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Le Botox avant 30 ans: des milléniaux témoignent sans filtre

Découvrez leurs motivations et leurs limites.

Notre série «Milléniaux: la piqûre de la perfection» dresse le portrait en trois volets d’une génération qui désire de plus en plus s’offrir un filtre à vie en passant par les traitements médico-esthétiques.

Montage HuffPost Québec

Certains les comparent à une simple visite chez le coiffeur, d’autres y ont recours seulement de façon exceptionnelle. Le HuffPost Québec a échangé avec plusieurs milléniaux ayant eu des interventions esthétiques. Quatre d’entre eux se sont livrés à nous sans filtre.

Alexandra Cosentino - 31 ans

Influenceuse, professeure de yoga et ex-participante d’Occupation Double

► Ses interventions

  • 4 PRP ou Vampire Lift (dès 28 ans)
  • Injections de Botox dans le front (29 ans)

► Ses motivations

Même si elle a participé à l’émission de téléréalité Occupation Double, la jeune entrepreneuse affirme que ce n’est pas la télévision qui l’a motivée à faire des corrections esthétiques.

C’est plutôt lorsqu’elle a vu des signes de l’âge apparaître prématurément sur son visage qu’elle est passée à l’acte. «J’ai commencé à avoir, et c’est de famille, des cernes mauves. Ça creusait en-dessous des yeux. […] Et je ne peux pas être contre le Botox ou les injections, parce que c’est quelque chose qui me fait me sentir bien au même titre que je pratique le yoga pour me sentir bien dans mon corps, que je fais de la méditation pour me sentir bien dans mon petit coco. J’aime ça me sentir bien dans mon visage».

Elle raconte aussi avoir été d’autant plus motivé lorsqu’un professionnel lui a expliqué qu’il était possible de prévenir les effets du temps. «Un jeune qui commence entre 25 et 30 ans, clairement sa ridule ne deviendra jamais une ride. […] Moi, quand tu me dis ça, à quel point j’ai le goût d’avoir une ride enfoncée dans le visage quand je vais avoir 40 ans?»

Elle note également que les procédures sont plus accessibles que jamais pour les jeunes, «même en termes de coût, si on compare à dix ans auparavant».

► Ses limites

Pour Alexandra, il est important de bien doser les interventions. «C’est comme un médicament, si le docteur te prescrit deux comprimés tous les jours, eh bien, tu n’en prendras pas quatre, parce qu’il y va y avoir de drôles de résultats qui vont survenir à cause de ça.»

Elle reconnaît que pour certains, les traitements deviennent comme une «drogue». Selon elle, il faut éviter de faire des traitements tous les mois et plus généralement les excès de toutes sortes. Que ce soit alimentaire ou esthétique.

► Le futur de son apparence

Pas question pour Alexandra d’arrêter de faire des traitements de PRP et des injections de Botox lorsqu’elle en ressent le besoin.

«Ça m’étonnerait que j’arrête. Je suis tellement passée de la fille qui ne se lavait pas les cheveux à tranquillement prendre soin de ma féminité que je crois que je ne laisserai jamais la fleur se refermer. Je veux que la fleur continue de s’ouvrir, de s’embellir avec le temps. Je vais continuer de la nourrir afin de toujours montrer la meilleure version de moi-même à tous les niveaux, clairement.»

Elle affirme même vouloir démocratiser les procédures non-invasives auprès des jeunes et se dit ouverte à répondre à toutes les questions que ses abonnés lui poseront à ce sujet.

Joanie Belle-Isle - 23 ans

Esthéticienne

► Ses interventions

  • Injections de comblement dans les lèvres (19 ans)
  • Injections de Botox dans le front (22 ans)

► Ses motivations

Joanie a grandi auprès d’une mère esthéticienne lui partageant depuis sa jeunesse les dernières innovations en matière de beauté.

