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Michael Sabia, premier ministre du Québec

La Caisse exige, le gouvernement obéit. Notre gouvernement s'est mis lui-même dans une cage à homard dont il n'arrive plus à sortir.
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À entendre les plus récentes déclarations de nos gouvernements, d'abord provincial puis fédéral, on est presque en droit de se demander qui, maintenant, dirige nos institutions.

En effet, c'est au début de la semaine que le gouvernement fédéral déclarait qui voulait «tout faire» pour respecter le calendrier serré demandé par le gouvernement du Québec. Calendrier serré, rappelons-nous, demandé ni plus ni moins par la Caisse de dépôt et placements du Québec.

La semaine d'avant, le ministre des Transports du Québec, M. Laurent Lessard, déclarait qu'il «y a des réductions de délais partout afin de transférer les infrastructures à la Caisse». Quand on parle d'abandonner son autorité et de se soumettre à une autre entité, on en a ici une démonstration parfaite.

Ainsi, le gouvernement du Québec s'est subordonné à La CDPQ en 2015, lorsqu'il a signé son «entente historique» pour permettre au fonds d'investissement de mettre un pied dans les infrastructures de transport québécoises. En résumé, le gouvernement du Québec transmet ses «souhaits» à la CDPQ, et la Caisse voit ensuite dans quoi elle daigne investir. Alors, le gouvernement a demandé un train vers l'ouest de l'île. Il lui fut présenté le projet du Réseau Électrique Métropolitain (REM). Le gouvernement provincial a simplement accepté le projet qui lui était proposé.

Pour répondre aux «exigences» de la Caisse, le gouvernement s'est mis à plat ventre. On a concédé un BAPE écourté de moitié, en l'absence de projet final et en l'absence de cadre financier. Les citoyens ont à peine été en mesure de s'exprimer.

La Caisse, elle, ne veut pas investir un sou de plus. A-t-on besoin de dire que le gouvernement du Québec a obéi?

Heureusement, des villes comme Laval, Longueuil ou même Kirkland, puis les experts qui sont exprimés depuis ont rappelé au gouvernement sa tâche principale: celle de gouverner. On s'est donc mis en mode «rafistolage» pour tenter de rendre le projet plus acceptable. Par exemple, on a ajouté des trains il y a quelques semaines à peine à cause d'un problème évident de capacité. Chaque fois, la facture s'alourdit, bien sûr pour les contribuables. La Caisse, elle, ne veut pas investir un sou de plus. A-t-on besoin de dire que le gouvernement du Québec a obéi?

Nous avons de la chance d'avoir des municipalités fortes qui ont mis leur pied à terre pour ne pas se faire plumer leurs revenus fonciers par la Caisse. À Québec, on a trouvé l'astuce: pelleter la facture chez les usagers du transport collectif. Ce seront ceux et celles qui sont les plus vulnérables d'entre nous qui paieront la facture. À peine créée, l'ARTM se retrouve avec une dette d'un demi-milliard de dollars. Ce n'est pas demain que l'ARTM aura les moyens d'investir pour améliorer le transport collectif dans la région métropolitaine.

En tout, depuis son annonce, la contribution du gouvernement du Québec est passée presque du simple au double. Il accepte toujours tous les caprices de la Caisse avec enthousiasme.

Donc, qui gouverne aujourd'hui, au Québec? Est-ce réellement notre gouvernement provincial actuel, élu au suffrage universel? Malheureusement, depuis les derniers mois, on a plutôt l'impression que c'est M. Sabia lui-même qui dirige. La Caisse exige, le gouvernement obéit. Notre gouvernement s'est mis lui-même dans une cage à homard dont il n'arrive plus à sortir. Je vous laisse deviner qui, ici, est le pêcheur.

Avec la collaboration de Marie-Chantal Vincent, M. Sc., M.Env., M. IMEDD et Michael Fish, architecte.

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