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Mon divorce à l'amiable ne m’empêche pas de rencontrer des difficultés avec mon ex-femme

Cela fait 12 ans que je suis séparé de ma première femme, la mère de mes deux filles, et les choses ont été assez faciles pour moi.
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Tout d'abord, je dois reconnaître que les circonstances de mon divorce et la vie que je mène depuis ont été plutôt heureuses. Cela fait 12 ans que je suis séparé de ma première femme, la mère de mes deux filles, et les choses ont été assez faciles pour moi.

Nous avons pris l'engagement mutuel de donner la meilleure éducation possible à nos filles, même si notre relation volait en éclats. Pendant 11 ans, nous les avons élevées conjointement. Nous avons bien eu quelques désaccords (après tout, nous sommes divorcés), mais nos rapports restent fondamentalement amicaux, équitables et respectueux.

Dès les tout premiers jours, quand la cicatrice était encore fraîche, et même une fois remariés et heureux, nous étions déterminés à ce que nos filles grandissent dans la joie et l'amour. Nous avons survécu aux différentes phases de l'enfance et réussi à nous sortir des crises hormonales de la puberté, en faisant de notre mieux pour les élever ensemble, chacun de son côté. Actuellement, nous avons mis en place un dispositif particulier: les filles restent dans une maison où leur mère et moi venons vivre à tour de rôle chaque semaine.

Quand je compare notre situation à celles d'autres familles divorcées ou séparées, je vois bien que j'ai la vie facile. J'ai vu des mères, aveuglées par la vengeance et la colère, empêcher leur ex d'obtenir un droit de garde. J'ai observé des pères dont l'apathie et le désintérêt envers leurs enfants n'ont d'égal que leur égoïsme. Pire encore, j'ai constaté les effets sur les enfants d'une guerre entre les parents. Confrontés au comportement ridicule de leurs "modèles", ils doivent rester stoïques et soulager la conscience de leurs parents en faisant comme si tout allait bien.

C'est énervant, déconcertant, et triste.

Cela dit, j'ai l'impression de m'apitoyer sur mon sort quand je parle des difficultés que je rencontre en tant que père divorcé, mais ça ne m'empêchera pas de les partager ici. On a tous des problèmes; les miens sont simplement différents.

Je passe une grande partie de mon temps séparé des personnes que j'aime

Lorsque c'est mon tour de m'occuper des filles, je dois quitter ma femme et ses enfants. À l'inverse, quand je suis auprès d'eux, je ne suis généralement pas avec mes filles. J'essaie toujours de me plonger pleinement dans mon rôle du moment, mais ce n'est pas facile d'être toujours isolé d'une partie de ceux qu'on aime.

Peut-être qu'avoir vécu ainsi m'aura mieux préparé à affronter le départ des enfants? Pourtant, j'en doute. Même avant de me remettre en couple, quand je passais seul les semaines sans les filles, je mourrais d'impatience de les revoir une fois le week-end venu. Désormais, à ce manque vient s'ajouter la séparation provisoire d'avec ma femme.

Ceux qui ne comprennent pas cet arrangement ne se privent pas de critiquer

J'ai l'impression qu'on m'a toujours fait des reproches à ce sujet. Quand les filles étaient plus jeunes (la cadette avait trois ans à l'époque), certains affirmaient que les tout-petits ont davantage besoin de leur mère que de leur père. Il y a aussi ceux qui trouvent que nous sommes égoïstes de vouloir refaire notre vie aux dépens de la stabilité et du bonheur de nos enfants. Nous savons quoi répondre face à ces accusations (et bien d'autres), mais ça ne change pas grand-chose.

Comme pour toute situation inhabituelle, quelques personnes expriment leur désaccord avec véhémence. J'assume mes choix, mais, comme n'importe quel parent, j'essaie simplement de faire de mon mieux. Ces jugements gratuits sapent la confiance en soi, alors qu'on fait ce qu'on peut dans une situation donnée.

Je dois relever seul les défis qu'un couple affronterait à deux

En ce qui concerne les enfants, nos nouveaux conjoints nous soutiennent tous deux activement. Malgré tout, avec notre arrangement, mon ex et moi devons gérer seuls de nombreux problèmes. Les filles ont passé la plus grande partie de leur vie dans une maison avec leur sœur et un parent à la fois, même depuis qu'on s'est remariés. Nous avons tous deux demandé de l'aide à l'occasion, souvent à l'autre. Mais, en général, nous ne sommes que des parents isolés qui doivent se dépêtrer des caprices de deux adolescentes.

Bien sûr, c'est le cas de la plupart des parents séparés, mais ça ne s'est guère amélioré depuis que nous nous sommes remariés, chacun de son côté. Quand nous passons la semaine avec les filles, nous sommes le plus souvent livrés à nous-mêmes.

Nous dépendons énormément de la bonne volonté et de l'assentiment du nouveau conjoint

Quand j'étais encore célibataire, une bonne partie de mon profil sur un site de rencontre était consacrée à expliquer les subtilités de ma vie de père. J'y précisais que toute nouvelle partenaire devrait accepter cette part de moi, de ma vie. Mon ex a, elle aussi, toujours été très franche là-dessus. Néanmoins, le fait de le savoir d'office ne veut pas dire que le partenaire s'accommodera facilement de devoir passer 50% de son temps séparé de nous.

À partager une même maison à tour de rôle, mon ex et moi entretenons une relation plus proche qu'il n'est d'usage. Que nos partenaires s'efforcent d'accepter et de s'adapter à cet état de fait montre bien qu'ils nous soutiennent et nous comprennent.

Dans l'ensemble, je préfère les "difficultés" posées par mon mode de vie à celles que rencontrent de nombreux parents divorcés. J'ai de la chance et je suis fier d'avoir créé un système centré sur nos filles.

Cette attitude ne résiste pas toujours aux problèmes qui surviennent, notamment les lundis, le jour du changement. Je me sens souvent triste, juste après avoir embrassé ma femme une dernière fois jusqu'à la semaine suivante, avant de me diriger vers la maison des filles pour ma semaine parentale. Je suis impatient de les revoir, évidemment, mais les émotions liées à cette transition hebdomadaire sont toujours aussi vives, quel que soit le sens du mouvement.

Et je pense que ça ne changera jamais.

Ce blogue, publié à l'origine sur le HuffPost britannique et le HuffPost France, a été traduit par Maëlle Gouret pour Fast For Word.

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