Après avoir reçu quelques commentaires négatifs sur ses lèvres au secondaire, elle a décidé de remédier à son complexe en optant pour des injections de comblement à 19 ans, dont elle avait entendu les bienfaits auprès de ses proches. «Je me suis dit : “Pourquoi pas? C’est une simple chose pour me faire sentir mieux.“ Ça ne fait pas mal. Le résultat est beau», confie-t-elle.

Elle raconte aussi avoir abusé des cabines de bronzage dans sa jeunesse, faisant plisser son front prématurément. Les injections de Botox lui semblaient alors la meilleure solution pour remédier à la situation.

«Plus tu commences jeune, plus tu restes beau plus longtemps», croit-elle.

► Ses limites

«Je pourrais en mettre plus [des agents de comblements] dans mes lèvres, mais il faut faire attention, c’est très très addictif. Ça devient quasiment une maladie, témoigne-t-elle. On oublie un peu de quoi on avait l’air au début. On en veut plus. On est perfectionniste. Donc, aussitôt qu’on améliore quelque chose, on remarque autre chose.»

► Le futur de son apparence

Même si des gens lui suggèrent d’arrêter ou d’en faire moins, Joanie compte continuer de faire des injections de comblement dans les lèvres et de Botox dans le front.

Guillaume Thivierge - 28 ans

Représentant pharmaceutique

► Ses interventions

  • Rhinoplastie (16 ans) - à la suite d’un accident de cheerleading, il a dû subir une chirurgie du nez et en a profité pour atténuer une bosse qu’il avait auparavant en plein centre.
  • Correction de la mâchoire (22 ans) - Dans le cadre d’un traitement d’orthodontie, il a dû recevoir une greffe d’os dans la mâchoire. Le chirurgien lui a offert d’en profiter pour parfaire la structure. Il a accepté «pour que ça soit esthétiquement sur la coche».
  • Injections de Botox dans le front, le contour des yeux et entre les sourcils (dès 25 ans, à tous les 6 mois)

► Ses motivations

Guillaume a une histoire un peu particulière. Lorsqu’il était jeune, il raconte qu’il était petit et en surpoids. À cause d’une mononucléose sévère l’empêchant de se nourrir adéquatement pendant trois mois, il a littéralement fondu. «Les gens ne me reconnaissaient pas à l’école. J’ai été béni des dieux», dit-il en se comparant à l’héroïne de la série comique de Netflix Insatiable, qui perd aussi drastiquement du poids à la suite d’un incident à la mâchoire. Ça a réveillé en lui un souci de son apparence.

Il a ensuite entrepris une carrière de cosméticien, lui permettant de se familiariser davantage avec le milieu esthétique.

Vers la mi-vingtaine, lorsqu’il a vu apparaître ses premières rides - formées à cause de ses séances de bronzage répétées en cabine - il a commencé le Botox. «Une de de mes bonnes amies avait fait le Botox de personnes que je connaissais, et je trouvais que le résultat était super beau, donc ça m’a convaincu, dit-il. Je cherchais un look lisse, pas de rides. […] Je voulais qu’il n’y ait rien qui bouge.»

«Quand aussi tu vois des super belles réussites sur les réseaux sociaux ou dans les magazines, ça encourage à faire ses recherches.»

«Ce n’est pas un besoin, mais j’aime ça le faire faire. C’est comme aller chez coiffeur, tu n’es pas obligé d’y aller tous les mois, mais quand tu sors de là, tu te sens bien, tu te sens beau, c’est pour toi que tu le fais.»

► Ses limites

Le jeune professionnel affirme qu’il ne veut pas ressembler à une célébrité quelconque. «Moi, à la base, si tu es quelqu’un à part entière et que tu essaies d’avoir l’air de quelqu’un d’autre, je trouve ça un peu triste. Parce que ça devient obsessif. Après tu peux multiplier les chirurgies sans être satisfait puisque tu ne seras jamais cette personne-là.»

