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«Mot en N» en ondes: Guy A. Lepage se défend

Renzel Dashington n'a visiblement pas eu le même effet sur l'animateur de «Tout le monde en parle» que sur Patrick Lagacé.
Capture d'écran/Radio-Canada

L’animateur Guy A. Lepage s’est défendu lundi après avoir prononcé le «mot en N» en direct à Tout le monde en parle, dimanche soir.

Interpellé par l’humoriste québécois d’origine haïtienne Renzel Dashington sur les réseaux sociaux, le membre fondateur de RBO s’est justifié en soulignant qu’il n’avait utilisé le mot que pour citer les titres d’oeuvres littéraires.

«Yo, qu’est-ce que Guy A. faisait hier?» a lancé M. Dashington dans une courte vidéo. Il s’est ensuite imaginé ce qu’aurait ressenti un — hypothétique — jeune stagiaire noir de 18 ans qui aurait dû entendre ce mot prononcé pendant une réunion de production avec ses supérieurs avant la diffusion.

«You know what that feels like? Slavery», lance-t-il en anglais. («Tu sais à quoi ça fait penser? À l’esclavage.»)

De son côté, l’animateur a dit estimer que l’entrevue qu’il a réalisée avec Vanessa Destiné, Émilie Nicolas, Webster et Ricardo Lamour était «très utile et respectueuse».

La journaliste et chroniqueuse Vanessa Destiné, l’artiste hip-hop et conférencier Webster, la chroniqueuse Emilie Nicolas et l’artiste et entrepreneur social Ricardo Lamour ont expliqué avec éloquence la blessure que provoque en eux l'utilisation du «mot en N».
Karine Dufour/Radio-Canada
La journaliste et chroniqueuse Vanessa Destiné, l’artiste hip-hop et conférencier Webster, la chroniqueuse Emilie Nicolas et l’artiste et entrepreneur social Ricardo Lamour ont expliqué avec éloquence la blessure que provoque en eux l'utilisation du «mot en N».

Pendant une vingtaine de minutes, l’animateur a largement laissé les quatre personnes noires invitées expliquer leur malaise avec l’utilisation du mot, particulièrement en dehors du contexte académique, et sur les dérapages auxquels le débat a donné lieu ces derniers jours. La journaliste Vanessa Destiné a notamment dénoncé que «des professeurs très vexés dans leur égo» aient récemment «imposé cette discussion-là à des élèves du primaire et du secondaire».

«C’est un mot qui nous accompagne tout au long de notre vie», a-t-elle expliqué de façon très éloquente. «Généralement on est très jeune la première fois qu’on l’entend. Et c’est ça qui est très choquant, c’est qu’on est déjà déshumanisé aux yeux des autres à un âge très, très jeune.»

Admettre ses torts

Les arguments de Renzel Dashington n’ont visiblement pas eu le même effet sur Guy A Lepage que sur Patrick Lagacé.

Samedi, à la suite d’une conversation téléphonique avec l’humoriste noir, le journaliste de La Presse signait une chronique où il admettait avoir commis une erreur en prononçant le mot en question sur les ondes du 98,5, lundi dernier.

«Mardi soir, donc, j’ai conversé avec Renzel Dashington au téléphone. Il m’a expliqué son rapport d’homme de 43 ans avec ce mot-là, il m’a décrit ce que ce mot-là porte en lui des stigmates personnels et collectifs», a relaté M. Lagacé.

Son interlocuteur lui aurait expliqué qu’il pouvait concevoir qu’il y ait un débat sur l’utilisation de tels mots dans un contexte académique.

«Toi, Patrick, es-tu à l’université, quand tu lances ça à la radio?», lui aurait ensuite demandé l’humoriste. «Moi, je veux pas l’entendre, ce mot-là. Il fait trop mal. Il veut dire trop de choses. Je veux pas l’entendre au hasard, comme ça, en changeant de poste dans ma voiture. Si je suis avec mes neveux et nièces dans l’auto, je veux pas qu’ils l’entendent non plus. Je leur dis quoi si je change de poste et que je tombe sur toi, qui lances ce mot-là, sans avertissement?»

De son propre aveu, M. Lagacé n’a alors «pas su quoi répondre» (et ceux qui suivent le chroniqueur sur Twitter savent que c’est un fait plutôt rare). Sans s’excuser ouvertement, il a donc admis qu’il n’aurait pas dû utiliser le mot à la radio et qu’il aurait mieux convenu de passer ses mots «dans le tamis de la décence», comme les journalistes le font régulièrement en parlant d’autres sujets.

Si Guy A. Lepage n’a pas franchi le même pas que M. Lagacé, il a toutefois tenu à éviter que le débat dérape en rappelant à l’ordre un internaute qui avait insulté M. Dashington.

«Ça non. Pas ce genre de commentaire», a-t-il tranché.

Vous pouvez visionner le segment de Tout le monde en parle de dimanche sur le «mot en N» ici.

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