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Monia Chokri: «Avec Xavier Dolan, on partage la même idée du cinéma»

«Il y a tellement d’influences dans mon cinéma que les gens ne relèvent pas et qui sont pourtant évidentes. Mais c’est vrai qu’il y a des parentés entre Xavier et moi...»
Samir Hussein via Getty Images

La folie cannoise retombée, Monia Chokri a présenté son premier long en tant que réalisatrice au Théâtre Outremont. «Je suis vraiment contente de revenir à la maison», a-t-elle confié au HuffPost Québec, quelques heures avant la première montréalaise de La femme de mon frère. «Ç‘a été dur pour moi de présenter mon film à Cannes, parce que j’étais trop stressée. J’étais un peu comme hors de mon corps.»

Des Amours imaginaires à La femme de mon frère

Présenté en ouverture dans la catégorie «Un certain regard» au Festival de Cannes, le film de Monia Chokri s’est vue attribuer le prix du Coup de cœur du jury. Sur la croisette, la jeune réalisatrice, qui a pu échanger quelques mots avec Jim Jarmusch, s’est également attirée les louanges des critiques. Le magazine français Les Inrocks a notamment salué La femme de mon frère comme «une emballante comédie satirique sur les affres d’une jeune femme adulescente en crise.»

Certains n’ont pas manqué aussi de faire le parallèle avec Xavier Dolan, qui a dirigé Monia Chokri dans Les amours imaginaires, présenté à Cannes en 2010 à la Quinzaine des réalisateurs. «La comparaison est facile, réagit-elle. Il y a tellement d’influences dans mon cinéma que les gens ne relèvent pas et qui sont pourtant évidentes. Mais c’est vrai qu’il y a des parentés entre Xavier et moi. On partage la même idée du cinéma. Je pense que ça nous nourrit l’un l’autre.»

Dans La femme de mon frère, Anne-Elisabeth Bossé (dont la première apparition au grand écran remonte aux Amours imaginaires de Dolan) campe le personnage de Sophia. Cette trentenaire hypocondriaque et névrosée vit une relation fusionnelle avec son frère, le séduisant Karim (campé par Patrick Hivon). Jusqu’au jour où ce dernier a le coup de foudre pour une gynécologue (Évelyne Brochu) qui vient s’immiscer entre eux. En pleine crise existentielle, Sophia voit alors son petit monde s’écrouler.

La puissance comique de la mélancolie

«J’ai connu cette relation de fusion avec mon frère, commente Monia Chokri. On était très, très proches et on l’est toujours. Mais ce film n’est pas notre histoire. Je pars toujours de sentiments que je connais pour écrire, ensuite je décolle dans la fiction. Dans le cas de Karim et Sofia, j’ai essayé de prendre beaucoup de mon frère et moi, de mettre tous les défauts qu’on a chez Sofia et de mettre toutes nos qualités chez Karim, dans une sorte de savant mélange.»

Si Sofia renferme une part de Monia (les deux partagent notamment une fascination assez étrange pour une certaine Kim Kardashian), la réalisatrice n’a pas souhaité se glisser elle-même dans la peau de son personnage. «Je joue beaucoup comme actrice, donc je n’ai pas de frustration par rapport à ça, explique-t-elle. Et puis, j’avais vraiment envie d’apprendre mon métier de réalisatrice. Ça demande déjà tellement de temps et de précision de ne réfléchir qu’à la mise en scène.»

Pour Monia Chokri, le choix d’Anne-Élisabeth Bossé s’est imposé assez naturellement et rapidement pour le personnage éternellement insatisfait de Sophia. «C’est une actrice que j’admire énormément. Et ç’a été un choix évident pour moi. D’abord parce qu’elle a une sympathie naturelle, donc je pouvais pousser vraiment loin le personnage dans son ironie. Puis aussi parce qu’elle a une grande force de comédie et une grande mélancolie. Je trouvais ça très beau de voir se côtoyer les deux.»

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Un second film en préparation

La réalisatrice a effectué un gros travail de montage sur La femme de mon frère, multipliant les plans à l’esthétique pop soigné et l’utilisation du plan sur plan et du champ-contrechamp. «Il y a plusieurs écoles de pensée dans le montage. Il y a des gens qui disent que si le montage se voit, c’est pas bon. Moi, je suis un peu dans le principe inverse. J’aime le montage visible. J’utilise le montage de manière ludique, comme une troisième écriture.»

Au final, Monia Chokri a pris son temps pour sortir son premier long-métrage, pas loin de quatre ans. «Je suis très monomaniaque, dit-elle. Je ne suis pas capable d’écrire et de jouer en même temps. Et il m’est arrivée de mettre mon scénario durant six ou sept mois dans un tiroir, sans même le relire. C’est pour ça que ç’a pris tout ce temps-là. Mais j’en suis ravie, parce que je pense que c’est un film qui est beaucoup plus achevé et mature que si je l’avais fait deux ans après Quelqu’un d’extraordinaire (son premier court-métrage en tant que réalisatrice sorti en 2013)».

L’actrice et réalisatrice planche maintenant déjà sur son prochain film, Simple comme Sylvain. «Après avoir fait une étude sur la famille, je prépare une étude sur le couple», dit-elle. «Je vais aussi continuer à jouer, je vais être TNM en avril prochain, et j’ai d’autres projets comme actrice. Mais j’ai vraiment beaucoup de plaisir à être derrière la caméra.»

Réalisé par Monia Chokri, La femme de mon frère prend l’affiche le 7 juin partout au Québec.

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