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Monsieur Roberge, revoyons nos priorités

J’en viens à une conclusion extrêmement malheureuse: l’activité physique ne fait plus partie de nos priorités. Et ce, malgré tous ses bénéfices sur la santé physique et mentale, mais aussi sur l’économie.
Le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge.
La Presse canadienne/Jacques Boissinot
Le ministre de l'Éducation Jean-François Roberge.

Il y a quelques jours, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a annoncé que les sports scolaires dans les écoles primaires et secondaires du Québec seront sur pause pour un mois. Ainsi, ce sont plus de 220 000 athlètes qui prennent part aux activités du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) qui devront attendre. Au début de l’été, le gouvernement avait annoncé que les centres d’entraînement ne constituaient pas un service essentiel et qu’ils ouvriraient environ en même temps que les bars, restaurants et églises.

À écouter les interventions de notre gouvernement concernant le sport, j’en viens à une conclusion extrêmement malheureuse: l’activité physique ne fait plus partie de nos priorités. Et ce, malgré tous ses bénéfices sur la santé physique et mentale, mais aussi sur l’économie.

Une société active, une économie en santé

Lorsque le gouvernement a annoncé que la SAQ et la SQDC seraient considérées comme des services essentiels, beaucoup de sourcils se sont froncés. Cependant, l’argument de nos décideurs politiques était logique: un confinement est dur sur la santé mentale et fermer ces succursales rajouterait une couche de défis aux gens qui ont des problèmes de consommation. Pourtant, le sport agit aussi comme un remède psychologique – bien mieux d’ailleurs qu’un joint ou une coupe de vin – et rend les individus plus productifs.

En effet, plusieurs études académiques, dont une en particulier de l’Université Harvard, ont démontré que de l’activité physique quotidienne augmentait la créativité, permettait aux individus d’apprendre plus rapidement et améliorait la mémoire et aussi la concentration. N’est-ce pas exactement ce que les employeurs vénèrent chez leurs employés? Ces facteurs accentuent la productivité des travailleurs et a comme effet, à long terme, de non seulement hausser les revenus des entreprises, mais aussi les salaires des employés. Nous cherchons constamment des moyens peu coûteux de favoriser la relance de notre économie. Encourager le sport en est un excellent.

On peut s’obstiner des heures à savoir si Marc Bergevin est l’homme de la situation ou pas pour nos Canadiens, mais le fait que l’activité physique soit bénéfique pour la société est quant à lui incontestable. Alors pourquoi agissons-nous comme si le sport n’était qu’un simple loisir comme aller prendre une bière ou déguster une poutine sur une terrasse?

Il n’est pas trop tard pour revoir nos priorités

En 2016, on a estimé que l’obésité aux États-Unis a engendré des coûts directs pour le système de santé de plus de 480 milliards de dollars et une perte de productivité d’environ 1,4 milliard de dollars. Heureusement, la situation au Québec n’est pas encore aussi alarmante, bien qu’elle soit inquiétante. L’obésité gagne du terrain dans notre province depuis 40 ans et la facture annuelle des soins de santé liés à l’excès de poids a été estimée à près de trois milliards de dollars. Toutefois, il est encore temps de revoir nos priorités afin de contrer ce problème grandissant.

“Les écoles primaires et secondaires devraient être un endroit où les jeunes, peu importe leur milieu familial, sont encouragés à bouger et à développer une vie saine et active.”

Plus jeune, quand je passais trop de temps devant la télévision, mon père, qui est enseignant d’éducation physique au secondaire, me «suggérait» d’aller bouger. Ça m’énervait parfois! Mais aujourd’hui, en voyant les chiffres sur l’obésité et les actions du gouvernement, je le comprends parfaitement - et le remercie d’ailleurs. Malheureusement ce ne sont pas tous les jeunes qui ont un ou des parents actifs. Les écoles primaires et secondaires devraient être un endroit où les jeunes, peu importe leur milieu familial, sont encouragés à bouger et à développer une vie saine et active.

Freiner l’activité physique ne devrait pas être une option, même en période de COVID-19; nous devrions plutôt l’encourager tout en respectant certaines mesures sanitaires scientifiquement prouvées. Si nous tenons à vivre dans une société et une économie en santé, revoyons nos priorités.

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