Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

«Mulan»: changer de mentalité

Le remake du dessin animé de 1998 vaut-il son important prix d'admission?
Disney

Mulan est l’un des rares remakes en prises de vue réelles produits par Disney au cours des dernières années qui réussit à justifier son existence au-delà des évidentes visées mercantiles du géant américain.

Car le film de la réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro est assez différent du dessin animé de 1998, et ce, aussi bien au niveau du ton et de l’action que de ses multiples façons de mettre en évidence sa morale et ses vertus.

Exit, donc, les numéros musicaux, le dragon Mushu et le criquet Cri-Kee, le fantôme d’un ancêtre qui utilise sa tête décapitée comme ballon de plage dans une fête, de même que l’humour en général dans la majeure partie du film. Ce nouveau Mulan a des convictions sociales et des ambitions épiques très précises.

Et le film réserve bien plusieurs moments de grâce, mais dans un ensemble qui, malheureusement, manque de profondeur, et de souffle sur le plan dramatique.


Prendre sa place

La principale distinction entre les deux versions de cette même histoire se situe au niveau de la composition même du personnage-titre.

Le discours du film de 1998 poussait l’idée qu’une femme pouvait accomplir les mêmes choses qu’un homme si on lui en donnait simplement l’opportunité.

Mulan coupait ses longs cheveux, enfilait une armure et rejoignait le camp militaire dans le but d’éviter une mort certaine à son père à la santé fragile. Celle-ci n’avait aucune expérience de combat, mais son courage et sa détermination lui permettait d’apprendre rapidement, et même de surclasser plusieurs de ses comparses masculins.

Au final, les faits d’armes de Mulan étaient d’avoir escaladé un poteau avec des poids attachés à ses poignets, déclenché une avalanche pour venir à bout d’une armée ennemie beaucoup plus imposante, et placé le chef des Huns au bon endroit au bon moment afin que ce dernier soit frappé par un feu d’artifice là où ça fait mal.

Mais le dessin animé faisait bon usage de cette évolution somme toute assez classique pour impliquer émotionnellement le spectateur.

Dans le film de Niki Caro, Mulan possède des aptitudes physiques exceptionnelles dès son plus jeune âge. Des habiletés que son père la poussera à refouler (à contrecoeur) afin qu’elle prenne la place de femme qui lui revient dans la société de l’époque (avec toutes les contraintes et les limitations que cela implique), et qu’elle ne déshonore pas sa famille.

Disney

Que le Chi soit avec vous

Disney étant Disney, il y a aussi un peu de Star Wars qui se mêle à cette nouvelle version. L’objectif principal de Mulan sera ici de s’affirmer haut et fort en tant que femme, de faire jaillir la vérité au péril de sa propre vie, et de faire évoluer les mentalités par la même occasion. Le tout afin de pouvoir canaliser pleinement cette force mystique qu’elle maîtrise mieux que quiconque et qui lui permet de s’imposer sur le champ de bataille.

Le «côté obscur» est représenté par une sorcière semblant sortie tout droit d’un clip d’Empire of the Sun, elle qui a décidé de défier l’ordre et de se ranger du côté du chaos après avoir subi pendant trop longtemps les foudres et les contrecoups du système patriarcal en place.

Mais aussi nobles soient ses intentions et aussi pertinent soit son discours, Mulan souffre au final du même problème que le récent Frozen II du même studio, dans lequel tout servait davantage le propos que l’histoire, et les résolutions de conflits se révélaient beaucoup trop simplistes.

Sous-développés, les personnages ne remplissent du coup que différentes fonctions narratives. Les frères d’armes de Mulan sont tous facilement oubliables, tandis que Yifei Liu, dans le rôle principal, offre une prestation débordante d’assurance, mais quelque peu mécanique.

Disney

Échelle réduite

Nous devons néanmoins rendre à César ce qui est à César. La mise en scène de Niki Caro au style beaucoup plus oriental qu’occidental s’impose souvent par sa précision et sa somptuosité. Plusieurs séquences sont absolument magnifiques et rendent justice aux moments clés du récit.

Cela fait du bien également de voir de vrais décors, de vrais costumes et de vraies cascades, plutôt que de se heurter à une suite de murs d’effets numériques. Les enjeux et les affrontements sont aussi moins rocambolesques et beaucoup plus concrets et singuliers que ce à quoi ont pu nous habituer les récents films de Marvel et de Star Wars.

Et Mulan ne souffre aucunement de ce déploiement à plus petite échelle, bien au contraire. Mais son impact aurait assurément été plus important si les personnages - surtout secondaires - avaient été mieux définis, et si les moments d’adversité avaient eu une résonance beaucoup plus significative.

Mulan ne fait aucunement dans la subtilité et ne se gêne pas pour souligner à gros traits ses moindres symboles. Le film de Niki Caro accomplit généralement ce qu’il entreprend de façon tout à fait compétente, mais néglige aussi une quantité considérable d’éléments pourtant essentiels à ce type de productions épiques.

Si vous êtes abonné à la plateforme Disney+ et que vous êtes prêt à débourser 34,99$ pour obtenir l’Accès Premium, vous pouvez visionner Mulan dès aujourd’hui. Sinon, vous devrez encore patienter jusqu’au 4 décembre prochain.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.