Pauline Lortie, la mère de ma mère, est née en 1929. Il lui arrive parfois de suivre des cours de science politique à l'université du troisième âge. À 83 ans, elle fait partie de cette génération qui a vu naître un Québec moderne laissant place à un projet de société inspirant. De Maurice Duplessis à Jean Lesage, elle a vu le système d'éducation évoluer. Elle a été aux premières loges de la création de l'accessibilité aux études.
Parfois, il m'arrive de converser avec elle au téléphone. Elle m'étonne à tout coup par sa vivacité d'esprit. Elle se tient en vie de façon singulière en restant bien au courant de ce qui se passe ici. Depuis quelques mois, non pas sans passion, elle me raconte avec détails les derniers événements de la grève étudiante. Elle s'enflamme, s'enthousiasme, s'intéresse à cette jeunesse qui lui rappelle des souvenirs d'une époque passée où la rue était considérée comme un haut lieu d'expression.
Hier soir, au téléphone, Pauline possédait cette étincelle dans la voix. Elle m'a partagé quelques mots et j'ai eu envie de vous les transmettre. Ce sont des mots simples, des mots qui inspirent et qui donnent un tantinet espoir.
-Ma grand-mère:
Léa, c'est épouvantable.
-Moi:
Quoi grand-maman?
-Ma grand-mère:
Le gouvernement. Ça m'enrage de voir autant d'individualisme, d'effronterie. Autant d'appuis de ce gouvernement.
-Moi:
Je sais...
-Ma grand-mère:
Je crois en votre avenir, en notre avenir.
Elle prend son souffle.
-Ma grand-mère:
Line Beauchamp, elle me rend malade. Quelle...quelle effronterie.
Silence.
-Ma grand-mère:
J'aimerais être là demain... Je vous appuie.
-Moi:
J'y serai pour toi grand-maman.
Ma grand-mère est parfois hésitante, parfois elle manque un peu d'assurance. Hier soir, elle était d'une force implacable, parce qu'elle croit en nous.