«Tout se joue en fonction de la personnalité, et entre les deux oreilles. Faut se poser la question : “pourquoi est-ce que je fais ça? Qu’est-ce que je vais en retirer?“ Si c’est vraiment pour des buts personnels, et pour atténuer certains signes du vieillissement, selon moi c’est une bonne raison. Mais si tu le fais tout le temps pour être parfait, là ça peut devenir lourd psychologiquement. Moindrement que la première ridule va apparaître, le problème va revenir.»

Il n’a cependant rien contre les modifications apparentes et se désole que ses amis ayant eu beaucoup de traitements soient victimes de préjugés.

► Le futur de son apparence

Guillaume ne compte jamais arrêter de faire des injections de Botox. Il a cependant cessé le bronzage et préfère maintenant le spray tan, qu’il fait chez lui avec son copain.

«Je fais vraiment confiance à la science, alors s’il y a d’autres procédures intéressantes qui sont inventées, je pourrais les faire. Est-ce que je vais faire un facelift? On verra en temps et lieu. Peut-être que la technologie va évoluer. Je ne le ferai pas si je n’en ai pas de besoin, mais je vais continuer d’être à l’affût des nouvelles technologies et des nouvelles tendances», affirme-t-il.

Il pense peut-être faire du micro sculpting pour améliorer la tonicité de la peau.

Karine St-Michel - 24 ans

Influenceuse, animatrice et ex-participante d’Occupation Double

► Ses interventions

  • Injections de comblement sous les yeux (22 ans)

► Ses motivations

Karine, qui a commencé sa carrière dans le mannequinat, dit avoir toujours eu une conscience accrue de son apparence. Et cette attention particulière qu’elle porte à son look a décuplé lorsqu’elle est sortie de l’aventure Occupation Double. Le «spotlight» était sur elle, raconte-t-elle, et comme tous les autres candidats, elle avait reçu beaucoup de commentaires négatifs sur son apparence.

L’opportunité de recevoir des agents de comblement s’est présentée à elle à 22 ans. Elle a dit oui, et ne regrette pas.

«J’ai un complexe dans ma face, c’est que j’ai vraiment de gros cernes. Quand je ne suis pas maquillée, on me dit tout le temps: “Ah, t’as tellement l’air fatiguée”. Je suis comme: “Non, j’ai vraiment dormi. Ça fait une semaine que je dors full. C’est juste que j’ai les yeux creusés.”»

«C’est synonyme de succès, je pense. Et je veux le succès. Le fait de ne pas être fatiguée, d’être en contrôle. Le fait d’être parfait, d’avoir une belle peau, c’est comme montrer au monde qu’on a du succès, qu’on réussit.»

Elle avoue également être influencée par les standards de beauté actuels, et la pression énorme pour la perfection qu’inflige la société. «J’ai impression que [les interventions esthétiques], c’est devenu une mode avec les vedettes qui en parlent ouvertement, sur Instagram et tout.»

► Ses limites

La jeune femme ambitieuse avoue être découragée de voir les excès de retouches esthétiques dans le visage de ses jeunes amies.Selon elle, lorsque les résultats des interventions ne sont pas naturels, c’est carrément «laid».

«J’ai arrêté de dire à mes amis que ce n’était pas correct. Je me suis mis des amis à dos. J’ai une amie qui s’en est fait mettre tellement que je trouve qu’elle a dépassé la limite. C’était vraiment contre mes valeurs. Je la trouvais magnifique avant», raconte-t-elle.

► Le futur de son apparence

Karine entrevoit faire d’autres injections de comblement pour atténuer l’apparence de ses cernes et possiblement un traitement de PRP. Elle pense aussi faire du Botox dans la trentaine et éventuellement faire remonter ses seins après avoir eu des enfants.

Si un ami, ou surtout sa mère, lui disait qu’un traitement aiderait à sa carrière ou au nombre de «J’aime» accumulés sur Instagram, elle avoue qu’elle y songerait encore plus sérieusement.

Elle reconnaît cependant que si elle n’avait pas les moyens financiers, elle serait capable de s’en passer.

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