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L'année dernière, 5000 ruches furent par exemple décimées en Ontario, où les analyses de toxicité ont permis de révéler que les abeilles avaient été contaminées aux néonicotinoïdes. Or, parmi les plus importantes compagnies à commercialiser des pesticides à base de ces néonicotinoïdes se trouve le géant des OGM: Monsanto.
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Lundi matin, La Presse nous révélait que les apiculteurs québécois préparaient une mobilisation pour dénoncer un pesticide/insecticide nocif à base de néonicotinoïdes. Sous la plume de Charles Côté, le quotidien révélait que la Fédération des apiculteurs du Québec allait directement interpeller l'ARLA (Agence fédérale de réglementation des pesticides) pour qu'elle prenne des mesures contre ce genre de produits chimiques.

L'entreprise CropLife Canada, celle qui vend le pesticide en question, nie pourtant toutes formes de toxicité de son produit, en plus de rejeter catégoriquement toutes formes de causalité entre les néonicotinoïdes et la mort des abeilles. Les néonicotinoïdes ont néanmoins pour but intrinsèque d'agir directement sur le système nerveux central des insectes; à cet égard, plusieurs études scientifiques (entre autres, Whitehorn et al., 2012 ; Henry et al., 2012) ont démontré, ces dernières années, le rapport entre ce pesticide et le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles (Colony Collapse Disorder). L'année dernière, 5000 ruches furent par exemple décimées en Ontario, où les analyses de toxicité ont permis de révéler que les abeilles avaient été contaminées aux néonicotinoïdes. Or, parmi les plus importantes compagnies à commercialiser des pesticides à base de néonicotinoïdes se retrouve le géant des OGM: Monsanto.

J'ai souligné, dans mon blogue Monsanto: l'ennemi public n°1, que l'empire des pesticides américains représentait un danger imminent sur le plan politique, mais, avant tout, sur le plan de la santé humaine et environnementale. J'ai également démontré le modus operandi de l'entreprise du Missouri et comment, au fil du temps, elle avait réussi, grâce à diverses formules de lobbyisme, à s'ingérer dans les sphères du pouvoir et des décisions. Dorénavant, mentionnons-le haut et fort, Monsanto doit être perçu et appréhendé comme le «Monstre Santo». Cela dit, au cours des derniers jours, la diffusion massive d'informations, principalement sur les réseaux sociaux, sur la disparition complète d'essaims d'abeilles m'a incité à approfondir le sujet.

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Nous apprenions récemment que l'État de l'Illinois, sous le couvert de son département de l'agriculture, avait saisi une importante quantité d'abeilles (les chiffres ne sont pas encore connus) dites résistantes à l'herbicide RoundUp (produit de Monsanto), en plus de tuer les reines restantes. Sans mandat et sans même de préavis, l'IDofAG (Illinois Departement of Agriculture) est intervenu pour s'emparer de plusieurs colonies d'abeilles appartenant au naturaliste et apiculteur Terrence Ingram. Un geste en apparence illégal, mais qui fut présenté comme légitime, voire coutumier. Or, je persiste à croire que l'intervention de l'IDofAG, ainsi que la démarche employée constituent une violation de la propriété individuelle, dans la mesure où, selon les informations que nous avons, aucun mandat ne fut employé et, au moment des faits, le Monsanto Protection Act n'avait toujours pas été sanctionné.

Que penser alors de tout ça? Que Monsanto est intervenu dans les sphères du pouvoir pour faire cesser les pratiques d'Ingram, qui, notons, réalisait depuis une quinzaine d'années des recherches sur les effets du RoundUp sur les abeilles. De manière hypothétique, quoique probablement très près de la réalité factuelle, il va sans dire que le «Monstre Santo» a agi dans son intérêt personnel, celui de s'approprier les abeilles résistantes à son herbicide afin d'y faire des tests pour conséquemment comprendre les raisons de cette résistance. Vous savez, l'abeille est une butineuse essentielle au maintien de la biodiversité et de l'environnement, ainsi qu'un insecte important pour l'humain. Elle est d'ailleurs considérée par plusieurs comme une sentinelle «bio-indicatrice» de l'état de l'environnement naturel. À ce sujet, les abeilles sont certainement importantes d'un point de vue économique, mais leur véritable nécessité est rattachée au plan environnemental. Comme elles sont des pollinisatrices fondamentales, les abeilles sont donc des vecteurs de reproductions des plantes et des arbres à fruits, ce qui en fait un insecte déterminant dans le processus naturel.

L'effondrement des essaims d'abeilles représente ainsi un danger pour la biodiversité et le cycle de reproduction végétal. Imaginez un instant la disparition complète de cet insecte; que ferions-nous pour assurer le processus de pollinisation des plantes? Sur cette question, des chercheurs du Harvard Microrobotics Lab aux États-Unis ont développé le Robobee, une abeille version robot qui est encore au stade de l'expérimentation scientifique. Même son de cloche du côté de l'École Polytechnique de Vasovie en Pologne où un groupe de chercheurs travaille actuellement sur un prototype de minidrone volant qui servira à cartographier les espaces agricoles et végétaux pour ensuite envoyer des robots pollinisateurs.

Que dire de plus? Je suis stupéfait... Ainsi, si je comprends bien la situation, devant les dangers reliés à l'extinction des abeilles, nous recherchons naïvement à remplacer des processus naturels par la technologie? Pourtant, et cela me semble très clair, la source du problème est humaine et commerciale. Le vrai danger vient des entreprises comme Monsanto, qui, par la production et la marchandisation de leurs différents pesticides chimiques, constituent une menace pour l'humanité.

Devant ce constat, il est grand temps d'agir, de collectivement se lever et de tout faire pour empêcher ce genre d'entreprise d'avoir carte blanche. Notre santé, ainsi que l'environnement sont en jeu. Ensemble, envoyons un message clair, un signal que nous n'approuvons pas les pratiques du «Monstre Santo»!

Sources

- Henry, M. et al., (2012), A Common Pesticide Decreases Foraging Success and Survival in Honey Bees, in Science, Vol. 336, No. 6079, pp. 348-350

- Whitehorn, P. et al., (2012), Neonicotinoid Pesticide Reduces bumble Bee Colony growth and Queen Production, in Science, Vol. 336, No. 6079, pp. 351-352

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