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«Mon fils»: une série aussi déchirante que nécessaire

À voir absolument...
Antoine L'Écuyer et Élise Guilbault dans la série «Mon fils»
Éric Myre via Club illico
Antoine L'Écuyer et Élise Guilbault dans la série «Mon fils»

Avec Mon Fils, les auteurs Anne Boyer et Michel d’Astous (L’heure bleue, 2 frères, Nos étés) signent une nouvelle série poignante dans laquelle il est évidemment question de maladie mentale (la schizophrénie, plus précisément), mais également du regard que nous portons sur celle-ci.

Une nouvelle série par laquelle le duo désire faire oeuvre utile en nous portant à réfléchir sur nos craintes et nos appréhensions face à ce type de maladies. Mais l’ensemble est mené avec une telle rigueur, une telle empathie et un flair dramatique tout aussi impressionnant qu’on ne peut parler ici d’une simple «série à message».


Nous sommes introduits au personnage de Jacob Fortin (Antoine L’Écuyer) alors qu’il vit ses premiers épisodes psychotiques. Avec le retour de son père dans le portrait et une peine d’amour qu’il tente de noyer dans la drogue et l’alcool, sa mère Marielle (Élise Guilbault) se force à croire qu’il ne s’agit que d’une mauvaise passe pour son fils qui a l’habitude d’exceller dans tout. Tout va se résorber. Il est impossible que SON fils puisse souffrir de schizophrénie.

Le défi de la représentation à l’écran se veut toujours un défi de taille lorsqu’il est question de sujet aussi délicat. Au départ, Mon fils fait particulièrement bon usage de toute appréhension que pourrait avoir le spectateur en créant un très fort lien avec le personnage principal, lui-même incrédule face à la détérioration de son propre état mental.

Les auteurs présentent d’ailleurs une opposition percutante dans la façon dont nous avons l’habitude de réagir et de concevoir la maladie lorsqu’elle est physique et lorsqu’elle est mentale. Le tout par l’entremise du patron de Marielle (interprété par Tony Conte), dont la fille sera victime d’un accident de la route le poussant à ralentir ses activités professionnelles, mais qui se montrera beaucoup moins empathique lorsque son employée devra prendre soin de son fils.

Derrière la caméra, Mariloup Wolfe signe assurément l’une de ses plus belles réalisations en carrière. En plus du flair esthétique qu’on lui connaît, sa mise en scène se révèle des plus cohérentes dans sa façon de naviguer entre les différents points de vue par rapport au développement de la maladie (celui de Jacob, de Marielle, et de leur entourage), et dans sa façon d’en illustrer les effets.

Très chargées émotionnellement (et symboliquement), les images tournées par la réalisatrice ont surtout le mérite d’amener le spectateur à se poser les bonnes questions, et d’offrir les bonnes réponses.

Luc Senay et Antoine L'Écuyer dans la série «Mon fils»
Éric Myre via Club illico
Luc Senay et Antoine L'Écuyer dans la série «Mon fils»

La série est aussi soutenue par une distribution exceptionnelle, menée par les performances à la fois foudroyantes et bouleversantes d’Antoine L’Écuyer et d’Élise Guilbault.

L’Écuyer nous fait ressentir à la perfection l’étau se resserrant de plus en plus sur son personnage, tandis qu’il livre un combat intérieur contre sa propre personne. «Qu’est-ce qui m’arrive, maman?», lancera Jacob après avoir vu ses symptômes s’accentuer après un bref retour à la normal. Difficile de faire réplique plus poignante.

De son côté, Élise Guilbault interprète avec brio une mère qui ne sait pas trop comment s’imposer dans la vie de ses enfants qui ne rajeunissent pas, évoluant entre inquiétudes constantes et déni, elle qui, ultimement, devra accepter la réalité et «faire le deuil de son fils d’avant».

Mention spéciale également à Luc Senay qui, dans la peau du psychiatre de Jacob, incarne de par sa gestuelle et son ton apaisants toute la bienveillance avec laquelle le projet fut mené.

À voir absolument.

Les six épisodes de la série Mon fils sont disponibles dès aujourd’hui, sur Club illico.

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