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Une motion sur les symboles religieux battue par... un élu portant un symbole religieux

L'intervention du chef de l'opposition, qui porte la kippa juive, a mené au retrait d'une motion protégeant le droit des élus de porter de tels symboles.
Lionel Perez, chef du parti Ensemble Montréal.
Olivier Robichaud
Lionel Perez, chef du parti Ensemble Montréal.

Le chef de l'opposition à Montréal s'est retrouvé dans une situation bien particulière mardi. Lionel Perez a forcé le retrait d'une motion protégeant le droit des élus de porter des symboles religieux, alors même qu'il porte quotidiennement la kippa juive.

Le conseiller municipal indépendant Marvin Rotrand a présenté mardi une motion réaffirmant le droit des élus municipaux de porter des symboles religieux dans le cadre de leurs fonctions. Il s'agit d'une réponse au projet du nouveau gouvernement caquiste, qui souhaite interdire le port de symboles religieux pour les juges, les gardiens de prison, les enseignants et d'autres catégories d'employés de l'État en position d'autorité.

La CAQ n'a jamais manifesté une intention d'imposer une telle restriction aux élus. M. Rotrand estime toutefois qu'il était nécessaire de réaffirmer ce droit.

«À une autre époque, le Parti québécois avait suggéré que les élus ne devraient pas porter de symboles religieux ostentatoires. La suggestion n'a pas fait partie de leur projet final de charte des valeurs québécoises, mais ça a eu comme effet de refroidir les minorités religieuses et leur désir de se porter ou non comme candidats à une élection municipale. Je veux m'assurer qu'il est clair qu'ils sont les bienvenus», a-t-il dit au conseil.

On entre dans un débat qui n'en est pas un et on jette de l'huile sur le feu.Lionel Perez

M. Perez, chef d'Ensemble Montréal, estime toutefois que la motion est malvenue étant donné le contexte actuel.

«Je pense que personne dans cette salle n'est contre les résolus de la motion. [...] Mais jamais, dans sa proposition, la Coalition avenir Québec n'a-t-elle mentionné les élus. On entre dans un débat qui n'en est pas un et on jette de l'huile sur le feu», a-t-il lancé.

M. Perez, qui a souligné son «intérêt évident» dans ce dossier, craint que la motion n'ajoute à la confusion et aux divisions entourant le débat sur les symboles religieux.

La mairesse Valérie Plante a abondé dans le même sens.

«En ce moment, on est nécessairement soit traître à la nation, soit raciste. On ne peut pas avoir une discussion sur un débat aussi polarisé. Quand on saura sur quoi le gouvernement souhaite légiférer, on se prononcera», a-t-elle dit.

Marvin Rotrand a protesté, disant que sa motion avait été rédigée avec prudence. Il a toutefois retiré sa motion, étant donné l'absence d'appuis au sein du conseil.

Lundi, trois représentants des communautés culturelles de Montréal ont pris la parole en soutien à la démarche de M. Rotrand. Il s'agit d'Amrit Kaur, vice-présidente pour le Québec de la World Sikh Organisation of Canada, de Gabriel Bazin, vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, et de Balarama Holness, ex-candidat aux élections municipales qui a obtenu une consultation publique sur le racisme systémique.

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