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Milos Raonic: à quoi s'attendre en 2014?

Tennis Canada vient de le proclamer joueur par excellence pour l'année 2013. Depuis le mois d'octobre, ses performances indiquent pourtant qu'il semblerait en train de rentrer dans le rang. Voici un peu de lecture pour tes vacances, Milos.
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Tennis Canada vient de le proclamer joueur par excellence pour l'année 2013. Le point d'orgue de sa saison ? Sa finale à la Coupe Rogers à Montréal, où il est devenu le premier Canadien à parvenir à ce stade de la compétition depuis 1958. Avant de s'inviter dans le top 10 et de flirter avec une qualification pour la coupe des maîtres, qui lui a échappé d'un rien. Pourtant, depuis le mois d'octobre, ses performances indiquent qu'il semblerait en train de rentrer dans le rang. Voici un peu de lecture pour tes vacances, Milos.

Retour sur une saison en trompe-l'oeil

S'il avait voulu le faire, il n'aurait pas réussi. En effet, le bilan de sa saison est quasiment l'identique du précédent. 45 victoires et 21 défaites, 2 titres (San Jose, Bangkok), 2 finales (Coupe Rogers, Tokyo) alors que l'an dernier sa fiche relevait le même nombre de gains pour une défaite de moins et toujours 2 titres (Chennai et San José) et deux finales (Memphis et Tokyo). Passé de la 13e à la 11e place mondiale cette saison, des parties encourageantes, et la certitude d'avoir une statue à San José s'il continue de la sorte.

Mais jetons un coup d'œil aux levées du grand Chelem: le révélateur des champions, selon bien des observateurs.

Il n'a pas encore frappé à la porte des quarts de finale, mais il semble s'en approcher, et si Richard Gasquet n'avait pas trouvé des ressources inespérées lors de la dernière manche de leur affrontement titanesque à Flushing Meadows, ces lignes auraient été différentes. Néanmoins, si Milos se faisait un objectif cette année de bien figurer dans les quatre majeurs, aucun coup d'éclat n'a été signalé. Tombé sur plus fort que lui en Australie, mal à l'aise sur l'ocre parisien et encore plus sur le gazon d'outre-Manche, seul l'US Open peut lui laisser de véritables regrets.

Dans les autres tournois, la première partie de saison a confirmé sa bonne fin d'année 2012, mais il a connu une grosse baisse de régime les deux derniers mois de l'exercice 2013. À ses trois derniers tournois, Shanghai, Stockholm et Paris, il n'a jamais dépassé le troisième match alors que ceux-ci se jouaient sur dur, sa surface préférée. Peut-être un brin paralysé par la course au dernier strapontin pour Londres...

Plus inquiétante est sa fiche contre les membres du Top 10. S'il a opposé une belle résistance en finale à Tokyo face à Del Potro, qu'il avait déjà battu à Montréal, il n' a pas brillé face aux meilleurs avec seulement deux victoires sur Gasquet et l'Argentin au courant de la saison. L'année précédente, il avait terrassé des pointures comme Andy Murray (2 fois s'il vous plait) , ou Thomas Berdych et avait remporté 4 de ses 10 matchs contre le gratin de l'ATP, avec trois défaites contre le maître suisse, au sommet de son art à l'époque. Il ne bénéficie plus de l'effet de surprise, et doit donc se réinventer.

Ses devoirs de vacances

Biberonné aux as de «Pistol» Pete, il confesse une admiration sans bornes pour le retraité américain. Avec 883 as cette saison, et 82 % de points gagnés sur son premier service, il bénéficie d'une arme dont beaucoup rêveraient. Mais son service est désormais mieux lu qu'auparavant. Au nombre des as, il s'est vu dépassé de la tête et des épaules par un Isner au sommet de cet art, qui, en autant de parties, en a réalisé 97 de plus que lui (979 contre 883). Cette statistique, qui doit faire plaisir à l'Américain, ne doit pourtant pas masquer la plus importante: Milos est toujours devant au nombre de jeux gagnés grâce à son service. Car en plus d'une première balle foudroyante, il réussit à kicker ses deuxièmes balles avec un effet qui fait gicler la balle au-dessus de l'épaule des plus grands et les envoie dire bonjour aux bannières publicitaires. De quoi mettre au supplice les meilleurs retourneurs, dont Djokovic, qui en avait fait les frais au début de leur affrontement en Coupe Davis. Côté service, il n'y a donc en aucun cas matière à s'inquiéter. Son coup droit également continue de s'améliorer. Sans faire preuve d'une grande variété d'effets, mais en traversant la balle à merveille, il parvient sur son deuxième coup de raquette à en étouffer plus d'un.

