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Michaëlle Jean: la course se corse à la Francophonie

À la tête de la Francophonie, Michaelle Jean a posé des actes forts et mené des réformes courageuses.
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Le mandat actuel de Michaëlle Jean à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie se termine le 31 décembre 2018.
Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Le mandat actuel de Michaëlle Jean à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie se termine le 31 décembre 2018.

À l'approche de la fin de son actuel mandat, le 31 décembre 2018, Michaëlle Jean met la dernière main, avec ses équipes, au rapport d'activités qui sera soumis aux chefs d'État et de gouvernement membres de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), lors du Sommet de la Francophonie, les 11 et 12 octobre prochains à Erevan, en Arménie.

Cet exercice, qui est une obligation institutionnelle à laquelle se soumet le secrétaire général de la Francophonie à la veille du sommet, dresse un panorama synthétique des principales actions mises en œuvre et des progrès liés aux activités menées pour atteindre les objectifs généraux de l'organisation.

Au moment où ce rapport sera rendu public, ceux qui l'ont portée à la tête de l'OIF à Dakar en novembre 2014 pourront alors mesurer l'ampleur du travail accompli par l'actuelle secrétaire générale, en dépit de toutes attaques récurrentes, souvent injustes et malveillantes dont elle a fait l'objet durant toute sa mandature.

Nous avons le privilège d'accéder de première main à l'ébauche préliminaire d'un document concis, mais combien édifiant, qui dresse les grandes lignes des actions menées par l'actuelle secrétaire générale durant les quatre années passées à la tête de l'OIF. C'est un document qui mérite d'être lu et connu par le plus grand nombre de francophones avant de spéculer sur le bien-fondé ou non du renouvellement de son mandat.

Défis relevés

En accédant au poste de secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean ne pouvait pas se contenter de s'inscrire dans la continuité des actions de ses illustres prédécesseurs. Elle se devait de rester également fidèle à ses engagements et d'avoir les ambitions de son temps. Son projet pour la Francophonie la contraignait donc à l'action.

Durant les presque quatre années passées à la tête de la Francophonie, elle aura posé des actes forts et surtout mené des réformes courageuses et ambitieuses visant à assainir les finances de l'organisation qui, comme on peut l'imaginer, ne seraient pas sans conséquence. En effet, la Francophonie, sous son magistère, devait, comme elle l'affirme elle-même «être présente là où on ne l'attendait pas».

C'est, en réalité, la nature troublée de ce monde qui a éclairé son action diplomatique. Et son bilan des quatre années la projette immédiatement vers l'avenir, si les chefs d'État et de gouvernement membres de l'OIF lui renouvelaient leur confiance pour un second mandat. Car la Francophonie est et doit être une continuité. Ainsi, demain, il faudra continuer de porter, comme elle le fait déjà, la voix de la Francophonie partout où l'exigent les enjeux, partout où se prennent les décisions qui vont impacter l'espace francophone et au-delà.

Michaëlle Jean aura positionné, de manière significative l'OIF dans l'espace multilatéral et renforcé les liens de coopération et de partenariat, à la fois, avec l'Organisation des Nations unies et les autres organisations internationales, régionales et sous-régionales. Depuis 2015, l'OIF a signé une quinzaine d'accords de partenariat stratégique avec des grandes institutions et organismes tels que la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou encore le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (UNHCR), pour faire avancer les priorités de l'organisation qu'elle dirige.

L'actuelle secrétaire générale aura visité plus d'une quarantaine de pays membres de l'OIF et rencontré, en tête-à-tête, 75 des 84 chefs d'État et de gouvernement membres. Elle aura été présente, partout où cela a été possible, dans les enceintes où les principaux décideurs de la planète se réunissaient et discutaient de l'avenir de l'humanité, de la paix et de la sécurité mondiale, tant au Conseil de sécurité que dans d'autres instances internationales importantes. Et, à chaque fois, elle a tenu à organiser des concertations ministérielles pour des prises de position communes et des déclarations communes des États membres de l'OIF sur les enjeux qui les concernent.

Gouvernance démocratique

Au registre des actions politiques, Michaëlle Jean a, d'une voix forte, appelé au respect des engagements contenus dans la Déclaration de Bamako et exhorté les États à respecter les droits de la personne, les principes démocratiques et l'État de droit. Son approche a consisté essentiellement au soutien et à l'accompagnement des États membres dans le processus démocratique, pour consolider et approfondir les valeurs démocratiques prônées par l'Organisation.

Près d'une soixantaine de missions électorales, d'assistance technique, d'évaluation, d'audit, d'appui à la consolidation des fichiers électoraux et d'observation des élections, ont été dépêchées dans plusieurs pays, à la demande de ceux-ci, en vue des élections libres, transparentes et apaisées.

De plus, Michaëlle Jean a mobilisé des envoyés spéciaux de haut niveau et des chefs de mission, au service de la diplomatie préventive notamment dans des pays en proie aux guerres civiles internes et crises politiques pouvant conduire aux conflits armés, pour encourager la mise en place d'espaces de dialogue inclusif et de compromis.

Au regard de ce qui précède, nul esprit objectif et sincère ne peut nier l'évidence que Michaëlle Jean a été à la hauteur des enjeux et des ambitions de la Francophonie de l'avenir. Elle a donné une envergure à la diplomatie francophone, renforcé la coopération avec les pays membres, assuré une présence francophone effective et influente au sein des instances multilatérales.

C'est à la lumière de ces faits et d'eux seuls, qu'il conviendrait d'analyser et de commenter, voire même de comparer, le projet de Michaëlle Jean avec ceux d'autres candidat(e)s, s'ils en ont de plus intéressants pour l'organisation. Sans quoi, toute tentative de vouloir abruptement mettre fin au mandat de l'actuelle secrétaire générale ressemblerait, non seulement à un acharnement contre une femme qui a consacré toute son énergie au service de la notoriété de la Francophonie, mais surtout à une volonté délibérée d'anéantir les efforts déployés par l'organisation en vue de promouvoir la langue française et consolider les valeurs démocratiques dans l'espace francophone.

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