors qu'elle dit "ma famille doit être si inquiète".

Nous savons que cette vidéo a été captée il y a deux semaines, et on craint désormais que les jeunes filles soient gardées captives au Cameroun, au Tchad ou encore au Niger. Quoi qu'il en soit, ce que l'on redoute c'est que peu d'entre elles se trouvent encore dans les forêts de l'État de Borno, là où elles ont initialement été kidnappées.

Des équipes d'experts et de conseillers envoyés sur place tentent d'élaborer différents scénarios de missions de sauvetage. Alex Badeh, le chef d'état-major de la défense du Nigéria, affirme que son gouvernement sait où se trouvent les jeunes filles.

Malgré cela, la priorité demeure pour le moment de rendre les écoles du pays plus sécuritaires et de reconstruire l'école de Chibok afin qu'elle soit prête à accueillir les victimes dans l'éventualité de leur libération.

Après tout, ces jeunes filles et leurs familles ont le droit de savoir qu'une fois libérées, elles pourront aller à l'école et apprendre en toute sécurité.

La pétition "Bring Back Our Girls" qui a rapidement fait le tour de la planète et qui réclame la construction d'écoles sécuritaires au Nigéria a, à l'heure actuelle, amassé 995 000 signatures. Parallèlement, des vigiles silencieuses ont eu lieu un peu partout au Nigéria et ailleurs dans le monde, attirant l'attention non seulement sur ce que l'on peut faire pour libérer ces jeunes filles, mais aussi assurer que tous les enfants puissent aller à l'école et apprendre en toute sécurité.

C'est précisément pour cette raison que la Safe Schools Initiative, un programme mis sur pied par la Global Business Coalition for Education en collaboration avec le gouvernement du Nigéria, est si importante. Les parents, autant que les enfants, doivent être sûrs qu'une institution d'enseignement est un endroit sécuritaire.

Il y a une quinzaine de jours, j'ai eu une rencontre avec le Président Goodluck Jonathan, à Paris. Nous avons tous deux convenu qu'il ne faut pas abandonner la chasse aux ravisseurs de ces 280 jeunes filles, mais que la Safe Schools Initiative aiderait, quant à elle, les 30 millions d'autres enfants nigérians qui ont désormais peur d'aller à l'école.

L'organisation dispose déjà de plus de 20 millions de dollars, grâce à des contributions du gouvernement du Nigéria et de la communauté des affaires du Nigéria via la Global Business Coalition for Education. La Safe Schools Initiative a commencé à attirer l'attention d'autres pays, tels que la Grande-Bretagne, la Norvège et d'autres encore. Son but est simple: convaincre les 30 millions d'écoliers du Nigéria que tout est mis en place pour les protéger de Boko Haram, ce groupe terroriste qui voudrait empêcher toutes les filles d'aller à l'école.

Nous sommes à deux semaines de la Journée de l'enfant africain, un événement où moi-même et plusieurs autres choisirons de rendre hommage à la bravoure des filles de Chibok et de tous les autres enfants qui doivent se battre pour avoir une éducation. De plus, les mois à venir permettront à la Safe Schools Initiative de garnir ses coffres en prévision de la prochaine année scolaire.

J'ai mis sur pied un plan de protection physique des écoles que j'ai présenté au Président Jonathan. Celui-ci propose également la création d'équipes relations avec la communauté, la mise en place de réseaux d'alertes rapides plus efficaces en cas d'attaque, et d'un réseau de soutien aux parents qui veulent s'impliquer dans la sécurisation des écoles. Nos propositions se basent sur notre vaste expérience dans d'autres zones de conflit telles que l'Afghanistan, le Pakistan, la Somalie et le Népal.

Toutes ces mesures seront mises en place très rapidement une fois que le fonds aura amassé assez d'argent. Nous travaillons déjà en collaboration avec des experts d'un peu partout dans le monde -- incluant divers départements des Nations Unies au Nigéria et des experts de l'UNICEF qui ont mis sur pied de tels programmes ailleurs dans le monde -- afin de sécuriser le plus rapidement possible les écoles du nord du pays qui sont les plus vulnérables.

On voit déjà des signes encourageants que les jeunes du Nigéria ne se laisseront pas intimider par les terroristes. À la fin du mois dernier, plusieurs jeunes nigérians agissant à titre d'ambassadeurs de l'organisme A World at School ont déclaré qu'ils allaient redoubler d'efforts afin de permettre à tous les enfants du Nigéria d'aller à l'école en toute sécurité. Nous collaborons également avec des membres de différentes communautés religieuses, dont le pape François et plusieurs hauts dirigeants de la communauté musulmane qui se sont élevés contre cette violence.

L'archevêque Desmond Tutu a accepté de soutenir l'application de la Journée de l'enfant africain et a également offert son soutien aux écolières du Nigéria. Les membres de la Global Faiths Coalition for Education -- incluant Muslim Aid, la Islamic Society of North America et d'autres encore -- ont tous condamné cette odieuse attaque contre le droit des filles à l'éducation. De plus, la semaine dernière, la Confédération syndicale internationale -- qui représente 30 millions d'enseignants parmi ses 200 millions de membres, a émis une déclaration d'appui au mouvement. Depuis quatre ans, 171 enseignants ont été massacrés dans divers incidents dans l'État de Borno.

Chaque enfant est spécial, chaque enfant est unique, chaque enfant est précieux et tous ont le droit à une éducation. Le 16 juin, lors de la Journée de l'enfant africain, le monde entier devrait s'arrêter un instant pour réfléchir aux paroles de la regrettée Maya Angelou, qui expriment si bien l'ardent désir de la communauté internationale à venir en aide aux jeunes filles kidnappées: "Personne ne sera libre tant que nous ne serons pas tous libres". Et nous ne baisserons pas les bras tant que tous les garçons et les filles ne seront pas à l'école, en train d'apprendre en toute sécurité.

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