Mais si certains grands serveurs parviennent à développer un jeu de retour intéressant, Milos, lui, baisse pavillon quand son adversaire engage: 55e au classement ATP des jeux gagnés sur le retour de service, avec également 33 % de balles de bris converties. Délicat, surtout dans un circuit où ce sont les meilleurs retourneurs qui se battent pour les premières places. Sur gazon, il avait notamment pris une leçon par le «Sliderman», Gaël Monfils, à Halle cette saison.

Il n'est pas l'heure de tirer la sonnette d'alarme. On l'a vu, son jeu de retour est à retravailler. Son revers, lui, comme tout coup plus faible chez un joueur, s'affirme comme un bon baromètre de sa confiance. Mais lorsque les feux sont au vert, il parvient à délivrer des merveilles décroisées. Il use aussi très bien du revers coupé, se reposant d'ailleurs quelquefois un peu trop sur celui-ci sans en profiter pour avancer dans le court. Pourtant, sa main sûre et ses réflexes au poil lui permettraient de marcher dignement dans les traces de Sampras et de devenir Milos l'Albatros du filet. En montant plus souvent dès l'engagement, et en n'usant pas toujours d'une fusée de coup droit lors du deuxième coup, son schéma de jeu en sera rendu moins répétitif et fera sûrement tourner plus de têtes. Tout en restant dans une filière d'échange courte qui le rend si «tough» selon Tommy Haas. Nul doute que Ricardo Piatti, qui vient de quitter Gasquet et qui est pressenti pour entrainer l'Ontarien risque de le pousser dans ce sens-là.

Milos "Babyface" killer

Ne vous laissez pas berner par ses allures d'enfant modèle et son sourire enjôleur. Si ses deux premières années en tant que pro, Milos avait avant tout fait les manchettes pour ses as à répétition, cette année, on a beaucoup parlé de son attitude. Le site We Love Tennis l'a même nominé comme «Raquette de Plomb», pour «honorer» son comportement sur le court. Rappelez-vous à Montréal, tout en écrivant une belle page de l'histoire du tennis canadien, il avait également commis un petit accroc. Il avait gagné un point qui n'aurait pas dû lui revenir, puisqu'il avait légèrement touché le filet. Oui, mais voilà, l'arbitre n'avait rien vu. Plus que l'erreur de l'officiel, c'est le manque d'élégance du Canadien qui avait irrité Juan Martin Del Potro sur le court tout d'abord (il n'a plus marqué un point après l'incident), puis sur la toile où il avait distillé son fiel via Twitter.

Les premières excuses de Milos n'avaient pas réellement convaincu: «C'est une chance pour moi, de la malchance pour lui. Cela peut vraiment aller dans un sens comme dans l'autre (...) Si vous vous étiez trouvé dans la même situation, (...) auriez-vous rendu le point?». Il s'excusera sans équivoque à Cincinnati au sujet de cet épisode: «Je suis déçu de moi même et j'ai beaucoup appris de cela.» Faute avouée à moitié pardonnée, laissons-lui une demi-chance. Pourtant, le 30 octobre, il choisit d'aggraver son cas. Alors qu'il dispose de trois balles de match sur son service, il crucifie Robin Haase en servant à la cuillère. Un as et une petite humiliation en prime pour le Hollandais.

Alors, petit coup bien senti ou absence de fairplay ? On penchera pour la première solution, en observant le sourire facétieux du garnement qui vient de jouer un bon tour, au moment de venir saluer son adversaire au filet. Un geste tout de même qui témoigne d'un sacré caractère et qui correspond finalement bien à la personnalité du bonhomme, qui déclarait en 2011 à l'ATP: «J'adore le caractère individuel de mon sport. J'aime le fait de ne pas être dépendant. Je sais que quand il faut gagner ou perdre, ça ne concerne que moi». Une autre manière de dire: «Vous pourrez bien jaser de mon coup de génie plus tard, en attendant, j'ai gagné».

Alors, à l'heure de pronostiquer une progression pour la saison à venir, il faut compter avec ce caractère pour l'imaginer monter plus haut. Si on le voit mal titiller le Top 5, globalement plus complet dans chaque secteur du jeu sauf le service, il peut facilement aller chercher un Richard Gasquet (bien que tapi cinq mètres derrière sa ligne) ou un David Ferrer, qui devrait bien cesser de cavaler un jour. Une seule condition néanmoins, que sa première balle réponde présente dans les grands événements. Rendez-vous à l'open d'Australie, terrain de ses premières fulgurances en 2011, pour savoir si Milos a bien révisé cet hiver.

Sources: ATP

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